Les événements de l’année écoulée ont plongé le monde dans des difficultés dramatiques qui sapent les efforts déployés pour réduire la pauvreté et promouvoir une croissance inclusive. Ces derniers mois, la pandémie de COVID-19 et son corollaire, la crise économique, ont mis à mal les progrès accomplis et mis en lumière des inégalités et des phénomènes d’exclusion systémiques et tenaces. Selon les prévisions, la crise pourrait plonger entre 73 et 117 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté. Les récentes manifestations contre le racisme et les discriminations persistantes soulignent aussi les obstacles structurels qui barrent l’horizon et l’accès à la prospérité d’un grand nombre d’individus.
Le nouveau pôle mondial d’expertise de la Banque mondiale dédié à la viabilité et l’inclusion sociales, qui succède au pôle Développement social, témoigne de l'importance que nous accordons à la lutte contre ces obstacles au développement et au renforcement de notre action en faveur des personnes qui ont été privées d’opportunités économiques et sociales. Mais que recouvrent exactement ces notions ?
1.
La viabilité sociale repose sur une société inclusive, juste et résiliente, où les citoyens ont voix au chapitre et où les gouvernants les écoutent et leur répondent. Une telle société favorise la croissance et la réduction de la pauvreté, pour aujourd'hui et pour demain.
La viabilité sociale va de pair avec la viabilité économique et environnementale. Par le passé, l’accent a été mis sur la viabilité économique, puis sur les aspects environnementaux en raison des inquiétudes grandissantes autour des changements climatiques et des pertes de biodiversité. Désormais, compte tenu de la prise de conscience plus aiguë des défis que représentent les situations de fragilité, les inégalités persistantes et les discriminations raciales, la viabilité sociale est reconnue comme un élément central de la croissance et de la réduction de la pauvreté.
Le nouveau pôle d’expertise a pour vocation d’aider les personnes marginalisées et vulnérables à surmonter les obstacles qui les empêchent de participer pleinement à la société et de soutenir les efforts déployés par chacun pour façonner son propre avenir. Son action s’articule autour de trois axes : bâtir des sociétés plus inclusives, renforcer l’émancipation citoyenne et favoriser le développement de communautés plus résilientes et apaisées.
2.
Les discriminations et l'exclusion persistantes qui frappent les plus marginalisés ont un coût élevé, tant pour les individus que pour l'économie. À l’échelle mondiale, on estime que la perte de richesse en capital humain due aux inégalités entre les sexes atteint 160 200 milliards de dollars (a). Les personnes d’ascendance africaine (a) continuent de connaître des niveaux de pauvreté supérieurs au reste de la population (jusqu'à 2,5 fois plus élevés en Amérique latine). Dans les pays en développement, 90 % des enfants handicapés ne sont pas scolarisés (a). Et dans beaucoup de pays, il est extrêmement difficile de combattre l’exclusion, la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTI. Actuellement, l’homosexualité est toujours considérée comme un crime dans 70 pays.
Le pôle Viabilité et inclusion sociales s’attache à favoriser l’accès de toutes les personnes marginalisées aux marchés, aux services et aux technologies et à permettre leur pleine participation à la société. Ainsi, au Panama, cela se traduit par la collaboration avec les communautés autochtones et leurs chefs traditionnels pour améliorer la qualité des services de santé, d'éducation, d'eau et d'assainissement. En Bosnie, le pôle a conduit une étude qui révèle les coûts socio-économiques élevés des discriminations liées à l'orientation sexuelle et l'identité de genre.