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ARTICLE 25 janvier 2022

Faire de Dar es-Salaam une plateforme portuaire régionale de choix

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Le port de mouillage de Dar es-Salaam dessert la Tanzanie et plusieurs pays voisins enclavés.

Groupe de la Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Port de mouillage qui dessert la Tanzanie et plusieurs pays voisins enclavés, Dar es-Salaam était sous tension en raison du manque d’infrastructures et de la hausse des volumes de marchandises échangés.
  • La construction d’un nouveau terminal roulier dans l’enceinte portuaire a renforcé sa capacité à traiter avec efficacité des navires beaucoup plus grands et à réduire leur temps de rotation.
  • Face à des volumes qui devraient dépasser les 30 millions de tonnes d’ici 2030, le projet de plateforme maritime de Dar es-Salaam contribuera à lever les contraintes d’exploitation et d’équipements du port, favorisant son rendement global et la création d’emplois dans la région.

DAR ES SALAAM, 25 janvier 2022 - Il est 8 heures en ce jour de semaine et le port de Dar es-Salaam bourdonne d’activité sous le soleil du matin. Les véhicules semblent rivaliser de vitesse, à peine sortis de l’antre d’un Post-Panamax. C’est le deuxième navire de cette taille que le port accueille en deux mois, et il a relâché peu après minuit. Si l’on en croit les derniers relevés du port, la cargaison de quelque 3 400 véhicules sera déchargée bien avant la tombée de la nuit.  

« Avant, c’était très difficile, surtout pour nous, les sous-traitants : on devait conduire chaque véhicule transbordé à environ deux kilomètres du poste de mouillage, rien que pour trouver un endroit où le garer », se souvient Adam Mwenda, un chauffeur. « Et de là, on devait retourner à pied jusqu’au navire... On perdait beaucoup de temps. »  

Trouver où stationner ne constituait pas la seule difficulté. Il y a un peu plus de trois ans, à l’endroit où sont désormais reçus les navires Post-Panamax s’écoulait un cours d'eau qui se jetait dans la zone portuaire. Les véhicules automobiles importés arrivaient sur des navires beaucoup plus petits, parce que la profondeur était limitée le long des quais. Les chauffeurs ne pouvaient pas se mettre au volant des véhicules pour les sortir du navire : il fallait les décharger à la grue. Une opération risquée pour les dockers et les voitures, sans compter que ces manœuvres duraient au moins trois jours.  

La construction du premier terminal roulier avec rampe a commencé en 2018 pour s’achever en mars 2021, date où ces infrastructures dédiées sont entrées en service, permettant ainsi au port de Dar es-Salaam d’accueillir des navires Post-Panamax (le premier est arrivé en août 2021). Aujourd’hui, les chauffeurs conduisent directement les véhicules sur le vaste quai adjacent, prévu pour la manutention de 3 000 véhicules à la fois (soit plus de 200 000 par an). 


« « Le terminal roulier a changé la donne : les navires s’engagent et accostent directement, sans temps d'attente. » »
Eric Hamissi
Eric Hamissi
Directeur général de l’autorité portuaire de Tanzanie (TPA)

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Crédit photo : Banque mondiale


Ce nouveau poste d’amarrage a vu le jour dans le cadre du projet de plateforme maritime de Dar es-Salaam (DMGP). D’une enveloppe de 421 millions de dollars, ce projet, lancé en 2017, a pour objectif d’optimiser l’efficacité et la rentabilité du port de Dar es-Salaam, tant au profit des parties prenantes publiques que des acteurs privés, en renforçant les équipements et les capacités institutionnelles de l’autorité portuaire de Tanzanie (TPA).

Le projet est cofinancé par la Tanzanie, la Banque mondiale et le ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO). Il a permis la reconstruction et le dragage des quais 1 à 7 jusqu’à -14,5 mètres, afin que le port accueille sans difficulté de grands bâtiments, alors que le tirant d’eau moyen s’élevait à 8 m avant travaux. La modernisation et l’approfondissement des quais 8 à 11 sont en cours de préparation. Le projet finance par ailleurs l’élargissement du chenal d’entrée et du bassin d’évitage jusqu’à l’extrémité du poste d’amarrage 11, et leur dragage à 15,5 m de profondeur. Il prévoit en outre l’amélioration de la plateforme ferroviaire et les liaisons intra-portuaires.

La réfection des infrastructures s'accompagne déjà d’une hausse des rendements. Le déchargement des deux premiers Post-Panamax par terminal roulier s’est achevé dans les 17 heures suivant leur arrivée (soit trois véhicules déchargés par minute) ; les navires ont ainsi pu reprendre la mer dès le lendemain. Auparavant, le seul déchargement de 300 véhicules pouvait prendre jusqu’à 34 heures. 

Selon Eric Hamissi, directeur général de la TPA, les infrastructures ont eu un impact sur le temps de rotation et la facilité de déchargement, ce qui a permis de doubler le nombre de navires reçus, de six (avant le projet) à 12 par mois. Depuis l’entrée en service du terminal roulier, plus de 150 navires ont été reçus et pris en charge dans un temps record. Auparavant, ils devaient attendre leur tour avant d’être accueillis au quai 7, le seul dont le tirant d’eau dépassait les 10,5 m.

« Cette situation expliquait en large partie les frais importants de surestaries », indique Edward Urio, président de la Tanzania Freight Forwarders Association, qui représente plus de 1 000 transitaires et sociétés de logistique. « Les navires faisaient la queue pendant 14 à 20 jours en attendant un espace d’accostage, ce qui coûtait à certains bâtiments affrétés 25 à 40 000 dollars de pénalités. »

Une fois la transformation achevée, tous les feux seront au vert. « Comme 95 % des marchandises nationales transitent par ce port, l’essor des échanges produira un effet multiplicateur sur notre économie », explique M. Hamissi. « Le port constitue également une source vitale d’emplois directs et indirects pour des milliers de personnes à tous les maillons des chaînes d’approvisionnement. »

« Lorsque nous avons reçu en août 3 743 véhicules automobiles, il a fallu de nombreux chauffeurs pour les convoyer aux frontières des pays de destination tributaires du port de Dar es-Salaam », relève Tony Swai, directeur général de l’entreprise de logistique Epic Cargo.

Une tendance que confirme aussi Adam Mwenda : « La demande en chauffeurs sous-traitants comme moi a augmenté, et nous travaillons presque sans relâche depuis que le port reçoit chaque mois des navires transportant beaucoup plus de voitures. »

Le port de mouillage de Dar es-Salaam desservant la Tanzanie, mais aussi les pays frontaliers sans littoral, notamment le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la République démocratique du Congo, il occupe une place centrale dans la facilitation et l’intégration des échanges régionaux. Entre 2015 et 2020, par exemple, les volumes de marchandises échangées par ces pays qui ont transité par le port ont progressé de 16,6 %, pour atteindre 16,01 millions de tonnes, contre 13,7 millions en 2015. Le port devrait traiter plus de 30 millions de tonnes par an à l’horizon 2030. Pour fluidifier les flux commerciaux et accroître la compétitivité globale de la région, l’efficacité et la productivité du port sont par conséquent primordiales. 



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