Les villes palestiniennes connaissent une urbanisation rapide, qui s’explique par une pression démographique élevée et la densité de population dans les centres. Aujourd’hui, 74 % du territoire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza sont considérés comme « urbains ». La pénurie grandissante de terres et l’éclatement spatial accentuent la pression sur les autorités locales, en particulier dans les centres urbains traditionnels d’Hébron, Naplouse, Bethléem, Ramallah-al Bireh et Gaza. En fusionnant avec les zones périurbaines, ces pôles constituent désormais de grandes aires urbaines densément peuplées au nord, au centre et au sud de la Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Partout dans le monde, les villes sont de puissants moteurs du développement socioéconomique et au cœur de la création d’emplois. C’est aussi vrai des villes palestiniennes qui pourraient, à condition de maîtriser cette urbanisation, en tirer tous les bénéfices.
Les édiles locaux des aires urbaines en Cisjordanie et à Gaza peinent à suivre la demande exponentielle de services par des citadins toujours plus nombreux et à consentir les investissements indispensables pour réhabiliter des réseaux d’infrastructure sous tension et insuffisants. Un manque chronique de ressources et une marge de manœuvre budgétaire limitée conjugués à la faiblesse des capacités des institutions locales et nationales interdisent aux centres urbains d’atteindre leur plein potentiel économique. Résultat, les villes sont victimes d’un développement inégal et d’une urbanisation anarchique. L’utilisation des terres et l’implantation de logements s'opèrent au coup par coup, faute de réglementation étatique suffisante, de sorte que la croissance se traduit souvent par un étalement urbain discontinu et manquant de densité. D’où une pression accrue sur des parcelles déjà rares, encore aggravée par d’autres restrictions frappant l’utilisation des terres.
De par leur taille, les agglomérations urbaines se heurtent à un ensemble unique de défis en matière de développement — depuis la demande croissante de services, d’emplois et de logements à la piètre gestion du trafic et aux problèmes d’embouteillages, en passant par l’absence de planification intégrée entre juridictions des services aux citadins et une urbanisation désordonnée. En plus de gérer la pression démographique et d’intégrer la planification sectorielle et territoriale dans leur cycle budgétaire, ces nouvelles aires métropolitaines vont devoir remettre à plat leurs plans de développement pour tenir compte des risques de catastrophes naturelles et atténuer les chocs climatiques que sont les sécheresses et les inondations, ainsi que les pénuries d’électricité. Une planification urbaine qui intègre l’enjeu climatique en promouvant une croissance compacte, un aménagement mixte et axé sur le transport en commun, des initiatives de verdissement des villes et des investissements dans les infrastructures vertes aidera ces agglomérations à affronter les effets du changement climatique et à décarboner les secteurs urbains.
Une approche intégrée au service d’un urbanisme sain
Le projet de développement intégré des villes et zones urbaines, qui bénéficie du soutien de la Banque mondiale, aide cinq grandes zones économiques urbaines (Hébron, Naplouse, Bethléem, Ramallah-al Bireh et Gaza) à introduire des approches d'aménagement métropolitain intégré. Grâce à un don de 5 millions de dollars, les responsables locaux de ces grands centres urbains travaillent à la création conjointe de plans, de politiques et de services pour leurs zones respectives. Le projet fournit une aide sur mesure en appui aux agglomérations concernées afin de renforcer l’efficacité des systèmes de gestion urbaine pour l'aménagement du territoire, l’utilisation des terres et les procédures de développement. L’objectif est de faire en sorte que les villes soient en mesure de fournir des services essentiels et d’étendre leur couverture, d’améliorer l’environnement réglementaire et de favoriser la croissance économique en lien avec le secteur privé pour stimuler la création d’emplois.
Les efforts menés en collaboration avec les villes participantes portent sur : i) le déploiement d’un système d’information géographique exhaustif pour le partage d’informations, spatiales et autres, avec les autorités locales afin de fournir des éléments concrets aux ingénieurs, aux urbanistes et aux responsables des transports et de la logistique ; ii) l’élaboration de plans de gestion communs pour organiser le trafic ; et iii) la conception d’un plan directeur des transports publics afin d’améliorer la mobilité. Cette initiative a eu pour effets d’améliorer la gestion des ressources, d’optimiser les services, d’accroître les co-bénéfices climatiques et d’introduire une planification urbaine plus globale.