Quand une flambée d’Ebola a frappé la République démocratique du Congo (RDC) en août 2018, la population était déjà aux prises avec l’insécurité alimentaire, les déplacements forcés de masse et un interminable conflit armé.
Sur 3 420 cas au total, le pays a déploré 2 287 victimes dans 29 zones sanitaires des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les efforts internationaux pour mobiliser les secours ont été entravés par une méfiance tenace à l’égard des institutions publiques et des acteurs extérieurs.
Comme bon nombre d’hommes et de femmes vivant dans l’angoisse quotidienne du conflit et du chômage, Esther redoutait moins de tomber malade que de ne pas pouvoir donner à manger à sa famille.
Elle raconte, « Je n’avais pas de travail… Alors j’essayais juste de m’en sortir en vendant des tomates. »
Le programme de mobilisation communautaire pour la lutte contre Ebola et les situations d’urgence, soutenu par l’IDA, a pu venir en aide à Esther et à nombre d’autres habitants. Il a renforcé la résilience des communautés en proposant des emplois temporaires dans les foyers épidémiques : au total, plus de 35 000 bénéficiaires directs ont travaillé un million de jours (au 30 septembre 2020) en échange d’environ 3 millions de dollars.
Le programme a également lancé des chantiers de travaux publics pour pallier les déficiences de longue date des infrastructures collectives, responsables de retards dans la réponse médicale et humanitaire, et cherché à restaurer l’acceptation des équipes médicales et la confiance à leur égard.
Chacune de ses composantes était adaptée aux besoins de la population et visait des résultats rapides et visibles étant donné l’urgence de la situation. Le programme a en outre mobilisé les ressources locales afin de produire un impact économique local maximal.
Sa mise en œuvre a reposé sur divers partenariats avec des organisations locales et internationales : l’exécution du volet « argent contre travail » a été confiée au Fonds social de la RDC (FSRDC) et au Programme alimentaire mondial (PAM) ; le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a distribué des kits de lavage des mains et des thermomètres afin de surveiller les bénéficiaires du projet sur les chantiers, garantissant ainsi le maintien de mesures sanitaires préventives tout au long du programme ; les Services aériens humanitaires des Nations Unies (UNHAS) ont facilité l’organisation de vols pour des missions conjointes Banque mondiale-FSRDC à destination de villages isolés dans des régions difficiles d’accès.
L’approche novatrice et le modèle de partenariat promus par le programme ont inspiré les modalités d’un financement additionnel de 445 millions de dollars en faveur du projet pour la stabilisation de l’Est de la RDC pour la paix (2020). Celui-ci continuera de financer des travaux publics, mais aussi des transferts monétaires sans conditions et une assistance technique afin de constituer un registre social unique pouvant être utilisé en cas d’urgence pour aider les populations pauvres et vulnérables.