Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), les technologies de l’information et des communications (TIC) constituent un secteur en plein boom et créateur d’emplois. Pourtant, en Iraq comme en Jordanie et au Liban, les femmes sont souvent exclues des emplois et des ressources liés aux TIC. La situation dans laquelle se trouve Rania n’a rien d’unique : en Jordanie, 35 % des ingénieurs diplômés sont des femmes, mais celles-ci représentent moins de 15 % des effectifs du secteur. En Iraq (a), les disparités entre les sexes pour l’accès à internet sont estimées à 28 % et, au Liban (a), l’écart dans les taux de possession d’un téléphone portable est de 17 %, dans les deux cas au détriment des femmes.
La technologie n’est pas neutre du point de vue du genre : les femmes se heurtent à des obstacles supplémentaires (structurels, culturels et économiques) qui les empêchent de participer à l’économie numérique sur un pied d’égalité avec les hommes. Il faut lever ces barrières pour exploiter tout le potentiel que recèle le développement numérique en faveur d’une prospérité accrue et partagée. Afin de s’attaquer aux « sexospécificités » du développement numérique, cerner et mieux lutter contre les obstacles que rencontrent les femmes, la Banque mondiale propose une démarche qui repose sur cinq piliers (a) : les infrastructures, les plateformes, les services financiers, l’entrepreneuriat, les compétences – autant d’éléments qui s’appliquent à la région Machreq.
C’est dans ce contexte que le Mécanisme pour l’égalité des sexes au Machreq (MGF) (a), un dispositif du Groupe de la Banque mondiale, a récemment organisé un séminaire en quatre sessions à l’intention de quelque 200 décideurs publics, entrepreneurs, incubateurs d’entreprise, dirigeants de multinationales et experts du secteur. L’objectif : discuter de la manière dont on pourrait mettre en place une économie numérique qui favorise la capacité d’action et la participation des femmes en Iraq, en Jordanie et au Liban. Le graphique en fin de page résume les résultats de ces échanges. On peut en tirer cinq leçons générales qui montrent que la transformation numérique peut grandement contribuer à une meilleure égalité pour les femmes dans l’entrepreneuriat et le monde du travail si un certain nombre de conditions sont remplies, notamment : un environnement propice soutenu par les pouvoirs publics, une demande de compétences et de talents dans le secteur privé, et la présence d’accélérateurs et d’investisseurs capables d’apporter un soutien et des stratégies d’investissement soucieux du genre.