N’DJAMENA, le 8 octobre 2020 – « C’est la première fois que le Tchad produit des gels hydroalcooliques, ça été une belle aventure qui nous enorgueillit. » Directeur technique du ministère de la Santé publique, le docteur Al Sadick Haroun Abdallah ne cache pas sa satisfaction. Après tout, son autorisation a été cruciale pour démarrer la production dans son pays de cette solution désinfectante tant recherchée dans le monde entier depuis le début de la pandémie de coronavirus (COVID-19). « Nous avons réussi à avoir rapidement le bon réflexe pour faire face à la pénurie et à la flambée des prix des rares flacons encore disponibles sur le marché », explique ce quinquagénaire, également en charge du laboratoire.
Une pénurie mondiale
Aux quatre coins du monde, dès les premiers jours des mesures de confinement prises par les gouvernements pour limiter la propagation du virus, les fabricants de masques, de gants et de gels hydroalcooliques sont pris d’assauts. Cette nouvelle réalité digne d’un film de science-fiction s’installe aussi brusquement à Ndjamena.
Depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS)a annoncé que le lavage fréquent des mains est le geste le plus efficace pour ne pas contracter la maladie, les gens se sont rués sur les pharmacies, faisant parfois la queue pendant des heures pour se procurer cette solution alcoolique apparue il y a tout juste 20 ans et qui permet de se désinfecter les mains à tout moment. « C’est la troisième fois qu’on me dit de repasser mais à chaque fois, tous les flacons sont déjà vendus », lance excédée Ramat Abdoulaye, sortant bredouille d’une grande pharmacie du centre-ville.
Certains vont jusqu’à traverser la frontière pour se ravitailler à Kousseri, une ville camerounaise située à une vingtaine de kilomètres de N’Djamena, de l’autre côté du fleuve Logone. Même dans le milieu médical on est forcé de recourir au système D pour pallier le manque. « La pénurie de gel dans le pays nous a poussés à nous organiser chacun à notre manière pour en fabriquer nous-même, en suivant la formule de OMS, afin de protéger notre personnel en contact avec les clients », explique le docteur Raksala Masna, président de l’Ordre des pharmaciens du Tchad.