Aucun pays ne sera épargné par le changement climatique, mais ce sont les pays les plus pauvres qui en subiront le plus lourdement les conséquences. Pendant la décennie écoulée, ils ont subi huit fois plus de catastrophes naturelles que dans les années 80, et essuyé des dommages économiques multipliés par trois.
« J’ai vu les maisons s’effondrer et mes voisins tenter de sauver tout ce qu’ils pouvaient », se souvient João Fernandes, un habitant de Sao Tomé dont le village, Santa Catarina, a été inondé par de fortes pluies. « Ma maison s’était déjà affaissée d’un côté, nous étions envahis par l'eau, toutes nos affaires flottaient. Ma femme était dans les derniers jours de sa deuxième grossesse et pouvait à peine bouger. J’ai juste prié pour que la maison ne s’effondre pas et que le temps s’améliore. »
Pour des communautés comme celle de João, la crise climatique est une urgence. Bien qu’elles contribuent le moins aux dérèglements du climat, elles sont confrontées à des transformations qui affectent leurs vies et leurs moyens de subsistance, à une raréfaction des ressources naturelles qui pèse sur les rendements agricoles et les prix des denrées alimentaires, et à des phénomènes météorologiques extrêmes toujours plus dangereux et dévastateurs. Les avancées accomplies ces dernières décennies sur le front du développement sont en péril dans un grand nombre de communautés à travers le monde. Si rien n’est fait, d’ici 2030, le changement climatique entraînera dans l’extrême pauvreté plus de 130 millions de personnes vivant dans les pays les plus vulnérables.
C’est pourquoi, pour le fonds de la Banque mondiale dédié aux 75 pays les plus pauvres du monde, agir pour le climat, c’est agir pour le développement. De fait, la lutte contre le changement climatique occupe depuis 2011 une place croissante dans les activités de l’Association internationale de développement (IDA). La Banque mondiale est la première source de financements climatiques dans le monde, et les dons et prêts concessionnels de l’IDA ont joué un rôle déterminant dans tous les grands domaines de l’action climatique — qu’il s’agisse d’aider les pays à adopter des stratégies d’adaptation face aux conséquences des dérèglements du climat, de renforcer leur résilience en cas de catastrophe naturelle, ou d'exploiter les atouts de la transition écologique et le potentiel d’un avenir plus vert.
Adaptation et résilience : préparer les populations au changement climatique
Les mesures d'adaptation doivent permettre de parer et se préparer aux risques climatiques actuels et futurs, selon une approche de long terme et systématique. Face à l’évolution des conditions météorologiques et à l’intensification de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, l’IDA aide les pays à intégrer l'enjeu de la résilience dans leurs programmes de développement. Les investissements qui préservent ou réhabilitent les zones côtières peuvent notamment constituer des mesures de protection importantes contre l’élévation du niveau de la mer et les tempêtes de grande ampleur. Dans un pays comme le Bangladesh (a) ou une région comme l’Afrique de l’Ouest, qui possèdent des milliers de kilomètres de littoral abritant des millions d’habitants, l’IDA promeut une action coordonnée entre secteurs et, dans certains cas, entre États, qui permette de garantir la sécurité des populations dans les zones côtières, d’assurer des moyens de subsistance aux générations futures et de lutter contre l’érosion, l’intrusion d’eau salée et les inondations.
« Nous faisions partie des familles les plus touchées par les inondations et les coulées de boue. Alors, nous nous sommes portés volontaires pour déménager », raconte João Fernandes, dont la maison a été l’une des premières habitations construites dans des zones à moindres risques dans le cadre du programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA), financé par l’IDA. « Je suis rassuré de savoir ma famille plus en sécurité. »