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ARTICLE01 juin 2023

Au Ghana, la gestion durable des exploitations de cacaoyers génère des crédits carbone

The World Bank

Un producteur de cacao au Ghana.

Photo : Rodney Quarcoo/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Grâce à l'adoption de pratiques adaptées, les producteurs de cacao ghanéens améliorent leurs rendements et atténuent le changement climatique tout en réduisant la déforestation.
  • Le pays a obtenu 4,8 millions de dollars pour avoir diminué de près d'un million de tonnes de ses émissions de carbone causées par la déforestation et la dégradation des forêts, et devrait recevoir jusqu'à 45 millions de dollars d'ici fin 2024.
  • Le Ghana fait partie des pays qui génèrent des crédits carbone de haute qualité et intégrité qui leur permettent de réaliser leurs objectifs climatiques et d’accéder aux marchés internationaux du carbone.

Il y a trois ans, la ferme de cacao d'Adwoa Akyaa, d'une superficie de six hectares, n'avait « rien d'extraordinaire », dit-elle, et c’était sans doute vrai. Bien que le Ghana soit le deuxième producteur mondial de cacao, les rendements moyens des exploitations individuelles restent faibles. Aujourd'hui cependant, Adwoa fait partie des 140 000 agriculteurs ghanéens qui adoptent des pratiques innovantes, revitalisent leurs terres et augmentent leurs stocks de cacao. Non seulement ils produisent davantage, mais ils réduisent également les émissions de gaz à effet de serre et génèrent des crédits carbone qui rapportent des dividendes.

« Ça a été une grande aventure », confie Adwoa, dont la ferme est située dans la région d’Ashanti, au sud du pays. Selon elle, le programme ghanéen de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts et d'amélioration des stocks de carbone (REDD+) a largement contribué à l’essor de son exploitation. « On nous a appris à faire pousser des arbres d’ombrage, et mes cacaoyers ne se sont jamais aussi bien portés ! Les agriculteurs ont intérêt à planter des arbres d’ombrage, car ils nourrissent le sol et améliorent beaucoup les rendements. »

 

Le boom du cacao « climato-intelligent »

Le programme gouvernemental, connu sous l'acronyme GCFRP, permet aux agriculteurs de développer leurs plantations de cacao. Ils apprennent à planter des arbres d'ombrage pour limiter la chaleur au sol et augmenter la production, ainsi qu'à les tailler efficacement et à appliquer d'autres techniques agricoles durables. Le programme couvre six millions d'hectares de la Forêt guinéenne de l’Ouest africain (a). Dans cette région, l'extension des surfaces agricoles, l'abattage illégal et d'autres pressions ont contribué à la perte d'arbres et de biodiversité et, en fin de compte, au réchauffement de la planète.

Depuis 2019, la productivité moyenne des exploitations de cacao dans la zone du programme est passée de 400 à 600 kilos par hectare. Une production de fèves plus rentable et durable fait l’affaire des agriculteurs, mais pas seulement, car c'est aussi une bonne nouvelle pour les acheteurs du secteur privé qui se sont engagés en faveur de chaînes d'approvisionnement « zéro déforestation ». La demande croissante de cacao d'origine durable peut élargir les processus de certification qui permettent d'obtenir des prix encore plus intéressants et des moyens de subsistance plus sûrs pour les cultivateurs de cacao respectueux du climat.

Depuis 2019, la productivité moyenne des exploitations de cacao dans la zone du programme est passée de 400 à 600 kilos par hectare.

 

« Les techniques climato-intelligentes qui améliorent la productivité et la rentabilité de la culture du cacao rendent également nos paysages forestiers plus sains et mieux à même de capturer et de séquestrer les émissions de gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique, explique John Allotey, directeur général de la Commission des forêts. La réussite du Ghana dans ce domaine montre au monde entier comment décarboner une chaîne d'approvisionnement internationale, directement depuis le terrain, pour obtenir de multiples avantages. »

Pour Nana Baffour Adjei, le Krontihene (chef) des localités d’Assin-Jakai et Assin-Praso, « les grands bénéfices de ce programme, ce sont l'amélioration des rendements de cacao, la préservation de notre forêt, les projets de moyens de subsistance alternatifs qui ont contribué à diversifier les sources de revenus, et le regain d'intérêt pour la culture durable du cacao ».

 

Formation, technologie et intégrité pour mesurer les progrès

S'il est facile d'évaluer les progrès d'après la quantité de fèves de cacao produites, mesurer la baisse des émissions de carbone imputable à l'agriculture durable est un processus beaucoup plus complexe. Le gouvernement ghanéen a eu recours à l'assistance technique et à la formation assurées par le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions dues à la déforestation (FCPF). Ce dispositif de la Banque mondiale a aidé les pouvoirs publics à renforcer leurs systèmes de mesure, de déclaration et de vérification (a) des réductions d'émissions. Une fois vérifiées, ces dernières peuvent être converties en crédits carbone utilisables par le Ghana pour atteindre ses engagements nationaux au titre de l’accord de Paris.

S'il est facile d'évaluer les progrès d'après la quantité de fèves de cacao produites, mesurer la baisse des émissions de carbone imputable à l'agriculture durable est un processus beaucoup plus complexe.

 

Grâce à un personnel bien formé et à des méthodes fiables, le Ghana utilise une combinaison de technologies de télédétection et d'échantillonnage au sol pour surveiller la dynamique du carbone forestier. Il s'agit notamment de collecter des images satellites de haute précision, d'utiliser des outils tels que Collect Earth et de prendre l'avis d'experts très qualifiés et formés à l'interprétation des données afin de recenser les évolutions de la couverture forestière. Par ailleurs, 168 parcelles du couvert forestier national situées à l'intérieur de la zone du programme permettent de surveiller et d'estimer les facteurs d'émission.

« Les technologies numériques nous aident à améliorer la précision et l'efficacité, mais nous faisons aussi appel aux communautés locales pour soutenir les opérations de mesure, déclaration et vérification de la réduction et de l'élimination d'émissions. Leur parfaite connaissance du terrain nous aide à mieux connaître l’évolution de l'utilisation des terres et à cartographier avec précision l'étendue des forêts ghanéennes et les changements d'affectation des sols », explique Roselyn Fosuah Adjei, directrice du changement climatique à la Commission des forêts.

Le Ghana collabore également avec le programme PROGREEN (a) de la Banque mondiale pour intégrer 210 000 hectares de forêts de cacaoyers dans des zones de gestion des ressources communautaires (CREMA), une approche qui permet aux populations locales de conduire le changement et de bâtir un avenir respectueux de la nature et résilient. Ce soutien est spécifiquement destiné aux agriculteurs — 2 855 d'entre eux ont déjà adopté des pratiques plus durables à ce jour — et relève de la stratégie de gestion durable des paysages promue par la Banque mondiale, qui intègre les investissements dans des solutions fondées sur la nature, sur terre et en mer.

 

Les crédits carbone REDD+ procurent des revenus

La mobilisation collective porte ses fruits. En janvier 2023, le Ghana est devenu le deuxième pays d'Afrique, après le Mozambique (a), à recevoir des paiements du FCPF pour la réduction des émissions dans le cadre de REDD+. Le FCPF a versé au Ghana 4,8 millions de dollars pour la diminution d'environ 972 000 tonnes d'émissions de carbone au cours de la première période de suivi (a) (juin à décembre 2019) de l'accord (a). Celui-ci précise que le FCPF versera jusqu'à 50 millions de dollars pour 10 millions de tonnes d'émissions de carbone réduites par le Ghana jusqu'en 2024.

La majeure partie de ces paiements (69 %) ira à des groupes d'agriculteurs et à des communautés locales comme celle d'Adwoa, qui obtiennent des résultats. Ces communautés ont créé des cacaoyères ombragées et sont, de ce fait, à l'origine de l'arrêt de l'expansion des exploitations de cacao et de cultures vivrières dans les réserves forestières. Elles ont également contribué à réduire l'exploitation forestière et minière illégale ainsi que les incendies de forêt.

Le FCPF a versé au Ghana 4,8 millions de dollars pour la diminution d'environ 972 000 tonnes d'émissions de carbone au cours de la première période de suivi de l’accord (juin à décembre 2019).

 

Un plan de partage des bénéfices (a) garantit que les agriculteurs et les autres parties prenantes sont équitablement reconnus et récompensés pour leur rôle capital dans la baisse des émissions. En outre, un autre programme soutenu par le nouveau fonds fiduciaire EnABLE (a) de la Banque mondiale favorise l'inclusion sociale des groupes marginalisés et défavorisés, tels que les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

Aujourd'hui, le Ghana donne la preuve de sa capacité à générer et échanger des crédits carbone REDD+ qui ne sont pas circonscrits à des projets, mais coordonnés à l’échelle de tout un territoire. Si le pays continue à ce rythme, jusqu'à 10 millions de réductions d'émissions supplémentaires pourraient être disponibles à la vente sur les marchés du carbone. Le programme du FCPF aide ainsi le Ghana à renforcer sa crédibilité et son expérience en matière de transactions sur les marchés du carbone et à accéder à d'autres sources de financement climatique.

« Le processus REDD+ rigoureux du Ghana indique aux marchés du carbone que le pays produit des crédits carbone de haute intégrité et qualité, souligne Andres Espejo, gestionnaire de fonds du FCPF.

Lorsque le Ghana et les pays dotés de programmes similaires commenceront à monétiser les réductions d'émissions par le biais des marchés du carbone, ces multiples sources de revenus et de financements profiteront aux communautés agricoles qui sont à l'avant-garde des mesures de conservation des forêts ».

 

 

La Commission forestière du Ghana travaille avec le FCPF, le Programme d'investissement forestier au Ghana (GFIP), le Fonds pour l'environnement mondial (GEF), PROGREEN, REDD+ et la Banque mondiale pour soutenir un développement respectueux du climat et de la forêt dans le pays. La Banque mondiale s'appuie sur cette expérience pour activer son nouveau fonds fiduciaire SCALE pour la réduction des émissions et l'action climatique (a), afin de mettre en place des paiements basés sur les résultats en faveur d'une décarbonation juste et inclusive dans un large éventail de secteurs.

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