LILONGWE, 19 octobre 2021 - Un matin du mois d'août, Priscilla Pahuwa se rend à l'hôpital Saint Montfort de Nchalo, dans le district de Chikwawa, pour se faire vacciner contre la COVID-19. Elle est impatiente de pouvoir enfin se protéger elle-même et protéger ceux qu'elle aime du nouveau coronavirus. Pour arriver à ce moment tant attendu, Priscilla et les deux amies qui l’accompagnent ont dû surmonter de nombreux obstacles qui auraient pu les décourager. L’administration du vaccin est leste — 20 minutes à peine — et quasi indolore. Les trois amies quitteront rapidement le centre de santé, et reprendre le cours normal de leur vie.
Priscilla Pahuwa, 21 ans, est réceptionniste au Masintha Lodge à Nchalo. Elle a compris l'importance de la vaccination contre la COVID-19, malgré les nombreuses rumeurs et informations erronées qui circulent au Malawi et ailleurs. La nature de son travail et le risque que représente la COVID-19 l’ont incitée à profiter de la disponibilité et de la gratuité du vaccin dans les établissements de santé du pays.
« Comme je suis réceptionniste, je rencontre chaque jour beaucoup de personnes venues de différentes régions. J’étais exposée, je devais me protéger », explique-t-elle.
Elle est en outre convaincue que c’est grâce à la vaccination que son oncle a survécu au virus. « Quand il est tombé malade, il n’a eu qu’une forme bégnine de la maladie. Il n'a même pas eu besoin d'oxygène, et c'est grâce au vaccin », affirme-t-elle.
« En le voyant se rétablir, je me suis promis d'aller à l'hôpital pour me faire vacciner, ce que j'ai fait en août. Je dois admettre que c'est la meilleure décision que j'aie jamais prise et, depuis ce jour, je n'ai cessé de conseiller aux autres de se faire vacciner, et certains l’ont fait. »
Remédier aux difficultés de déploiement des vaccins au Malawi
Une fois arrivées au centre de santé, les amies de Priscilla ont finalement refusé de se faire vacciner, par crainte des effets secondaires. Elles ne sont toujours pas vaccinées. Comme elles, beaucoup de personnes ralentissent la campagne vaccinale contre la COVID-19 au Malawi.
L'objectif de vacciner 60 % de la population d'ici à décembre 2022 reste un défi, en raison en partie des quantités limitées de doses, mais aussi de la réticence à l'égard des vaccins et du manque d’adhésion de la population éligible. L’hésitation face à la vaccination est principalement due à la désinformation, et notamment à une rumeur selon laquelle le vaccin rendrait stérile.
Pour Priscilla Pahuwa, les agents de santé ont besoin de ressources supplémentaires pour mener la campagne de vaccination : « Il y a des gens qui veulent vraiment se faire vacciner, mais qui ne peuvent pas à cause de la distance qui les sépare du centre de santé. »
Pour remédier à ce problème, les assistants de surveillance de la santé (HSA) s’efforcent de toucher davantage les populations rurales, comme le souligne Kedson Masiyano, responsable du centre de santé de la zone 18 :
« Lorsque des vaccins sont disponibles, nous faisons tout notre possible pour cibler également les personnes vivant dans des zones difficiles d’accès, car si nous n’allons pas à jusqu’à elles, elles sont souvent contraintes de choisir entre payer le transport jusqu’au centre de santé ou acheter de la nourriture pour leur famille. Et elles choisissent toujours la seconde option. »
Selon la ministre de la Santé du Malawi, Khumbize Kandodo Chiponda, le gouvernement intensifie ses efforts de communication pour lutter contre la réticence à la vaccination en s’efforçant, aux côtés des structures et des dirigeants locaux, de convaincre la population.