« La gestion durable du littoral est l’un des piliers du développement territorial du Maroc. Dans le même temps, il faut impérativement identifier les sources potentielles de création d’emplois et de revenus encore inexploitées, surtout dans le contexte post-COVID, afin d’enrichir les stratégies de promotion d’activités économiques durables le long des côtes », souligne Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb.
Sa mise en application s’articule autour de mesures stratégiques, comprenant des investissements, la réhabilitation des côtes ainsi que la protection et l’utilisation durable des ressources. Il a été élaboré en faisant appel à une approche pluridisciplinaire dynamique et itérative aux fins de promouvoir une gestion durable et intégrée des zones côtières.
Pour concevoir ce schéma régional et affiner sa portée et ses objectifs, la Banque mondiale a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement et les autorités régionales du Maroc dans le but d’organiser de vastes consultations avec différentes parties prenantes de la mise en valeur du littoral, notamment des pêcheurs, des associations professionnelles, des organisations de la société civile, des scientifiques et des agriculteurs. Les documents relatifs à l’utilisation et à l’aménagement du territoire ont par ailleurs été examinés pour identifier les zones de la région les plus exposées à la pollution et au changement climatique le long du littoral et dans l’arrière-pays proche.
La phase de diagnostic, achevée en janvier 2020, a abouti sur un certain nombre de constats assez convaincants : la concentration croissante d’habitants le long du littoral (les deux tiers de la population régionale) et les activités connexes qui en découlent menacent l’écosystème côtier et appellent à des mesures urgentes pour atténuer l’empreinte de l’homme et renforcer la résilience des côtes. Par ailleurs, plusieurs sources potentielles de développement, notamment dans le tourisme vert, restent inexploitées.
Forte de ces observations et des remontées d’information des différentes parties prenantes, l’équipe de la Banque mondiale a défini une feuille de route jusqu’en 2040 pour atteindre les objectifs de long terme de mise en valeur du littoral régional. Sont envisagées notamment l’introduction d’un modèle de gouvernance intégrée des côtes, conforme aux stratégies nationales, ainsi que la préservation et la réhabilitation des écosystèmes par des investissements majeurs. À cette fin, des mesures complémentaires seront introduites, pour mieux sensibiliser les différents acteurs à la menace environnementale ou pour intégrer des mesures de sauvegarde dans les plans d’urbanisme afin de prévenir la dégradation des côtes. Des investissements initiaux prioritaires sont également prévus pour promouvoir des activités vertes et durables le long du littoral au titre du schéma pour la région Rabat-Salé-Kénitra. Ces investissements couvriront un large éventail d’activités, dont l’organisation de la pêche artisanale et la formation des pêcheurs aux meilleures pratiques, la réhabilitation écologique des zones humides côtières, la construction d’usines de traitement des eaux usées dans certaines localités, la stabilisation biologique des dunes ou encore le recyclage et la valorisation des déchets en plastique.
Avec le gouvernement, la Banque mondiale a conçu un guide méthodologique pour la définition de schémas régionaux du littoral afin d’étendre cette approche innovante et intégrée de la gestion des côtes à d’autres régions. Véritable boîte à outils, ce guide permet de normaliser le processus d’élaboration de ces schémas régionaux en respectant les principes de la gestion intégrée des zones côtières tout en tenant compte des spécificités et des contraintes locales. Il est à la disposition des autorités et des décideurs locaux.
« Nous sommes ravis de soutenir le schéma régional du littoral dans la région de Rabat-Salé-Kénitra en vue de promouvoir une utilisation durable des ressources côtières et de participer au verdissement des activités rémunératrices pour les habitants de la région » conclut Jesko Hentschel. « À travers cette approche participative étayée par des données probantes, nous pouvons contribuer à préserver la résilience de cette région et assurer un développement durable pour les générations à venir. »