Washington, 20 janvier 2023 - Comme dans l'histoire d'Ama, la réussite des petites filles d'Afrique de l'Ouest et du centre commence à l'école primaire, avec de bons professeurs et dans des conditions favorables, qui les aident à se concentrer sur leur apprentissage. Elle dépend aussi de la formation des enseignants et des ressources dont ils disposent, d'une évaluation régulière des acquis, de la qualité des routes facilitant le transport scolaire tout comme de la mise à disposition d'eau potable et de toilettes dans les établissements ainsi que de cantines scolaires.
Alors que le monde entier célèbre la Journée internationale de l'éducation, il est plus que jamais nécessaire d'investir dans la jeunesse et de faire de l'éducation une priorité. Voici sept leçons essentielles tirées des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale, soulignées dans la stratégie régionale de la Banque mondiale pour l'éducation. Son objectif : permettre aux filles et aux garçons d'arriver à l'école dans de bonnes dispositions pour apprendre et y acquérir de véritables connaissances, afin qu'ils puissent entrer sur le marché du travail équipés des compétences nécessaires et devenir des citoyens actifs et épanouis.
1 – Reconnaître les acquis préalables
Le taux net de scolarisation primaire en Afrique de l'Ouest et centrale est presque universel, étant passé de 50 % dans les années 1990 à près de 90 % aujourd'hui. Dans le secondaire, les effectifs ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, pour atteindre une moyenne de 55 %.
Alors que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la crise de l'éducation dans la région, privant des millions d'enfants d'école ou d'accès à l'enseignement à distance, il est important de reconnaître les efforts importants réalisés en faveur de l'éducation des jeunes Africaines et Africains au cours des dernières décennies, ainsi que ce qu'il reste à mettre en œuvre pour faire progresser encore la réforme des systèmes éducatifs.
« Le progrès réalisé dans le cycle primaire est fulgurant avec un niveau proche de l’accès universel. Toutefois, nous ne devrions pas perdre de vue que ce succès est relatif, car il est plus quantitatif que qualitatif. Ce qui signifie qu’il reste un long chemin à parcourir, » rappelle Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du centre.
2 – Transformer l'éducation : remédier à la pauvreté des apprentissages
Malgré les progrès réalisés, 8 enfants sur 10 en Afrique de l'Ouest et centrale ne savent ni lire, ni comprendre un texte simple à l'âge de 10 ans, et plus de 32 millions d'enfants restent privés d'école, soit la plus importante proportion au monde. Les lacunes accumulées durant l'enfance se retrouvent à l'âge adulte, où la pauvreté des apprentissages se traduit par un fort taux de décrochage scolaire, un progrès social limité, et une main-d'œuvre peu qualifiée. Les gouvernements doivent intervenir s'ils veulent transformer l'éducation et mettre fin à la pauvreté des apprentissages.
3 – Privilégier un leadership tourné vers l'impact : les pays peuvent tirer parti de leurs propres expériences
Pour s'attaquer à la crise de l'apprentissage, il est nécessaire de faire preuve d'un leadership solide, d'améliorer la mise en œuvre des politiques d'éducation et d'investir davantage dans les interventions à fort impact, notamment par le biais d'approches concertées impliquant non seulement le gouvernement mais aussi la société dans son ensemble. Les responsables politiques peuvent s'inspirer d'interventions qui ont déjà fait leur preuve ailleurs pour les étendre et les adapter aux contextes et spécificités de leur pays.
Au Tchad, par exemple, un système de paiement mobile pour rémunérer les enseignants dans certaines communautés a permis d'améliorer le taux de présence et la motivation des enseignants. En Mauritanie, la mise en place de comités de gestion scolaire a permis d'accroître l'implication des parents dans le fonctionnement des écoles. Le Mali a vu son taux d'inscription dans le secondaire multiplié par 2,5 depuis 2000 grâce à l'adoption d'un modèle de partenariat public-privé dynamique. Pendant la pandémie de COVID-19, la Sierra Leone a proposé des cours gratuits à la radio, à la télévision, par téléphone et en ligne. Au Sénégal, le Projet d'amélioration de la qualité et de l'équité dans l'éducation de base a aidé les écoles coraniques, ou daaras, à fournir des compétences fondamentales à leurs élèves. En outre, le projet de Centres d'excellence dans l'enseignement supérieur en Afrique permet de former des étudiants de troisième cycle et de développer les capacités de recherche ainsi que la collaboration régionale dans les domaines des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, ou STIM, pour répondre à l'important déficit de compétences.
Ces quelques exemples montrent que les pays ont la capacité d'agir et de transformer cette crise de l'apprentissage en une occasion de mieux préparer l'avenir.
4 – Au Sahel, l'éducation est un vecteur de paix et d'inclusion socioéconomique