Mina Abdou parle de ses enfants avec émotion : « Tous les sacrifices que je fais, c'est pour leur bien-être et leur avenir. Mon mari et moi, nous n'avons pas eu la chance d'aller à l'école. Je voudrais que mes enfants fassent des études et qu'ils puissent aider notre communauté. C'est mon vœu le plus cher. »
Mina a 25 ans. Elle vit à Guidan Rana, un village situé à environ 430 kilomètres de la capitale du Niger, dans la région de Tahoua. Mère de trois enfants, elle est très impliquée dans leur éducation. Comme toute la population locale, sa famille vit de l'agriculture et de l'élevage.
Les difficultés d’accès à la santé, à l'éducation et à la nourriture ont toujours été le lot quotidien des habitants de Guidan Rana. Mais, ces dernières années, la situation a empiré après des récoltes désastreuses dues à des conditions météorologiques aléatoires. Ces adversités ont lourdement entravé le développement du village et poussé un grand de nombre de jeunes à émigrer vers le Nigéria, la Côte d'Ivoire et la Libye.
Mina, elle, a pris les choses en main, non seulement pour aider son mari qui peine à joindre les deux bouts, mais aussi pour assurer le meilleur avenir possible à ses enfants. « Mon époux est un homme très courageux. Il a toujours fait ce qu'il a pu pour subvenir aux besoins de la famille, mais c'était quasiment impossible. Je n’avais même pas 20 ans quand j’ai lancé un petit commerce pour rapporter de l'argent à la maison », explique Mina.
La jeune femme a commencé par confectionner et vendre des boules de mil, un en-cas populaire chez les Nigériens qui l'appellent foura en haoussa, sa langue maternelle et la plus parlée dans le pays. Progressivement, elle a développé d'autres activités, notamment le maraîchage et l'engraissement de chèvres. « J'avais plusieurs petites activités, mais les résultats n'étaient pas réguliers parce que je n'étais pas bien organisée », dit-elle.
Depuis la mise en œuvre à Guidan Rana du projet pour l'emploi des jeunes et l'inclusion productive (a), financé par la Banque mondiale, les ambitions de Mina ont pris une autre dimension.