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ARTICLE05 janvier 2023

Agir face à une crise alimentaire mondiale

The World Bank

À l’échelle mondiale, plus de 200 millions de personnes sont en situation de famine et d’urgence humanitaire (Photo de grains de café).

 

Adobe Stock

Le monde traverse une crise alimentaire majeure : plus de 200 millions de personnes sont en situation de famine et d’urgence humanitaire. Et s’il est crucial de leur apporter une aide immédiate, il faut, en même temps, s’attaquer aux causes profondes de la faim et de l’insécurité alimentaire afin de renforcer la résilience aux chocs futurs.

Les projections pour 2023 font état d’une montée de l’insécurité alimentaire aiguë qui dépassera les niveaux records déjà enregistrés lors de la crise de 2007-2008. Plusieurs facteurs se conjuguent aujourd’hui pour entraîner une hausse de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle : à l’aggravation de la pauvreté et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement dues à la pandémie de COVID-19 sont venues s'ajouter la guerre en Ukraine, la flambée de l’inflation et l'augmentation des prix des produits de base. Il s’agit d’une crise multiforme qui touche l’accès à la nourriture et les disponibilités alimentaires et qui aura des conséquences durables sur la santé et la productivité. La Banque mondiale a intensifié ses efforts pour accroître la sécurité alimentaire, réduire les risques et renforcer les systèmes agricoles à court et à long terme. Les gouvernements et les partenaires multilatéraux doivent agir de toute urgence pour éviter une crise alimentaire grave et prolongée.

Une baisse de l'accessibilité et de la disponibilité des aliments sur fond de risques croissants

Dans la plupart des pays, les produits alimentaires ont connu une envolée des prix en 2022 qui met en péril l’accès à la nourriture, en particulier pour les ménages pauvres qui consacrent une grande partie de leurs revenus à l'alimentation et sont donc particulièrement vulnérables aux hausses des prix des denrées. Cette hausse de l’inflation alimentaire intérieure s’est inscrite dans le sillage d’une forte flambée des cours mondiaux des produits de base agricoles, exacerbée par la guerre en Ukraine. En octobre 2022, les prix mondiaux moyens du blé, du maïs et du riz affichaient une hausse de 18, 27 et 10 % respectivement par rapport à ceux d’octobre 2021.  

On assiste en même temps à une diminution de l’offre alimentaire. En 2022, pour la première fois depuis dix ans, la production céréalière mondiale a diminué par rapport à l'année précédente. De plus en plus de pays doivent puiser dans leurs stocks et réserves pour combler les besoins, ce qui aggravera les choses si la crise actuelle se prolonge. En outre, la hausse des prix de l’énergie et des engrais — des intrants essentiels pour la production alimentaire — compromet la prochaine saison agricole, en particulier dans les pays et les régions qui sont des importateurs nets d’engrais comme l’Afrique de l’Est.

Ces phénomènes ont déjà une incidence sur la santé. Parce que les ménages sont moins en mesure de se procurer un apport nutritionnel suffisant, de plus en plus d'enfants souffrent de retards de croissance et d’émaciation, tandis que les problèmes d’anémie progressent chez les femmes enceintes. Une étude internationale réalisée récemment par la Banque mondiale a montré que 42 % des ménages interrogés n’avaient pas eu accès à une alimentation saine ou nutritive au cours des 30 jours précédant l'enquête.  Ces effets sur la santé ont des conséquences de longue durée sur la capacité des individus à acquérir des apprentissages et à travailler, et in fine à sortir de la pauvreté.

La situation de la sécurité alimentaire mondiale est d’autant plus complexe qu’il ne faut pas se focaliser uniquement sur la crise immédiate. L’alourdissement du fardeau des dettes publiques, les dépréciations monétaires, la hausse de l’inflation, la montée des taux d’intérêt et le spectre grandissant d’une récession mondiale risquent d’aggraver les problèmes d’accès à la nourriture et de pénurie alimentaire, en particulier pour les pays importateurs. À tout cela s’ajoute le changement climatique, auquel le secteur agricole et alimentaire est particulièrement vulnérable, mais dont il est aussi un contributeur important, puisqu’il est à l’origine d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Or le rythme de croissance de la productivité agricole est insuffisant pour compenser les effets des dérèglements du climat, ce qui conduit à une multiplication des chocs alimentaires. Comme dans la Corne de l’Afrique, où des sécheresses à répétition sans précédent ont exacerbé l’insécurité alimentaire, précipitant la Somalie au bord de la famine.

Gérer la crise et préparer l’avenir

Face à la menace d’une crise toujours plus grave, la Banque mondiale s’est mobilisée autour de quatre axes d’action : i) soutenir la production et les producteurs ; ii) faciliter une hausse du commerce des denrées et des intrants ; iii) soutenir les ménages vulnérables et iv) investir dans une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable. L’institution a déployé un montant de plus de 26 milliards de dollars pour financer des interventions visant à renforcer la sécurité alimentaire à court et à long terme dans 69 pays, dont des projets en cours dans 22 des 24 pays classés comme des « foyers de famine » par la FAO et le PAM, où les besoins sont les plus urgents. Depuis avril 2022, la Banque mondiale a décaissé 8,1 milliards de dollars, répartis à peu près également entre riposte à la crise et renforcement de la résilience à long terme. Au Cameroun, par exemple, le projet d’urgence contre la crise alimentaire va apporter à 98 490 bénéficiaires une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence avec l’appui du PAM. Soutenir les ménages vulnérables est indispensable, mais il faut aussi agir en amont. À cet égard, les gouvernements des pays exportateurs de produits alimentaires doivent prendre leur part pour améliorer la sécurité alimentaire mondiale en s’abstenant de recourir à des interdictions d’exportation ou d’accumuler des stocks de nourriture. À plus long terme, les États pourront véritablement changer la donne en réorientant leurs politiques et dépenses publiques agricoles et en soutenant un système alimentaire plus résilient et durable qui profite directement à la santé, aux économies et à la planète.

Toutes ces interventions et l’ensemble des financements récemment débloqués soulignent l’ampleur de la crise. Ils seront d’autant plus à même de l’atténuer grâce à des partenariats qui, à l’instar de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (GAFS), garantissent une action rapide, coordonnée et soutenue. C’est maintenant qu’il faut agir.

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