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ARTICLE 15 juillet 2021

« Je ne serais pas arrivée là sans l’amour pour mon travail, mon véritable moteur »

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Grace.

Photo: Grace Sename Peter


Lancé en 2014, le programme de Centres d’excellence dans l’enseignement supérieur en Afrique (CEA) cherche à répondre aux demandes de compétences spécialisées et prioritaires sur le marché du travail. Devenu synonyme d’un enseignement supérieur de qualité pertinent, il a soutenu plus de 14 000 étudiants en mastère et en doctorat dans l’agriculture, la santé et les sciences, dont 30 % de femmes. Découvrez l’expérience de Grace — et les difficultés qu’elle a dû surmonter.

ABUJA, Nigéria, 15 avril 2021 — « Et maintenant, quelle direction prendre ? » Cette question, Grace Sename Peter se la pose constamment. Cette jeune femme d’origine béninoise et nigériane est la dernière d’une fratrie de cinq enfants. Elle a toujours adoré les sciences et la recherche. Et c’est ainsi qu’elle s’est retrouvée en mastère de biologie moléculaire et génomique microbiologie au Centre d’excellence africain de recherche génomique et des maladies infectieuses, au Nigéria.

Ses études portent sur les organismes résistants aux antibiotiques bactéries résistantes et, plus précisément, sur l’utilisation de techniques moléculaires pour identifier les mutations du parasite Plasmodium falciparum, plus connu sous le nom de paludisme. Elle n’a pas choisi ce sujet par hasard mais parce qu’en Afrique, les mesures de prévention contre les maladies et les infections sont moins répandues qu’ailleurs.

Dépassant ses attentes, les cours et les équipements du Centre d’excellence ont ouvert l’esprit de Grace aux différentes manières d’exploiter ses compétences scientifiques et de recherche au profit du Nigéria et de l’Afrique. Elle croit profondément au recours à des solutions et des ressources locales pour résoudre des problèmes régionaux. « Nous ne pouvons pas éternellement attendre que les pays occidentaux viennent résoudre nos problèmes à notre place. Nous avons toute la main-d’œuvre et l’intelligence nécessaires. Pourquoi ne pas utiliser nos atouts pour résoudre nos propres problèmes ? »

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En dehors du centre d'excellence. Photo: Grace Sename Peter
 

Comprendre la valeur de la recherche

Grace prépare actuellement un doctorat en microbiologie environnementale microbiologie sur les antibiotiques présents dans l’environnement. Elle compte utiliser ses connaissances en biochimie pour mettre au point une technique permettant d’éliminer les antibiotiques dans les eaux usées provenant des hôpitaux. Le Nigéria manque de stations d’épuration, qui sont par ailleurs coûteuses à entretenir — et cette situation a des conséquences durables pour la société. « Toutes les eaux usées issues des exploitations agricoles ou les effluents des hôpitaux et des entreprises pharmaceutiques sont tout simplement rejetés dans la nature et finissent dans les nappes phréatiques et les eaux de surface. En buvant cette eau ensuite, les gens risquent de développer des infections dont ils seront incapables de se débarrasser, en raison de l’exposition aux antibiotiques. »


« Je ne serais pas arrivée là sans l’amour pour mon travail, mon véritable moteur  »
Grace
Scientifique engagée dans la lutte contre le paludisme au Nigéria

« Nous allons tester des mesures de contrôle en créant des usines de traitement opérationnelles dans différents secteurs, afin d’affiner les méthodes de traitement des déchets avant leur rejet dans la nature. » En plus de ses activités universitaires, Grace est rédactrice en chef de Water Magazine, une revue qui tente de sensibiliser ses concitoyens nigérians à l’importance de l’environnement et au risque de le transformer en « un point d’exposition » faute d’en prendre correctement soin. Pour que la recherche soit efficace, souligne-t-elle, le public doit en comprendre les bénéfices.

« Notre recherche ne doit pas seulement aboutir in vitro. Nous devons la tester en conditions réelles et voir si elle répond aux besoins des gens. »

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La remise des diplômes. Photo: Grace Sename Peter
 

Le monde des possibles est infini

Après ses études, Grace envisage de se lancer à plein temps dans la recherche, pour rester au courant des nouvelles technologies et techniques. Entièrement absorbée par son travail, elle reconnaît ne pas avoir beaucoup de temps pour la vie sociale.

Heureusement, sa famille est plutôt compréhensive : ayant grandi dans un foyer monoparental, elle a bien vu que sa mère parvenait à élever ses enfants tout en travaillant. De fait, ce sont plutôt ses collègues de travail qui s’inquiètent pour elle, en lui disant que « les hommes sont intimidés par les femmes intelligentes ou le seront par [mon] doctorat. »

Rien de tout cela ne décourage Grace. « Je n’y fais pas attention. Mon seul moteur, c’est l’amour pour ce que je fais. Mon travail est très exigeant et mon partenaire devra le comprendre, percevoir ma passion. Il devra m’aider à avancer. »

Elle est tout aussi directe dans son message aux jeunes femmes africaines, les encourageant à ignorer tous les avis et conseils négatifs et à croire en elles-mêmes. « . Le tout, c’est que vous soyez productives et que vous contribuiez à améliorer la vie des autres.

« Ne vous posez pas de limites. Seule la passion vous permettra de vous accomplir pleinement. »



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