Le soleil réchauffe le sable doré tandis que les vagues de l'océan Atlantique viennent se briser sur le rivage. Les enfants poussent des cris de joie tandis qu'ils nagent et jouent sur la plage. Et les commerces prospèrent le long du front de mer grâce aux centaines de touristes qui y affluent chaque jour.
Pourtant cela n'a pas toujours été le cas pour la ville côtière de Saly, au Sénégal. Située à environ deux heures de route au sud de Dakar, la capitale, Saly avait vu sa popularité en tant que destination touristique de choix souffrir de la sévère érosion de ses plages, causée par le changement climatique. Cette détérioration, combinée à la menace d'Ebola il y a quelques années ainsi qu'à la peur du terrorisme avait entraîné cette station balnéaire autrefois grouillante d'activité au bord de la crise. Plusieurs hôtels ayant dû fermer tandis que d'autres avaient du mal à attirer les clients. « Je voyais la plage disparaître petit à petit chaque année. Quand les travaux de restauration ont débuté, il ne restait plus de plage du tout, » se rappelle Norbert Telisson, directeur de l'hôtel Neptune, situé en bord de mer.
Avec le soutien de la Banque mondiale, le gouvernement sénégalais entend redynamiser le tourisme comme l'un des secteurs prioritaires pour entraîner la croissance économique et contribuer à la création d'emplois, en particulier pour les jeunes, les femmes, et les travailleurs les moins qualifiés. Le programme de développement du tourisme et des entreprises (PDTE) est l'une des initiatives mises en œuvre au Sénégal. Ce projet d'une durée de 5 ans, assorti d'un budget de 74 millions de dollars est financé par l'Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale dédié au pays les plus pauvres. Le tourisme représente l'un des secteurs les plus prometteurs pour la croissance à venir et la création d'emploi au Sénégal, comme le souligne la nouvelle stratégie de développement national, le plan Sénégal émergent (PSE). L'inversion de l'érosion des plages de Saly représentait une intervention essentielle à la revitalisation du secteur touristique.
De l'érosion à la restauration
Le projet a aidé à rétablir 325 000 m2 de plages, soit plus de 12 fois la cible initiale de restauration, fixée à 25 000 m² de plage, le long de la côte de Saly. Cet effort de restauration des plages et de protection du littoral comprenait la construction de 19 épis et brise-lames pour stabiliser une étendue de 7 km de plage contre l'érosion, ainsi qu'un rechargement de sable par dragage, afin de rétablir les surfaces de plages déjà perdues.
Le projet a également bénéficié aux communautés de pêcheurs des environs de Saly. Les travaux de protection et de restauration des plages ont été étendus pour y inclure deux villages de pêcheurs, permettant à leurs habitants de mettre leurs bateaux à quai dans leur village au lieu de se rendre dans la ville voisine de Mbour, à plus de 5 kilomètres de là. Le projet a également permis de construire des structures pour le séchage et la vente du poisson, un travail largement assumé par les femmes, ainsi que des installations de rangement du matériel et des entrepôts frigorifiques pour le poisson frais. Dans les deux villages concernés, des arbres ont été plantés le long de la plage et un système d'éclairage solaire installé. Un système de gestion des déchets sur les plages restaurées a également été mis en place, 10 hectares de mangrove ont été plantés à Joal-Fadiouth, et 200 récifs sous-marins ont été installés pour prévenir l'érosion causée par l'enlèvement du sable offshore.
Les travaux de protection et de restauration des plages illustrent parfaitement le rôle des infrastructures résilientes au climat dans le tourisme côtier et marin. Il s'agissait de la première initiative de protection côtière intégrée en Afrique de l'Ouest, conçue pour supporter des événements climatiques extrêmes, sans nécessiter d'importants frais d'entretien des infrastructures au cours des 20 à 30 prochaines années. Le succès du projet s'annonce déjà comme un modèle pour d'autres zones côtières confrontées à des défis similaires, au Sénégal et au-delà. Un projet reprenant la même conception a ainsi été développé en Gambie, où le projet de diversification et de résilience du tourisme, en cours de mise en œuvre, vise à redynamiser le secteur touristique dans un pays fortement dépendant du tourisme balnéaire mais extrêmement vulnérable à la montée du niveau des océans.