Les travaux de recherche de Linda vont porter sur l’impact des déchets de polymères sur les propriétés mécaniques des carreaux de céramique fabriqués à partir d’argile africaine. Comme le Cameroun importe la plupart de ses carreaux en céramique, les producteurs locaux sont rares. Ayant vu l’entreprise de son oncle périciliter après la mort de ce dernier, Linda a décidé de chercher des solutions pour augmenter la production dans son pays.
Inspirée par l’un de ses condisciples, Linda commence à réfléchir à la question des impacts environnementaux. Les Nigérians raffolent de l’eau pure, qu’ils consomment en sachets, une solution censée fournir instantanément aux consommateurs une eau potable hygiénique et bon marché.
« Dès que tu sors du campus, le sol est jonché de sachets d’eau pure vides. Alors je me suis dit que je pouvais utiliser cette matière dans mes carreaux de céramique. » Le programme de mastère ne laisse aucun répit. Linda se souvient encore des longues heures passées le soir, chez elle, après les cours, à travailler sur ses devoirs et à préparer les exposés collectifs.
Mais « l’ambiance géniale » du Centre a rendu globalement l’expérience tout à fait positive. Avec ses camarades de cours originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (et une colocataire nigériane), Linda a pu s’adapter à la vie dans un nouveau pays. « Tous ces gens avec des cultures différentes et des prononciations différentes. Parfois, nous nous moquions simplement les uns des autres. C’était une expérience vivante, collaborative et interactive. Malgré des domaines d’étude différents, nous ne faisions qu’un sur le campus. »
Avoir un impact sur sa communauté
Aujourd’hui, Linda effectue un doctorat au Nelson Mandela African Institution of Science and Technology à Arusha, en Tanzanie. Elle s’est délibérément tournée vers les sciences naturelles. Un drame personnel est à l’origine de cette décision, qui a également renforcé son envie d’agir pour son village et sa communauté.
« L’un de mes cousins est mort du choléra après avoir bu de l’eau polluée. Maintenant je sais que je tiens quelque chose — la fabrication de céramique — que je peux rapporter dans mon pays, le Cameroun. Mais j’ai aussi besoin de réfléchir à des solutions pour continuer d’aider mes compatriotes. »
Le doctorat de Linda porte sur l’utilisation d’ingrédients naturels, comme le moringa et le charbon actif, pour améliorer la purification de l’eau. Elle obtiendra son diplôme en 2023-24 mais elle est d’ores et déjà très fière du chemin qu’elle a parcouru, malgré les obstacles.
« . Dans la tradition africaine, la femme se marie et met au monde les enfants. La situation reste compliquée pour moi, car tous mes proches ont un avis sur ma vie. »
Même si cela lui pèse parfois, Linda est absolument déterminée à aider les autres. « Des tas de gens ont besoin d’aide. Je n’ai pas l’intention de mener une vie égoïste mais bien de me consacrer à celles et ceux qui m’entourent. »
Linda et sa mère, fan inconditionnelle et source de motivation. Photo: Linda Les femmes et la science : ne jamais cesser d’avancer !
Linda a un conseil tout simple à donner aux autres jeunes Africaines qui envisagent de faire des études scientifiques ou techniques : « Allez toujours de l’avant ! ».
« Les gens pensent que les sciences sont réservées aux personnes très intelligentes. Si, en grandissant, on ne cesse de vous dire combien les mathématiques ou la chimie sont difficiles, continuez à étudier. Continuez à lire ce que vous ne comprenez pas. Plus vous lirez, et mieux vous comprendrez ce qui vous échappe pour l’instant. »