Alors que la décennie touche à sa fin, il faut se réjouir des avancées obtenues dans le monde sur de nombreux fronts. Les pays les plus pauvres sont parvenus à développer l'accès à l'électricité, à l’eau et à l’assainissement. Les taux de pauvreté et de mortalité infantile ont fortement décliné. Et la technologie a connu une telle expansion que le nombre de téléphones portables dépasse à présent celui des habitants sur Terre. Mais cette décennie est aussi marquée par des records dramatiques. En 2019, le nombre de personnes déplacées contre leur gré a atteint un niveau inédit dans l’histoire. La concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée, tandis que la biodiversité recule toujours plus vite. Nous vous proposons d’entrer dans l'année 2020 avec une sélection de graphiques qui illustrent les progrès accomplis et les défis qu’il nous reste à relever.
Plus d’un tiers de la population mondiale vivait dans l'extrême pauvreté il y a 30 ans. Aujourd’hui, moins de 10 % des habitants dans le monde vivent avec moins de 1,90 dollar par jour. , selon une nouvelle analyse de la Banque mondiale. Il s’agit des pays qui ont connu la plus forte réduction du taux d’extrême pauvreté parmi un échantillon de 114 pays disposant de données comparables. Sept d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne, dont deux considérés comme des États fragiles, illustrant ainsi qu’il est possible de réduire la pauvreté même dans les circonstances les plus difficiles.
Selon les données les plus récentes, : l’Inde, le Nigéria, la République démocratique du Congo (RDC), l’Éthiopie et le Bangladesh. Afin de réduire l'extrême pauvreté à l'échelle mondiale, il est crucial d'accélérer les progrès dans ces cinq pays et plus généralement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, où sont concentrées 85 % (629 millions d’habitants) des personnes vivant dans l'extrême pauvreté dans le monde.
En septembre 2019, à la veille de la tenue du Sommet Action Climat de l’ONU à New York, des millions de citoyens dans plus de 150 pays du monde sont descendus dans la rue pour appeler à une action urgente contre le changement climatique. Ils étaient 500 000 à manifester à Madrid en décembre à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25). Dans le même temps, des réformes sur le prix de l’énergie, du transport et de l’alimentation ont provoqué d’importantes manifestations dans diverses parties du monde.
: ces dispositifs permettent de stimuler un développement sobre en carbone, de garantir le principe du pollueur-payeur et d’assurer une répartition équitable des coûts et des bénéfices, évitant ainsi de pénaliser les populations vulnérables. Plus de la moitié des pays (96 sur 195) ont indiqué avoir prévu ou envisager le recours à la tarification du carbone en vue d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés dans le cadre de leurs contributions nationales à la réduction des émissions. À ce jour, 57 initiatives de ce type couvrant 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont déjà opérationnelles ou planifiées. Il sera primordial, pour la réussite de ces mesures, de déterminer le meilleur usage à faire des recettes engrangées (environ45 milliards de dollars au total en 2018) et de définir leur finalité : garantir une transition juste, réduire la fiscalité sur les revenus du travail ou encore augmenter les dépenses publiques dans des domaines prioritaires et critiques.
Entre 2010 et 2017, le nombre d’habitants dans le monde privés d’accès à l'électricité a chuté de 1,2 milliard à 840 millions, selon le rapport de suivi 2019 de l’ODD 7. , et, parmi les 20 pays affichant les taux les plus faibles, ce sont le Bangladesh, le Kenya et le Myanmar qui ont enregistré les plus grandes avancées.
Beaucoup vivent encore sans électricité dans les zones rurales et en Afrique subsaharienne, où 573 millions de personnes en sont privées. Les solutions hors réseau, telles que les mini-réseaux et les systèmes solaires domestiques, permettent notamment de connecter les ménages les plus pauvres et les plus isolés. Environ 120 millions de personnes dans le monde ont accès à l'électricité grâce à des lanternes solaires. Quelque 47 millions de personnes sont connectées à des systèmes à petite échelle de production et de distribution d’électricité qui fonctionnent indépendamment du réseau électrique national (« mini-réseaux »). Afin de développer les sources d'énergie renouvelables à grande échelle, la Banque mondiale a mis sur pied un partenariat international destiné à étendre des solutions de stockage de l’énergie indispensables pour intégrer l’énergie solaire et éolienne aux réseaux électriques. Ce programme se donne pour objectif de tripler la capacité de stockage actuellement disponible dans les pays en développement pour la porter à 17,5 gigawatts/heure d’ici à 2025.
La biodiversité recule à un rythme inégalé dans l’histoire de l'humanité. , dont un grand nombre d’entre elles au cours des prochaines décennies, selon l’état des lieux mondial dressé par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Le taux actuel d'extinction des espèces dans le monde est des dizaines voire des centaines de fois plus élevé qu’au cours des dix derniers millions d'années, et ce déclin est principalement imputable aux activités humaines, au premier rang desquelles figurent les changements d’usage des terres et de la mer, l’exploitation directe de certains organismes, les changements climatiques, la pollution et la présence d’espèces exotiques envahissantes.
Alors que la biodiversité est à la base d’un grand nombre de services procurés à l'espèce humaine par l’environnement, son recul a des effets délétères sur les moyens de subsistance, l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire des populations, ainsi que sur leur résilience aux épisodes climatiques extrêmes. Si l’on n’agit pas maintenant pour préserver et exploiter plus durablement la nature, la réalisation de nombreux objectifs mondiaux de développement est compromise (a), à savoir en particulier ceux qui concernent la pauvreté, la faim, la santé, l'eau, les villes, le climat, les océans et les sols.
Faire enregistrer la naissance d’un enfant lui confère une identité au regard de la loi. C’est un sésame qui lui donnera accès à la santé, à l'éducation, aux services sociaux et, à l’âge adulte, à l’emploi. Dans un monde où il est de plus en plus indispensable de pouvoir justifier de son identité, Les statistiques (a) montrent que les enfants non déclarés sont issus en général des ménages les plus pauvres, qu’ils vivent en milieu rural et que leurs mères ne sont pas allées à l'école ou qu’elles possèdent un niveau d’instruction formelle peu élevé. À l'échelle mondiale, les enfants des zones urbaines ont environ 30 % de chances en plus d’être déclarés que ceux vivant en zones rurales.
La situation s’est cependant nettement améliorée au cours des 20 dernières années, et plus particulièrement durant la décennie écoulée. La proportion d’enfants de moins de cinq ans dont la naissance a été déclarée a progressé de près de six sur dix en 2000 à trois sur quatre aujourd’hui. Sans ces avancées, le nombre d’enfants « invisibles » aurait atteint 266 millions. Toutefois, avertit l’UNICEF, si les progrès ne s'accélèrent pas, le nombre total d’enfants non déclarés en Afrique subsaharienne continuera d’augmenter et dépassera les 100 millions en 2030.
, ce qui, à l’échelle d’un pays, se traduit par une incapacité à se doter des savoirs et savoir-faire nécessaires pour les emplois de demain. Afin de mettre en lumière cet enjeu, la Banque mondiale a élaboré un nouvel indicateur qui mesure le pourcentage d’enfants qui ne sont pas en mesure de lire et comprendre un texte simple à l’âge de dix ans (a). Le taux de « pauvreté des apprentissages » se situe en moyenne à 53 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire et il atteint 89 % dans les pays pauvres. Au rythme de progression actuel, 43 % des enfants de dix ans dans les pays en développement ne maîtriseront toujours pas la lecture en 2030. Il faut donc accélérer la cadence. C’est pourquoi la Banque mondiale a fixé une nouvelle cible : réduire au moins de moitié la pauvreté des apprentissages dans le monde à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, il faut que tous les pays parviennent à améliorer les acquis scolaires à la hauteur des résultats obtenus par les pays les plus performants entre 2000 et 2015, ce qui suppose en moyenne de tripler le rythme de progression mondiale.
Où seront les emplois de demain ? Au vu des tendances actuelles, dans les services, qui sont depuis le début des années 2000 le secteur le plus pourvoyeur d’emplois dans le monde. Si, à l’échelle mondiale, les services occupent 49 % de la main-d’œuvre, cette proportion atteint 75 % dans les pays à revenu élevé, mais seulement 26 % dans les pays à faible revenu, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). Le nombre d’emplois dans les services marchands (secteur privé) a doublé depuis 1997 dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Les activités commerciales de gros, de détail et de réparation vont tirer la création d’emplois dans les pays en développement entre 2017 et 2025, tandis que les emplois dans l'immobilier et les services aux entreprises devraient progresser à la fois dans les pays à revenu intermédiaire et les pays développés. Les emplois liés à l'hôtellerie et à la restauration sont appelés à se développer à des degrés divers dans l'ensemble des économies, prévoit aussi l’OIT.
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Les trois premiers se sont soldés par une crise financière dans un grand nombre d'économies émergentes et en développement. La dernière vague d’endettement, qui enfle depuis 2010, est sans précédent par son ampleur, sa rapidité et son caractère généralisé, alerte un nouveau rapport intitulé Global Waves of Debt. Le poids de la dette par rapport au PIB dans l’ensemble des économies émergentes et en développement a bondi de 54 points de pourcentage pour atteindre un pic historique de près de 170 % en 2018. Même si le contexte actuel de taux d'intérêt bas limite en partie les risques liés à un fort endettement, ces pays sont confrontés à une conjoncture marquée par des faibles perspectives de croissance, des vulnérabilités grandissantes et des risques mondiaux importants. Ils disposent cependant d’un certain nombre de possibilités d’action pour empêcher que l’actuelle vague d'endettement débouche sur une crise et, le cas échéant, atténuer ses effets.
Le nombre de personnes déplacées contre leur gré a atteint le chiffre de 70,8 millions en 2018, dont un nombre sans précédent de 25,9 millions de réfugiés, 41,3 millions de déplacés à l’intérieur de leur pays et 3,5 millions de demandeurs d’asile. Depuis 2011, le nombre d'individus sollicitant une protection internationale hors des frontières de leur pays a augmenté de 70 %. En 2018, 67 % des réfugiés étaient originaires de cinq pays : la République arabe syrienne, l’Afghanistan, le Soudan du Sud, le Myanmar et la Somalie. Entre 2016 et novembre 2019, plus de 4,6 millions de personnes ont fui le Venezuela, pour s’installer principalement en Colombie, au Pérou et en Équateur. Le Groupe de la Banque mondiale intensifie fortement ses financements pour les pays en proie à la fragilité, au conflit et à la violence, y compris à travers un dispositif dédié aux réfugiés et aux communautés d’accueil, pour les porter à plus de 20 milliards de dollars, tout en collaborant avec les Nations Unies pour faire face aux situations de crise prolongée ou de sortie de crise.
Le montant de ce que l’on appelle les « remises migratoires » devrait atteindre 551 milliards de dollars dans les pays à revenu faible et intermédiaire en 2019, soit une progression de 4,7 % par rapport à l'année précédente 2018. Poursuivant une tendance enclenchée depuis le milieu des années 1990, les envois de fonds des migrants sont aujourd’hui trois fois plus importants que l’aide publique au développement (APD). Et ils sont en passe de devancer les investissements directs étrangers cette année. Au Tonga, au Kirghizistan, au Tadjikistan, en Haïti et au Népal, ces transferts d’argent représentent, voire dépassent actuellement 25 % du PIB.
En quelques décennies seulement, la révolution numérique s’est étendue aux quatre coins du globe. Dans les pays en développement, les ménages qui possèdent un téléphone portable sont plus nombreux que ceux qui ont accès à l’électricité ou à des équipements sanitaires améliorés. Les plateformes numériques ont favorisé un accès à l’information sans précédent et permis l'émergence d’innovations économiques comme la banque mobile. Elles ont aussi contribué à l’essor de « chaînes de valeur mondiales » pour la production de biens et de services et, ce faisant, à une hausse du PIB dans de nombreux pays en développement. Alors que la téléphonie mobile s’est généralisée dans le monde entier, l'accès à l’internet et au haut débit reste faible dans nombre de ces pays. Une nouvelle stratégie se donne pour objectif de doubler la connectivité d’ici à 2021 et d’aider le continent à atteindre un accès universel à l'horizon 2030.
Le nombre de cas de rougeole déclarés dans le monde a bondi de 300 % au 5 novembre 2019 par rapport à la même période de l’année précédente, selon des données préliminaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À cette date, 413 308 cas ont été signalés dans le monde, contre 333 445 cas au total en 2018. À l'échelle mondiale, le taux d’immunisation chez les enfants âgés de 12 à 23 mois a progressé de 70 % en 1993 à 86 % en 2018. En décembre 2019, la Banque mondiale a fourni 3,5 millions de dollars au Samoa afin de soutenir l’action d’urgence contre une épidémie de rougeole (a) d’une ampleur grandissante. Cette aide est venue s’ajouter à un don de 9,3 millions de dollars destiné à renforcer le système de santé d’un pays qui a vu la couverture vaccinale de la rougeole chuter de 58 à 31 % entre 2017 et 2018.
À l'échelle mondiale, le taux d’immunisation contre cette maladie chez les enfants âgés de 12 à 23 mois a progressé de 70 % en 1993 à 86 % en 2018. Pour autant, 169 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu la première dose du vaccin contre la rougeole entre 2010 et 2017, soit une moyenne de 21,1 millions d’enfants par an. En 2018, les pays les plus touchés étaient le Libéria, Madagascar, la République démocratique du Congo, la Somalie et l’Ukraine, tandis que plus de 140 000 personnes sont mortes de la rougeole dans le monde selon l’OMS.
Les deux dernières décennies ont été marquées par des avancées considérables dans nombre de pays figurant parmi les plus pauvres du monde. Le taux d'extrême pauvreté a été ramené à environ 30 %, contre plus de 50 % auparavant. Le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est passé de près de 14 à 7 %. Le taux d’accès à l'électricité a augmenté de 57 %, tandis que la proportion de personnes disposant de services d’eau potable et d'assainissement de base a augmenté respectivement de 22 et 41 %.
Au sein du Groupe de la Banque mondiale, Depuis 1960, l’IDA a fourni plus de 391 milliards de dollars pour des investissements dans 113 pays. Lors de la dernière reconstitution des ressources de l’IDA, le 13 décembre 2019, la communauté internationale s’est engagée à mobiliser 82 milliards de dollars afin d’aider les 76 pays les plus pauvres du monde à investir pour répondre aux besoins de leur population, stimuler la croissance économique et renforcer la résilience aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles.