La population des villes d'Afrique est celle qui s'accroît le plus vite au monde, avec un taux d'augmentation d'environ 3,5 % par an. Si l'urbanisation stimule souvent la croissance économique et crée des débouchés, l'afflux constant de nouveaux citadins impose aussi d'énormes contraintes à ces agglomérations et à leurs réseaux de transports.
Le tableau est pour l'essentiel semblable sur tout le continent : les déplacements quotidiens se multiplient, et avec eux les voitures et les embouteillages, car l'offre en autres moyens de transport collectifs reste insuffisante. La congestion du trafic automobile est plus qu'une simple source de contrariété. En effet, l'augmentation du nombre de véhicules et des embouteillages amoindrit la compétitivité des économies africaines, nuit à la santé et au bien-être des habitants et entrave la lutte contre le changement climatique.
Pour y remédier, un nombre croissant d'agglomérations africaines adopte un mode de transport innovant, le Bus Rapid Transit (BRT) ou bus à haut niveau de service. Si des différences existent entre les systèmes, la plupart des BRT ont pour point commun de circuler sur des voies réservées. Échappant ainsi aux embouteillages, ils assurent des dessertes plus rapides et plus fiables. Les bus ne s'arrêtent qu'à des stations prédéfinies, où les passagers se munissent au préalable d'un titre de transport, ce qui fluidifie et donc accélère les opérations. Les services, fréquents, sont assurés par des véhicules de grande capacité, souvent articulés, voire bi-articulés, de manière à accueillir de nombreux passagers facilement et sans perte de temps.
Essor du BRT en Afrique
Grâce à ces caractéristiques, les réseaux de BRT offrent des capacités et des performances proches de celles d'autres moyens de transport public à technologie avancée, comme le métro ou le tramway. Où est la différence ? De construction bien moins coûteuse et plus rapide, le BRT est une solution intéressante pour les villes désireuses de se doter d'un système de haute qualité, malgré des ressources limitées en temps et en finances.
Il existe déjà des réseaux BRT à Dar es-Salaam et à Lagos, ainsi que dans les villes sud-africaines du Cap, de George, de Johannesburg et de Pretoria. Dix autres sont à l'état de projet ou en cours de construction ailleurs en Afrique. La Banque mondiale apporte son soutien financier ou technique à huit de ces projets, à Abidjan, Dakar, Dar es-Salaam (phases 3 et 4), Douala, Kampala, Kumasi, Maputo et Ouagadougou.
« Nous plaçons les transports publics au centre de notre action », souligne Nicolas Peltier-Thiberge, directeur du pôle transports à la Banque mondiale. « Cette stratégie reflète les attentes de nos clients, qui aspirent à une mobilité efficace, verte et inclusive. Le BRT fait partie intégrante de cette transition. C'est l'un des domaines les plus dynamiques dans notre portefeuille de projets, en particulier en Afrique. »
Parmi les villes qui se dotent à vive allure d'un réseau BRT figure une métropole en plein mouvement : Dakar, la capitale politique et économique du Sénégal. Les équipes des chantiers travaillent d'arrache-pied pour achever le couloir de 18,3 km qui desservira 23 stations, dont la mise en service est prévue pour juin 2023.
Aux prises depuis des décennies avec une congestion automobile chronique et avec des transports en commun insuffisants, Dakar ne pouvait être indifférente aux attraits du BRT. « Les pouvoirs publics ont étudié diverses solutions pour améliorer les transports dans la ville », explique Franck Taillandier, spécialiste principal des transports urbains, qui supervise l'équipe de la Banque mondiale chargée du projet. « Leur choix s'est finalement porté sur le BRT, option la plus efficace et la moins onéreuse. Pour un coût de construction réduit, le corridor assurera le transport quotidien de 300 000 passagers à bord d'une flotte de haute qualité. D'une grande capacité, le BRT sera très bien intégré dans le réseau de transports publics existant. »