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ARTICLE14 septembre 2022

De vendeuse de boules de mil à multi-entrepreneure

The World Bank

Mina nourrissant ses animaux.

Mouslim Sidi Mohamed @ Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Au Niger, le Projet d'emploi et d'inclusion productive des jeunes financé par la Banque mondiale vise à donner à 41 000 jeunes des zones rurales et urbaines les moyens d'entreprendre des activités rémunératrices.
  • Le programme destiné aux jeunes ruraux comporte des campagnes de sensibilisation, la création de groupes d'épargne, des formations pour l’acquisition de compétences nécessaires à la vie courante et entrepreneuriales, des aides financières pour lancer des activités productives, ainsi que des dispositifs d'accompagnement et de mentorat.
  • La mesure de l'impact de ce projet est encore en cours, mais l'évaluation récente d'un programme similaire soutenant les femmes pauvres au Niger en a démontré la très grande efficacité.

Mina Abdou parle de ses enfants avec émotion : « Tous les sacrifices que je fais, c'est pour leur bien-être et leur avenir. Mon mari et moi, nous n'avons pas eu la chance d'aller à l'école. Je voudrais que mes enfants fassent des études et qu'ils puissent aider notre communauté. C'est mon vœu le plus cher. »

Mina a 25 ans. Elle vit à Guidan Rana, un village situé à environ 430 kilomètres de la capitale du Niger, dans la région de Tahoua. Mère de trois enfants, elle est très impliquée dans leur éducation. Comme toute la population locale, sa famille vit de l'agriculture et de l'élevage.

Les difficultés d’accès à la santé, à l'éducation et à la nourriture ont toujours été le lot quotidien des habitants de Guidan Rana. Mais, ces dernières années, la situation a empiré après des récoltes désastreuses dues à des conditions météorologiques aléatoires. Ces adversités ont lourdement entravé le développement du village et poussé un grand de nombre de jeunes à émigrer vers le Nigéria, la Côte d'Ivoire et la Libye.

Mina, elle, a pris les choses en main, non seulement pour aider son mari qui peine à joindre les deux bouts, mais aussi pour assurer le meilleur avenir possible à ses enfants. « Mon époux est un homme très courageux. Il a toujours fait ce qu'il a pu pour subvenir aux besoins de la famille, mais c'était quasiment impossible. Je n’avais même pas 20 ans quand j’ai lancé un petit commerce pour rapporter de l'argent à la maison », explique Mina.

La jeune femme a commencé par confectionner et vendre des boules de mil, un en-cas populaire chez les Nigériens qui l'appellent foura en haoussa, sa langue maternelle et la plus parlée dans le pays. Progressivement, elle a développé d'autres activités, notamment le maraîchage et l'engraissement de chèvres. « J'avais plusieurs petites activités, mais les résultats n'étaient pas réguliers parce que je n'étais pas bien organisée », dit-elle. 

Depuis la mise en œuvre à Guidan Rana du projet pour l'emploi des jeunes et l'inclusion productive (a), financé par la Banque mondiale, les ambitions de Mina ont pris une autre dimension.

Mon époux est un homme très courageux. Il a toujours fait ce qu'il a pu pour subvenir aux besoins de la famille, mais c'était quasiment impossible. Je n’avais même pas 20 ans quand j’ai lancé un petit commerce pour rapporter de l'argent à la maison.
Mina
The World Bank

Balkissa devant sa machine à coudre.

Mouslim Sidi Mohamed @ Banque mondiale

Lancé en 2019, ce projet vise à soutenir le développement d’activités rémunératrices pour les jeunes défavorisés dans les zones rurales et urbaines du Niger. Il se décompose en deux programmes d'inclusion productive, l'un en faveur de 36 000 jeunes en milieu rural, l'autre pour 5 000 jeunes des zones urbaines et périurbaines.

Le programme destiné aux jeunes ruraux comprend des campagnes de sensibilisation, la création de groupes d'épargne, des formations pour l’acquisition de compétences nécessaires à la vie courante et entrepreneuriales, l'octroi d’aides financières pour lancer des activités productives, ainsi que des dispositifs d'accompagnement et de mentorat. Plus de 24 000 jeunes des régions rurales en ont déjà bénéficié.

La mesure de l'impact de ce projet est encore en cours, mais l'évaluation récente d'un programme similaire soutenant les femmes pauvres au Niger en a démontré la très grande efficacité. Il a eu un effet significatif sur les activités et la diversification économiques, le bien-être psychologique, la sécurité alimentaire, l'inclusion sociale et financière, ainsi que sur l'autonomisation des femmes.

The World Bank

Réunion des membres d'un groupe d'épargne à Guidan Rana, Niger.

Mouslim Sidi Mohamed @ Banque mondiale

À Guidan Rana, un groupe d'hommes et un groupe de femmes composés de 35 jeunes chacun, ont été constitués. « L'équipe du projet nous a formés aux compétences de la vie courante et au micro-entrepreneuriat pour que nous soyons en mesure de mieux nous gérer et aider aux besoins de nos familles, mais aussi soutenir des activités qui marchent bien », témoigne Balkissa Oumarou, la trésorière du compte d'épargne du groupe féminin.

Mina, quant à elle, a été nommée présidente de ce groupe baptisé Amana, ce qui signifie « confiance ».

Grâce au projet, elle a développé un commerce florissant, notamment la production de plants d'oignons Galmi, également appelés « violets Galmi », très réputés dans toute l'Afrique de l'Ouest et qu'elle vend aux maraîchers. « Cette variété d'oignons est très demandée. Beaucoup de camions viennent de loin pour en acheter. Dès que je pourrai, j'en cultiverai à grande échelle », assure la jeune entrepreneure.

En outre, grâce aux bénéfices considérables qu'elle a tirés de l'engraissement des chèvres, Mina a pu louer un champ pour cultiver du millet et des gombos. Elle poursuit : « Mon activité s'est beaucoup développée et, maintenant, je contribue bien plus au budget de la famille. Notre alimentation s'est améliorée et, grâce à mes récoltes, nous économisons sur l'achat de céréales et nous avons des repas plus variés. Je ne suis plus obligée de compter sur mon mari en cas d'imprévus. » 

Balkissa aussi a pu entreprendre une autre activité tout aussi fructueuse que celle de Mina : la couture. « J'adore coudre et j'ai toujours voulu en faire mon métier. Dès que j'ai reçu ma subvention, j'ai acheté une machine à coudre et ça a complètement changé ma vie. Grâce à ce revenu, je peux payer les médicaments contre la tuberculose dont ma mère a besoin », explique-t-elle.

Mina est un véritable modèle pour tous. Afin d'aider les villageois à faire face aux mauvaises récoltes, elle a acheté les céréales et légumineuses dont ils avaient le plus besoin — 10 sacs de millet et 5 sacs d'arachides — et elle les a vendues à petit prix. « Maintenant que les membres de ma famille sont à l'abri du besoin, je voudrais apporter ma contribution à ma communauté et surtout aux enfants de Guidan Rana. L'avenir du village est entre leurs mains. »

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