Globalement, les cours de l’énergie (gaz naturel et charbon compris) devraient baisser en moyenne de 40 % en 2020 par rapport à 2019, même si les experts s’attendent à un rebond sensible en 2021. Les prix du gaz naturel ont cédé beaucoup de terrain depuis le début de l’année, tandis que le charbon reste relativement épargné, la demande d’électricité ayant moins pâti des mesures d’endiguement de la pandémie.
La décélération de la croissance en Chine, qui représente la moitié de la demande mondiale, va rejaillir sur les prix des métaux industriels. À l’inverse, les cours de l’or grimpent, les acheteurs étant en quête de placements sûrs face aux perturbations des marchés financiers.
Les prix des produits agricoles, moins liés à la croissance économique, n’ont que peu fléchi pendant les premiers mois de l’année, à l’exception du caoutchouc, dont les cours ont plongé, et du riz dont les prix ont connu une trajectoire inverse, sous l’effet de la détérioration des conditions culturales et de certaines restrictions commerciales. Globalement, les prix agricoles mondiaux devraient rester stables en 2020, les niveaux de production et de stocks pour la plupart des denrées de base étant au plus haut.
Un riziculteur travaille dans les champs. © wanphen chawarung/Shutterstock D’une manière générale, les marchés de denrées alimentaires sont bien approvisionnés. Mais la sécurité alimentaire suscite des inquiétudes grandissantes face à l’annonce de restrictions commerciales par plusieurs pays, dont notamment des interdictions d’exportation de certains produits, et à des politiques d’achats excessifs. De même, la production agricole pourrait, surtout lors de la prochaine campagne, pâtir de la désorganisation du commerce et des difficultés dans la distribution des intrants (engrais, pesticides et main-d’œuvre). Les problèmes touchant les chaînes d’approvisionnement ont déjà fragilisé les exportations de produits périssables de certaines économies émergentes et en développement, comme les fleurs, les fruits et les légumes.
Malgré des marchés bien achalandés, les restrictions d’exportation pourraient menacer la sécurité alimentaire des pays importateurs. Avec d’autres organisations, la Banque mondiale a lancé un appel à une action collective pour maintenir les échanges de denrées alimentaires entre pays.
Plus largement, l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les marchés des produits de base pourrait entraîner des changements à plus long terme : renchérissement du coût des transports du fait de contraintes supplémentaires lors du franchissement des frontières ; alourdissement des coûts commerciaux, en particulier pour les produits agricoles et alimentaires et pour les textiles ; et conséquences sur les échanges et les prix mondiaux des décisions de stocker certaines matières premières.
Les marchés émergents et les pays en développement dépendants des produits de base seront les plus exposés aux répercussions économiques de la pandémie. En plus du coût sanitaire et humain qu’ils devront supporter, et des conséquences du ralentissement économique mondial, la baisse de la demande d’exportations et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement vont peser lourd sur l’économie de ces pays.