Boubacar Issoufou Alzouma dirige une grande exploitation agricole à Finaré, au Niger. « D'ici jusqu'à Niamey la terre est couverte de végétation, alors qu'auparavant elle n'était pas cultivée, » explique-t-il. C'est l'irrigation solaire qui a permis de faire la différence. Alzouma a acquis plusieurs pompes à énergie solaire avec l'appui du projet d'Accès aux services électriques solaires au Niger (NESAP), financé par la Banque mondiale. Les pompes et conseils techniques qu'il a reçus lui ont permis d'irriguer de vastes étendues de terre, de diversifier ses cultures et d'augmenter ses rendements. De quoi changer la donne au Niger, où l'insécurité alimentaire est un problème majeur.
Le Niger est un grand pays enclavé, au climat majoritairement aride. Il est touché par des conflits de moyenne intensité, comme quatre de ses voisins d'Afrique de l'Ouest : le Burkina Faso, la Libye, le Nigéria et le Tchad. Plus de 80 % des 25 millions d'habitants du pays n'ont pas accès à l'électricité, ce qui représente la plus forte proportion en Afrique subsaharienne. En outre, la demande énergétique augmente alors que la croissance démographique dépasse les efforts d'électrification.
L'agriculture représente près de 40 % du PIB du Niger et emploie 81 % de sa population. Bien que les produits agricoles constituent le deuxième poste d'exportation du pays, le Niger fait face à une insécurité alimentaire considérable en raison des sécheresses, de la violence, des inondations, et de la faible résilience face au changement climatique. L'électrification de la production agricole apparaît comme une solution évidente. Les pompes à irrigation solaires et d'autres équipements ont démontré leur potentiel de transformation en augmentant les rendements des récoltes et la production.
« Auparavant, je n'irriguais qu'une petite parcelle à l'aide d'une pompe à eau au diesel, » explique Alzouma. « Avec l'irrigation solaire, nous faisons maintenant pousser des arbres fruitiers, des oignons, des tomates, et du moringa. Nous cultivons même du riz ! »
En voyant les hauts rendements obtenus par Alzouma, ses voisins à Finaré ont suivi son exemple.
Idé Sanda est agriculteur à Winditane près de Balleyara, à environ 100 km au nord-est de Niamey. Il a acheté des pompes solaires en 2018 par l'intermédiaire du programme NESAP. Auparavant, il utilisait des pompes à moteur diesel pour irriguer, mais « la production était faible par rapport à l'investissement. » La facilité d'utilisation et la fiabilité des pompes solaires l'ont encouragé à étendre son exploitation de 2 à 3 hectares. Il peut à présent exploiter plusieurs rotations de cultures.
Bénéficiant d'un financement de 50 millions de dollars de l'AssociBénéficiant d'un financement de 50 millions de dollars de l'Association internationale de développement (IDA), le projet NESAP permet d'étendre l'accès au crédit aux compagnies privées qui vendent des équipements productifs tels que les pompes solaires. Quatre compagnies vendant des pompes solaires et représentant la moitié de toutes les ventes de pompes au Niger ont ainsi fait appel à cette ligne de crédit, fournissant 800 pompes solaires aux exploitations nigériennes depuis 2017.
Le projet NESAP a prêté plus de 1,5 million de dollars aux différents acteurs de la filière solaire : importateurs, grossistes, détaillants, installateurs et fournisseurs d'électricité.
Au départ, le projet a développé une campagne de sensibilisation des consommateurs comprenant des spots publicitaires et des expositions itinérantes afin d'impliquer les consommateurs, les partenaires potentiels, ainsi que les institutions financières. Les modèles commerciaux ont été adaptés afin d'attirer l'investissement privé.