Maimouna se tient fièrement à l'entrée de sa petite boutique remplie de tissus colorés. La jeune femme est heureuse du tour qu'ont pris les choses dans sa vie : « Le projet de filets sociaux m'a rendu ma dignité. Nous avons dû fuir le conflit, et nous arrivions tout juste à survivre. J'ai été sélectionnée pour faire partie des bénéficiaires du projet SSNP en 2015. Avec l'argent que j'ai reçu, j'ai d'abord pu envoyer mes enfants à nouveau à l'école et, par la suite, m'établir à mon compte avec une petite entreprise de vente de tissus et d'alimentation. »
Une personne sur quatre au Cameroun vit sous le seuil national de pauvreté. Malgré la récente croissance économique, la pauvreté et les inégalités restent élevées au Cameroun, affectant particulièrement les habitants des zones rurales où la moitié de la population est pauvre.
Le projet de Filet Sociaux de Sécurité (SSNP) a été lancé en 2013 pour fournir des transferts monétaires et des emplois dans les travaux publics aux ménages les plus pauvres. Auparavant, les programmes de filets sociaux existant dans le pays ne permettaient pas de s'attaquer à la pauvreté chronique ou transitoire. Le pays disposait de plusieurs programmes de filets sociaux à petite échelle ou ponctuels, allant de programmes d'alimentation scolaire, ou d'exonération de frais, à des transferts de fonds pour les personnes dans le besoin, en passant par des aides alimentaires temporaires en cas d'urgence.
Avec le projet SSNP, la Banque mondiale a appuyé le gouvernement pour mettre en place des systèmes de filets sociaux de base et atteindre près d'un tiers des pauvres par le biais d'interventions vitales. Ce projet de financement comprenait trois interventions : (a) des transferts monétaires réguliers, assortis de mesures d'accompagnement ; (b) des transferts de fonds d'urgence ; et (c) des travaux publics à haute intensité de main d'œuvre.
Le projet a tout de suite enregistré de nombreux impacts positifs : les bénéficiaires étaient plus à même de répondre à leurs besoins de consommation de base ainsi qu'à la couverture de leurs frais de santé et d'éducation, comme Maimouna et sa famille. Ils ont également pu faire des investissements productifs dans l'agriculture et/ou dans des micro-entreprises, ils ont aussi été plus à même d'envoyer leurs enfants à l'école, et ont obtenu des documents d'état civil.
L'échelle du SSNP a par la suite été élargie pour offrir un soutien d'urgence aux réfugiés fuyant le conflit en République centrafricaine voisine. Tout comme Maimouna, plus de 19 143 ménages réfugiés ont bénéficié de l'appui du projet lorsqu'ils en avaient le plus besoin.
La capacité unique du projet à toucher les ménages en a fait une option privilégiée de réponse aux crises. Lors de la pandémie de COVID-19, le gouvernement a tiré parti des systèmes de SSNP pour offrir un appui au 80 000 ménages urbains qui subissaient des répercussions économiques négatives.
Ernest Elema, l'un des bénéficiaires qui vit à Douala, a frôlé la faillite lorsque la pandémie est survenue. « Les transferts monétaires d'urgence dont j'ai bénéficié m'ont aidé à développer mon activité de cordonnier ; j'ai pu également lancer un nouveau commerce de vente de charbon et ouvrir un point d'appel téléphonique. »