BANGUI, 3 août 2020 - La République centrafricaine (RCA) est désormais en mesure de distribuer gratuitement à sa population de superbes masques en tissu. Pourtant, il y a deux mois à peine, alors que le pays était confronté à une accélération des cas de coronavirus (COVID-19), la plupart des habitants et même les professionnels de santé avaient bien du mal à se procurer un moyen de protection.
Après des années de violence et de conflit qui ont dévasté un système de santé déjà fragile, la crise du coronavirus vient aujourd’hui ébranler l’économie centrafricaine et une stabilité précaire, menaçant de plonger plus de 140 000 personnes dans l'extrême pauvreté selon des estimations récentes de la Banque mondiale.
Les autorités se sont mobilisées pour faire face à l’urgence sanitaire, et la RCA fait partie des premiers États africains à avoir rendu obligatoire le port du masque. Mais, comme tant d’autres pays à travers le monde, elle a dû faire face à une véritable pénurie sur les marchés locaux et internationaux. Or, dans les pays où il est difficile d’imposer des mesures de distanciation physique et de confinement, le port du masque joue un rôle essentiel dans la lutte contre la propagation du virus. Comment produire sur place dix millions de masques conformes aux normes correspondant aux préconisations de l’OMS ? À circonstances exceptionnelles, solution exceptionnelle : le projet LONDO (« debout » en sango), plus vaste programme de travail contre rémunération du pays, est parvenu, en un temps record, à fabriquer plus de 2,4 millions de masques.
Qui sont les experts derrière ce projet et les entrepreneurs qui produisent ces équipements vitaux et qui créent des emplois en pleine pandémie ? Nous sommes allés à leur rencontre, pour qu’ils nous fassent part de leur expérience.
Mission possible
« Il y a deux mois seulement, le ministre de la Santé Pierre Somsé a sollicité la Banque mondiale pour l’aider à se procurer dix millions de masques dans un contexte de pénurie sur le marché international. Il fallait innover et nous nous sommes tournés vers le projet LONDO et vers nos partenaires », explique Han Fraeters, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la République centrafricaine. « L’enjeu initial était sanitaire : nous devions avant tout sauver des vies en fournissant des masques de protection. Mais finalement cette intervention a aussi permis de faire face aux conséquences économiques de la pandémie, puisqu’elle a apporté des moyens de subsistance à 300 sociétés locales sous-traitantes et à 18 000 couturiers. »