D’après des données récentes, 51 % des Roumains estiment que la discrimination en fonction de l’appartenance ethnique est répandue dans leur pays. Ce qui influe négativement sur la situation des Roms, qui connaissent un taux d’abandon scolaire bien plus élevé que dans la population générale, des taux d'emploi bien plus faibles et un sort bien plus défavorable en matière de santé : parmi les Roms de Roumanie, seuls 22 % des jeunes entre 15 et 18 ans vont à l’école, 64 % des hommes et 27 % des femmes ont un travail officiel, et 46 % disposent d’une assurance maladie de base.
Cette situation est encore compliquée aujourd'hui par le fait que la pandémie de COVID-19 a touché très fortement les populations roms, notamment parce que leurs conditions de vie ont constitué des difficultés supplémentaires : 68 % des familles roms vivent dans des logements surpeuplés, sans accès à l’eau courante, rendant difficile le respect des règles sanitaires et de distanciation sociale. La Banque mondiale a également constaté que la sécurité alimentaire restait une préoccupation pour les foyers les plus pauvres en Roumanie depuis le début de la pandémie.
Pour aider à dépasser les a priori négatifs dont sont victimes de longue date les Roms en Roumanie, et les nombreux obstacles socio-économiques qui en découlent, la Banque mondiale poursuit son soutien à des projets et des initiatives susceptibles de renforcer leur inclusion dans tout le pays. Assurer un accès égal et équitable à la santé, à l’éducation, à l’emploi et à d’autres services cruciaux permet d’augmenter l’inclusion, d’améliorer la qualité de vie, la santé et l’éducation des Roms, mais se traduit également par des bénéfices économiques estimés à près de 3 milliards d’euros (a) par an pour le pays dans son ensemble.
Les activités de la Banque mondiale dans ce domaine s’articulent autour du Roma Sounding Board (RSB) (a), un réseau d’organisations de la société civile sélectionnées sur la base de leurs compétences en matière d’inclusion des Roms. Par l’intermédiaire du RSB, la Banque fournit aux organisations roms une plateforme dans le cadre de laquelle les besoins et préoccupations de la population peuvent être exprimés, afin qu’ils puissent être reflétés dans l’engagement stratégique de la Banque mondiale en faveur de l’inclusion sociale en Roumanie. Les membres du RSB coopèrent avec les équipes de projet de la Banque mondiale de façon à définir les besoins spécifiques de la communauté rom et les défis auxquels les projets en cours ou nouveaux pourraient répondre. Ils assurent ainsi le lien avec la population pour mener des consultations approfondies ou encore une évaluation des besoins, et orienter l’élaboration des mesures pertinentes permettant de faire progresser le programme en faveur des Roms.
« La collaboration avec la Banque mondiale dans le cadre du RSB est essentielle pour l’avenir de la communauté rom en Roumanie. Nous nous réjouissons de ce que la Banque mondiale ait choisi de consulter les Roms et les organisations de défense de leurs droits sur la manière dont elle peut améliorer les projets censés leur bénéficier », précise Daniel Caraivan, de l’association DANROM, située à Făurei. « Pour l’ONG que je représente, cela a été une occasion formidable de participer à des ateliers avec les principaux intervenants des autorités gouvernementales et les représentants du secteur économique en Roumanie. »
Ces efforts qui visent à tenir compte de l’avis même des personnes concernées par l’exclusion sont essentiels si l’on veut lever les obstacles sociaux et économiques auxquels elles sont confrontées, mais aussi pour veiller à une relance inclusive après la COVID. Tout comme sont précieux les efforts déployés par Iasmina Cretoi, Elena Radu et les innombrables autres Roms qui, comme elles, ont bravé les discriminations en refusant de se laisser définir par les préjugés et en poursuivant leur chemin vers le succès.
« Si l’on vous dit : “Vous êtes Rom”, ne baissez pas la tête », exhorte Elena Radu. « Levez la tête et clamez haut et fort : Ame Sam Roma [Nous sommes Roms] ! »