Aucun pays ne peut réaliser son potentiel économique complet sans une participation équitable des hommes et des femmes. Au cours des dernières années, Haiti a réalisé des progrès importants en vue de faciliter l’accès aux femmes au marché du travail. La lutte pour l'égalité des sexes étant un processus à long terme, le gouvernement, la société civile, les organisations internationales, entre autres doivent s’impliquer pour entamer des réformes nécessaires et favoriser une participation des femmes dans la croissance économique et sociale.
Le dernier rapport de la Banque mondiale « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit » publié en 2020, informe que dans le monde, les femmes ne jouissent que de 75% des droits légaux des hommes. Haiti réalise un score de 61.3 sur 100 dans ce classement qui prend en compte le cadre légal et les réformes mises en œuvre pouvant faciliter aux femmes d’accéder à des emplois ou à monter leurs propres entreprises.
Dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars, cinq professionnelles haïtiennes évoluant dans les divers secteurs du développement relatent leur contribution ainsi que les obstacles qu’elles ont affronté à cause de leur genre.
Après 17 ans de carrière comme représentante d’une firme internationale en Haiti, MyrtVildon a lancé les Industries Glory, la seule compagnie de confection de papier toilette en Haiti. En plus de créer des emplois directs et indirects, sa compagnie participe au renforcement des conditions d’assainissement au sein des ménages.
· Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de l’entreprenariat ?
J'étais auparavant agent exclusif en Haïti d'une entreprise internationale durant 17 ans. J’avais rempli ce poste avec beaucoup de passion, qui a conduit au succès du positionnement au premier rang de la marque en question sur le marché haïtien.
A la suite d’un contentieux, je me suis embarquée vers la réalisation d’un rêve caressé depuis mon plus jeune âge. Rêve de réduire la rareté du papier toilette dans la communauté haïtienne. Ce rêve est devenu réalité plus de quatre décennies plus tard, avec la fondation de Glory Industries. L’entreprise fabrique des papiers toilette et serviettes de table localement, pour desservir la population haïtienne.
Glory Industries fournit aux ménages haïtiens des produits d'hygiène en papier tissue à moindre coût, auparavant inaccessibles à 40% de la population. Ces produits, ayant été précédemment importés à 100%, trop chers pour convenir au budget de la plupart des habitants.
· Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur
La conception de rouleaux de papiers toilettes minuscules, entre autres tailles, a permis à Glory Industries de répondre aux besoins de tous niveaux de revenus de consommateurs. Nos plus petits rouleaux pèsent aujourd'hui 30 grammes, ce qui les rend plus accessibles et encourage leur utilisation dans les ménages à faibles revenus.
Nous sommes fiers de contribuer à :
1. Un changement des habitudes d’hygiène au sein de la communauté haïtienne
2. Un mode de vie plus sain, plus heureux et plus digne dans les ménages
3. Une saine alternative à une grande part de la population, en guise de l’utilisation des moyens traditionnels (journaux, cahiers, pierres, chiffons, feuilles, rivière, etc.)
4. Nous maintenons une constante sensibilisation à l'hygiène grâce à l'éducation, au lavage des mains gratuit, aux stratégies de développement de nos produits.
5. Nous promouvons l'autonomisation financière des femmes en micro-finançant des vendeuses ambulantes de nos produits, ainsi que des étudiants.
6. Nous créons des emplois directs et indirects, contribuons à l'amélioration de l'économie haïtienne.
· Comment voyez-vous le développement de carrière pour une jeune femme entrepreneure aujourd’hui ?Les moments difficiles créent les meilleures opportunités d’investissements. Malgré les diverses contraintes aggravées par la raréfaction des moyens de financements que confronte aujourd’hui le secteur des affaires en Haïti, une jeune entrepreneure ne devrait pas baisser les bras. Elle peut entretemps se focaliser sur le montage de son projet, sa formation pour améliorer ses connaissances, ses capacités, aux fins de mieux saisir les opportunités quand elles se présenteront et pourvoir à la concrétisation et au succès de son objectif au moment opportun. Elle doit aussi s’armer de passion, de patience de persévérance pour aboutir au succès qui ne vient pas toujours en ligne droite. Elle doit se préparer à surmonter les défis.
Depuis 2006, Daniella développe des plans d’entreprises dans différents secteurs. Avec d’autres partenaires, elle a mis en place une Chambre de Commerce dédiée aux femmes qui facilite la formation à plus d’un millier de femmes entrepreneures sur le montage de plans d’affaires.
- Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de l’entreprenariat ?
Je suis issue d’une famille d’entrepreneur(e)s, mes deux parents investissaient dans le mahogany ; traitement du bois pour en faire des pièces originales qui sont vendues aux touristes (qu’on appelait communément blancs). C’était une entreprise familiale.
- Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur
Ce que je peux dire c’est que je suis une travailleuse acharnée. Je crois qu’il n’y aucune limite à ce que je peux faire et c’est pour cela que je m’entoure toujours des meilleurs techniciens-nes pour mieux avancer.
Je vais dire que mon succès est le fait de permettre à certaines personnes de construire leur rêve en apportant mon grain de sel. C’est pour cela que je crois que mon plus grand succès jusqu’à aujourd’hui est la création de la plateforme Dofen qui, de jour en jour, se positionne comme un empire pour l’épanouissement et l’autonomisation des femmes. En moins de deux ans d’existence, Dofen a créé l’espoir chez des centaines de jeunes femmes et leur a donné l’envie, la motivation et la détermination de créer leur propre entreprise qui fonctionne, créant de l’emploi et de la richesse. Et je suis convaincue que nous n’avons même pas parcouru 1% de notre course. C’est pour vous dire que notre vision est grande et je suis ouverte à discuter avec tout monde pour changer positivement les choses en nous appuyant sur le potentiel insoupçonné de plus de la moitié de la population. Je crois que Dofen sera l’un des fers de lance de la révolution agissante et positive féminine en Haïti.
- Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur
Ce que je peux dire c’est que je suis une travailleuse acharnée. Je crois qu’il n’y aucune limite à ce que je peux faire et c’est pour cela que je m’entoure toujours des meilleurs techniciens-nes pour mieux avancer.
Je vais dire que mon succès est le fait de permettre à certaines personnes de construire leur rêve en apportant mon grain de sel. C’est pour cela que je crois que mon plus grand succès jusqu’à aujourd’hui est la création de la plateforme Dofen qui, de jour en jour, se positionne comme un empire pour l’épanouissement et l’autonomisation des femmes. En moins de deux ans d’existence, Dofen a créé l’espoir chez des centaines de jeunes femmes et leur a donné l’envie, la motivation et la détermination de créer leur propre entreprise qui fonctionne, créant de l’emploi et de la richesse. Et je suis convaincue que nous n’avons même pas parcouru 1% de notre course. C’est pour vous dire que notre vision est grande et je suis ouverte à discuter avec tout monde pour changer positivement les choses en nous appuyant sur le potentiel insoupçonné de plus de la moitié de la population. Je crois que Dofen sera l’un des fers de lance de la révolution agissante et positive féminine en Haïti.
- Après tant d’années d’expérience, pourquoi conseillerez-vous à d’autres jeunes femmes d’intégrer le secteur de l’entreprenariat ?
Il y a quatre ans j’ai mis ensemble un groupe de femmes entrepreneures et professionnelles sur le projet de doter Haïti d’une Chambre de Commerce dédiée aux femmes. Depuis nous avons facilité la formation de plus d’un millier de femmes entrepreneures partout sur le territoire. Une centaine de plans d’affaires et certains ont eu accès aux prêts chez nos partenaires. Je crois que le développement d’Haïti doit passer par l’accès aux mêmes opportunités à toutes et tous. Nous travaillons avec beaucoup de détermination et d’engagement pour la création d’un fonds, le « Fonds Industriel des Femmes Entrepreneures ». Cet outil va permettre aux femmes de se verser dans des secteurs porteurs afin de pouvoir participer activement à un autre niveau dans la création d’emplois et de richesses.
- Comment voyez-vous le développement de carrière pour une jeune femme entrepreneure aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les opportunités sont multiples en particulier avec les nouvelles technologies et l’internet.
Je crois que la prochaine décennie sera celle des femmes « Le futur est féminin ». J’encourage les jeunes femmes à se former et à investir les métiers généralement réservés aux hommes et de créer des entreprises dans ces domaines. Je les encourage à se verser dans les nouvelles technologies car certains métiers vont sans doute disparaitre dans 20 ans ou du moins dans leur forme actuelle.
Spécialiste en pédiatrie, Dr Pierre-Louis s’est imposée dans le domaine de la santé publique en participant, à succès, à plusieurs campagnes de sensibilisation et de prévention contre des maladies, dont le choléra. Depuis 2006, elle est responsable de la Direction de la promotion de la santé et de la protection de l’environnement au sein du Ministère de la Santé publique et de la population.
- Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de la santé ?
Mes parents m´ont rapporté que depuis l´enfance je voulais être médecin. J’ai intégré le secteur public parce que je voulais servir et j’ai eu l’opportunité de le faire dans la ville de Miragoane, située à environ 100 KM de Port au Prince.
- Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur de la santé
Je passais plus de temps à faire comprendre aux parents leur implication dans le traitement de l’enfant, donc l’application de l’ordonnance du médecin. J’ai pu développer le rapprochement avec les parents, une façon de faire dans l’art de communiquer avec eux, c’est de là qu’est venu le succès dans la sensibilisation de la population lors de l’irruption du cholera en Haiti en 2010. En effet mon implication était en lien avec les attributions de la Direction dont j’appartiens. Il faut souligner également que ce succès est du à une bonne coordination entre les différentes entités impliquées dans la lutte pour la prévention de cette maladie.
Un autre succès à signaler se rapporte à la réalisation de la première campagne de déparasitage dans les écoles primaires dans les départements du Sud et de la Grand’Anse, du Nord et du Nord-est de 2004-2006. L’intersectorialité s’est révélée efficace entre le Ministère de la Santé Publique et de la Population ; et le Ministère de l’Education à travers le respect mutuel et des engagements articulés autour de la réussite. L’objectif était commun et nous avions tout mis ensemble pour l’atteindre.
- Avez-vous été témoin ou victime de discrimination basée sur le genre pendant votre carrière ? Si oui, comment avez-vous réagi ?
Oui, certainement. J’ai été personnellement victime et j’ai réagi fermement et en douceur. Quand vous essayez d’être juste sans faire de favoritisme, d’appliquer les règlements, d’aider les plus vulnérables vous butez sur des difficultés ; je n’ai pas eu peur de prendre les décisions qu’il fallait. En fait l’approche compte beaucoup, « des doigts de fer dans un gant de velours »
- Après tant d’années d’expérience, pourquoi conseillerez-vous à d’autres jeunes femmes d’intégrer le secteur de la santé publique en Haïti ?
Je suggèrerais aux jeunes femmes engagées dans le domaine médical de se lancer car les femmes se sont révélées dans plusieurs circonstances de bonnes gestionnaires. Le système de santé a besoin de l’habilité des femmes sensibles aux problèmes de la population particulièrement les plus vulnérables. Cependant c’est une décision difficile, car une telle position demande beaucoup d’engagement, de disponibilité, de savoir-faire, d’abnégation, d’humilité et surtout l’honnêteté.
Gislaine St Germain est arrivée dans le secteur de la passation de marché par hasard. Ingénieure civile de formation elle a été introduite dans la passation de marché en 2004, dans le cadre d’un projet financé par la Banque Interaméricaine de Développement (BID). 16 ans plus de tard, elle est devenue incontournable dans la passation de marché au sein du Ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du Développement Rural.
· Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de la passation des marchés ?
En 2004, j’ai été recrutée, dans le cadre d’un appel à candidature sur un projet financé par la BID, à titre d’ingénieure civile, responsable de la cellule Infrastructures. A cette époque, une grande partie de mon travail consistait à appuyer la Responsable de la section de Passation de marché. C’est au cours de cette collaboration, que j’ai appris les rouages de la passation de marché. Ainsi, lorsque mon mentor a laissé le projet pour convenance personnelle, j’ai été automatiquement désignée comme son successeur, vu que j’avais déjà démontré des aptitudes dans le domaine. Environ dix (10) ans plus tard, j’ai été promue Coordonnatrice de l’Unité de Passation des Marchés Publics (UPMP).
· Parlez-nous un peu de quelques succès que vous avez depuis votre intégration dans le secteur
Mon adaptation rapide, malgré les subtilités qui caractérisent la fonction, a toujours été perçue comme un succès par mes collègues. Néanmoins, je peux évoquer deux témoignages de mes collaborateurs qui m’ont particulièrement marqué depuis mon intégration dans le secteur. D’abord, il y a eu un responsable de projet qui a reconnu que le projet n’avait plus de problème de passation des marchés depuis que mon équipe ait pris en charge la passation de marché. Ensuite je peux relater le témoignage d’un Coordonnateur de projet qui, initialement, était réticent à collaborer avec moi. Cependant, avec le temps, il a déclaré qu’il a constaté que :« ladite Coordonnatrice n’est pas là pour contrarier l’avancement des projets ; au contraire, elle protège les Coordonnateurs de projet en les guidant dans la bonne direction. »
· Après tant d’années d’expérience, pourquoi conseillerez-vous à d’autres jeunes femmes d’intégrer le secteur ?
La passation de marché est non seulement une profession d’avenir mais également un moteur pour le développement. Quelqu’un qui travaille dans ce secteur selon les règles de l’art fait la promotion de l’intégrité, de l’équité, de la transparence et de la saine concurrence ; ces éléments contribuent à la gestion efficace des ressources et, éventuellement, au développement d’un pays.
· Comment voyez-vous le développement de carrière pour une jeune femme dans le secteur de la passation des marchés aujourd’hui ?
La passation de marché offre de bonnes opportunités. Cependant, elle exige à ceux et celles qui la pratiquent un caractère relativement fort car il ne faut pas se laisser influencer. Les jeunes hommes ou jeunes femmes qui veulent intégrer ce secteur doivent se former mais aussi doivent cultiver des valeurs fondamentales telles que : la probité, le respect de soi et d’autrui, etc.
Depuis 20 ans, Rosemène Normil évolue dans le secteur de l’éducation. Elle a formé plusieurs générations en tant qu’institutrice et dans la gestion des infrastructures scolaires. Depuis quelques années, elle appui la direction départementale du Sud du Ministère de l’éducation nationale dans l’implémentation du Projet « Pour une Education de Qualité en Haïti » financé par la Banque Mondiale.
· Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de l’éducation ?
J’ai été durant l’enfance proche d’une famille composée entièrement d’éducatrice et d’éducateurs. L’engagement et le souci de la famille André pour me permettre de recevoir le pain de l’instruction m’ont aidé à comprendre très tôt l’importance de l’éducation. Devenue grande, j’ai aussi compris que c’est le meilleur cadeau ou le plus grand bien que la génération adulte puisse léguer à sa descendance. Telles sont les raisons qui m’ont acheminées sur cette voie. Et, je soutiens le proverbe français qui nous dit : « Sans éducation, l’enfant est orphelin. » (Le dictionnaire des sentences et proverbes, 1892)
· Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur
J’ai intégré formellement la communauté éducative haïtienne depuis déjà 20 ans. J’ai gravi les échelons graduellement passant aux postes de titulaire des deux premiers cycles du fondamental à celui de consultante en Pédagogie, puis directrice d’une institution logeant le fondamental et le secondaire, encadreur pédagogique et en fin consultante en appui à la direction départementale du Sud dans le cadre du Projet pour une éducation de qualité en Haïti (PEQH)* financé par la Banque Mondiale. En tant qu’enseignante, j’ai su mettre du temps de côté pour les apprenants en difficultés et leur fournir l’aide nécessaire pour repousser leurs limites tant au niveau intellectuel que comportemental.
· Parlez-nous de quelques-unes des barrières qui se sont dressées à vous pendant votre carrière à cause de votre genre ?
Le plus souvent les problèmes de genre se posent dans les relations de travail entre homme et femme. Quand on m’a recruté comme directrice, bien que mon profil et mon caractère répondaient mieux au poste, l’employeur avait choisi un homme parce que, dit-elle, le corps professoral était composé de quatre-vingt-quinze pour cent (95 %) d’hommes. Ne voulant pas me perdre, elle a créé un poste pour moi, et l’année suivante, à la suite de certaines difficultés naturelles et administratives, le collègue avait démissionné. Et, c’est à ce moment qu’elle s’est résolue à m’encourager à prendre le poste.
· Après tant d’années d’expérience, pourquoi conseillerez-vous à d’autres jeunes femmes d’intégrer le secteur de l’éducation ?
Souvent on dit si vous voulez faire de l’argent n’emprunter jamais le chemin de l’enseignement. Il y a une part de vérité quand on regarde le salaire offert à un enseignant. Un chauffeur, une ménagère dans une ONG reçoivent un salaire allant jusqu’à 2 et même 3 fois plus qu’une institutrice ou un instituteur. Cette situation décourage quelquefois les jeunes filles ou les jeunes garçons d’embrasser cette carrière. Cependant, quand on pratique ce métier, il ne faut pas voir la gratification en termes de salaire, sinon vous allez être déçus. Il faut le voir en termes de satisfaction personnelle, la reconnaissance de vos élèves, le changement que j’appelle les petits miracles opérés tous les jours et surtout les bénéfices que l’ensemble de la société dans laquelle vous évoluez va bénéficier de ce travail quotidien. En analysant tout cela, j’encourage les jeunes ayant le sens de partage, du travail bien fait, de ne pas hésiter à embrasser l’enseignement comme profession si toutefois vous sentez l’appel.
· Comment voyez-vous le développement de carrière pour une jeune femme dans le secteur aujourd’hui ?
Faire une carrière dans le secteur éducatif pour une jeune femme n’est pas facile. Cependant avec de la volonté, la persévérance et surtout le perfectionnement vous avez de l’espoir. C’est pour cela que je vais reprendre ce que j’avais dit tantôt : elle doit s’imprégner du désir de perfectionnement. Ce que la jeune femme doit savoir elle ne doit pas dire qu’avec mon diplôme, je peux tout faire, c’est faux. Elle doit comprendre que l’éducation en tant que science est dynamique. Les modèles, les paradigmes changent constamment.
Médecin de profession, Yolène Surena commença sa carrière dans la gestion des risques et désastres en 1982 à la Croix Rouge Haïtienne. Aujourd’hui, après des années au poste de responsable de la Direction de la protection civile, Dr Surena est en charge de l’unité d’implémentation des projets en Gestion des risques de désastres financés par la Banque mondiale.
- Qu’est-ce qui vous a conduit dans le secteur de la Gestion des Risques et désastres (GRD) ?
Un constat : Nous perdons à court terme ce que nous avons construit après de longues années de dur labeur. Etant spécialiste en santé publique, je connais l’importance de la prévention. Il nous faut œuvrer à la réduction des risques de désastres si nous voulons développer le pays.
- Parlez-nous un peu de quelques succès enregistrés depuis votre intégration dans le secteur
Mon plus grand succès : la conception et la mise en place du Système national de gestion des risques et désastres en Haïti, voir évoluer positivement ce système et de noter que les options que nous avions considéré au moment de lancer cette initiative, plus de 20 ans après, même à l’échelle mondiale, restent d’actualité.
Ensuite, je pourrai citer le fait d’avoir été capable de contribuer et de m’adapter à l’évolution des concepts propres à la mitigation des risques, de contribuer à doter le pays d’outils pour la compréhension et la prise de décision en matière de Gestion de risque et au développement des stratégies de prévention au niveau national. Je suis heureuse de noter, que la réduction des risques de désastres s’institutionnalise de manière irréversible, et est prise en compte de plus en plus dans nos politiques, nos programmes et projets.
- Avez-vous été témoin ou victime de discriminations basées sur le genre pendant votre carrière ? Si oui, comment avez-vous réagi ?
Plus d’une fois. Des femmes n’ont pas accédé à des fonctions parce que les décideurs, même lorsqu’il s’agit de femmes, malheureusement, les relèguent à des postes secondaires. Aujourd’hui encore, je dois m’assurer que les femmes dans le système nationale ne soient pas victimes de stéréotypes. Comment j’ai réagi, comment je réagis ? J’ai été une militante active pour le respect des droits de la femme. Coordonnatrice de groupements de femmes, j’ai pris à cœur la défense de leurs droits. Aujourd’hui, je ne suis plus présente dans les manifestations publiques, marches ou autres formes et luttes actives. Mais, je veille, quotidiennement, à la prise en compte du genre dans toutes les actions en GRD et quand le cas se présente, j’assiste, en fonction de mes possibilités, les victimes de discrimination.
- Comment voyez-vous le développement de carrière pour une jeune femme dans le secteur de la gestion des risques de désastres aujourd’hui ?
Le travail en GRD demande de l’engagement, un grain de passion. Ce n’est pas un travail à horaire fixe. Les situations de crises ne sont pas toujours prévisibles. Il faut être prêt. Comme pour toute carrière, il faut rechercher l’harmonie entre sa vie sociale et sa carrière.
- Que faudrait-on faire pour améliorer l’environnement de travail pour que les jeunes femmes se sentent confortables dans le secteur ?
Brièvement, je pense qu’il faut veiller à toujours les impliquer dans les prises de décisions et être à l’écoute de leurs idées et préoccupations, prendre en compte leurs besoins.
Il faut reconnaitre leurs potentiels et leur confier des responsabilités en fonction de leurs capacités évidemment, leur offrir des possibilités de formation et de renforcement continu de leur aptitude.
Dernière mise à jour: 06 mars 2020