À sept ans seulement de l’échéance de 2030, l’élimination de la faim dans le monde semble plus que jamais hors de portée. Ce constat appelle à une action urgente, renforcée et bien coordonnée.
Dans un monde en proie aux conflits, aux chocs économiques et à des phénomènes météorologiques extrêmes exacerbés par le changement climatique, les efforts déployés pour vaincre l’insécurité alimentaire ne sont toujours pas à la hauteur des besoins. Le nombre de personnes souffrant de la faim est en hausse depuis 2015, et cette tendance s'est fortement accélérée en 2020 à la suite de la pandémie et de la guerre. Elle ne devrait pas s'améliorer à court terme, ce qui compromet toujours plus la réalisation du deuxième des Objectifs de développement durable (ODD) : éradiquer la faim dans le monde à l’horizon 2030.
Alors que la fréquence et l’intensité croissantes des inondations, des sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes provoquent des tensions sur l’offre mondiale de blé et d’autres denrées de base, la situation s'est encore aggravée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En outre, les États aux prises avec une insécurité alimentaire aiguë ont d’autant moins les moyens d’y faire face efficacement qu’ils sont confrontés à une explosion de leur dette publique, conjuguée à des dépréciations monétaires sur de nombreux marchés, à un resserrement des conditions financières, à une forte inflation alimentaire et au renchérissement des engrais
À sept ans seulement de l’échéance de 2030, le monde doit de toute urgence redoubler d'efforts pour parvenir à atteindre l’ODD 2 et éliminer la faim. Face à une crise alimentaire et nutritionnelle de grande ampleur, il faut une réponse coordonnée. Nous ne pouvons pas accepter de voir réduites à néant les avancées accomplies ces dernières années sur le front du développement. Au rythme actuel, près de 670 millions de personnes, soit 8 % de la population mondiale, seront encore sous-alimentées à la fin de la décennie. Ce chiffre est identique à celui de l’année 2015, quand ont été lancés les ODD.
Le bon soutien, au bon endroit, au bon moment
Le Groupe de la Banque mondiale s’emploie à apporter le bon soutien, au bon endroit et au bon moment afin de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, aujourd’hui et à long terme. Son action repose sur une approche multisectorielle ciblée et renforcée.
Entre avril 2022 et fin mars 2023, les nouveaux engagements du Groupe de la Banque mondiale en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle se sont élevés à près de 16 milliards de dollars, répartis à peu près également entre interventions à court terme (8,8 milliards de dollars) et renforcement de la résilience à long terme (7,2 milliards de dollars). Ces financements ont concerné 86 pays, dont environ 60 % en Afrique, et la quasi-totalité des « foyers de faim » dans le monde. Au cours des prochaines années, ce sont plus de 296 millions de personnes qui devraient en bénéficier. Environ 50 % d’entre elles vivent dans des pays en situation de fragilité, de conflit et de violence, et la moitié sont des femmes.
La mise en place de programmes de protection sociale flexibles et modulables tient une place importante dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Depuis avril 2022, la Banque a ainsi mobilisé environ 2,3 milliards de dollars dans le cadre de 42 opérations. Quelque 42 millions de personnes devraient bénéficier de cet appui aux filets sociaux, dont près de la moitié vivent en Afrique. Qui plus est, ces interventions peuvent en même temps permettre de promouvoir la capacité d’agir et l’autonomisation économique des femmes en s'efforçant de cibler les ménages dirigés par une femme.
Les efforts déployés par la Banque mondiale pour répondre aux besoins à court terme s'accompagnent d’investissements visant à améliorer la résilience du système alimentaire, à la fois victime et cause du changement climatique. Les dérèglements du climat fragilisent la stabilité des systèmes alimentaires en ralentissant la croissance de la productivité agricole mondiale et en intensifiant les phénomènes météorologiques extrêmes. Pour tenter d’y remédier, la Banque mondiale a notamment approuvé un financement de 385 millions de dollars en faveur d’un programme pour la gestion des eaux souterraines et la résilience dans la Corne de l’Afrique ; elle a également fourni 432,5 millions de dollars afin d’atténuer les risques de sécheresse à Djibouti, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. Un autre axe de son action consiste à aider les pays à répondre plus efficacement aux futures situations d’urgence en se dotant d’un plan de préparation national aux crises de sécurité alimentaire ; cette initiative est actuellement déployée dans 26 pays.
La production de connaissances occupe une place centrale dans les efforts de la Banque mondiale contre l'insécurité alimentaire. Ses équipes, dans l’ensemble de l’institution, réalisent des travaux d’analyse sur lesquels étayer des interventions efficaces à court terme et une action plus solide en faveur d’une plus grande résilience à long terme. La Banque fournit aussi des services de conseil et d’analyse sur les politiques commerciales agricoles et leur rôle dans le maintien de la sécurité alimentaire, dans le but d’aider les pays à transformer leurs systèmes alimentaires et à regagner du terrain sur la voie de l’ODD 2.
Enfin, la Banque agit en étroite coordination avec ses partenaires. Elle assure le secrétariat de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (a) et retrouvera ses partenaires au mois de juillet, lors du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (a). Cet évènement rassemblera les pays et leurs partenaires de développement afin de faire le point sur les progrès accomplis dans la réalisation des ODD et renouveler leur engagement à renforcer la résilience des systèmes alimentaires.
La lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle s’accompagne d’immenses difficultés, car elle implique souvent d’agir dans des environnements en proie à des fragilités macroéconomiques, une gouvernance défaillante et des conflits. À cela s’ajoutent l’instabilité économique, un cadre peu propice à l’entreprise privée, les distorsions créées par les politiques agricoles et les tensions persistantes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Dans le même temps, la crise alimentaire peut être une source d'opportunités et l’occasion de résoudre des problèmes structurels et de renforcer la résilience.
Forte de ses connaissances, de ses financements et de ses partenariats à l’échelle mondiale, régionale et nationale, la Banque occupe une place privilégiée pour mobiliser les soutiens qui permettront de se rapprocher de l’ODD 2 et d’atteindre l’objectif « faim zéro » en 2030.