ACCRA, Ghana, le 10 février 2022—Tous les grands pilotes de course vous le diront, pour gagner sur la piste, leur bolide doit être doté de trois éléments clés : une bonne aérodynamique, des pneus qui tiennent la route, et un moteur puissant et fiable.
À l’instar d’un pilote automobile, l’Afrique subsaharienne doit négocier les virages de l'environnement commercial mondial pour parvenir à réduire la pauvreté et améliorer le niveau de vie d’une population qui compte 1,2 milliard d'habitants dont plus de la moitié de jeunes. Pour atteindre ces objectifs, elle se heurte à des difficultés en constante évolution : une fragmentation internationale de la production de plus en plus marquée dans le monde entier, la prolifération des accords commerciaux régionaux, l’apparition de nouvelles frontières économiques avec la montée en puissance de l’Asie de l’Est et du Sud, la révolution numérique et, dans son sillage, l’essor de technologies économes en main-d’œuvre, et, plus récemment, la pandémie de COVID-19.
Une nouvelle publication de la Banque mondiale intitulée Africa in the New Trade Environment: Market Access in Troubled Times ( a) met en évidence les ingrédients indispensables à la réussite de l’Afrique dans l'environnement commercial mondial actuel. Les auteurs proposent une approche à trois volets pour faciliter l’accès de l’Afrique aux marchés : évaluer et repenser les échanges avec les partenaires commerciaux traditionnels que sont les États-Unis et l’Union européenne (UE), opérer une diversification stratégique des échanges avec l’Asie et approfondir l’intégration commerciale intra-africaine.
L’aérodynamique : évaluer et repenser les échanges avec les partenaires traditionnels (États-Unis et UE)
Il est impératif de combiner les préférences commerciales unilatérales à d’autres efforts pour développer le commerce et les investissements entre les pays africains et les économies avancées, dont principalement les États-Unis et l’Union européenne, et résoudre ainsi les problèmes structurels qui limitent les capacités d’exportation de la région. La communauté internationale doit en outre se départir d'accords commerciaux dont la profusion a pour effet de renforcer une fragmentation économique et politique qui entrave de longue date les perspectives d'intégration de la région. Il convient au contraire d'adopter des accords plus structurés avec les communautés économiques d’Afrique, de manière à faciliter les réseaux de production et encourager les initiatives de coopération au niveau sous-régional, tout en contribuant à réduire les risques de conflit grâce à une meilleure intégration économique des pays membres.
Surtout, les pays africains doivent entreprendre d’ambitieuses réformes structurelles intérieures pour accroître les capacités d’approvisionnement de la région. À savoir : améliorer la connectivité numérique, réformer les principales institutions qui régissent les cadres juridiques (en matière d'exécution des contrats et de protection des droits de propriété, par exemple), alléger la pression réglementaire, améliorer les possibilités d’importation d’intrants par l’abaissement des droits de douane intérieurs et favoriser l’accès aux infrastructures par la création de véritables zones économiques spéciales.