KINSHASA, 13 mai 2019 ― Et dire que ces sept joyeux lurons ne se connaissaient même pas il y a quelques semaines ! Les voilà unis par un même combat contre l’épidémie du virus Ebola qui sévit depuis près d’un an à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Leur arme : le numérique. Emmanuel Tende, Ursula Dikamba, Aurore Beia, Israël Basilua, David Malaba, Joel Ambu et Maria Kavilako, jeunes étudiants congolais d’une vingtaine d’années, ont remporté le premier hackathon organisé à Kinshasa sur le thème d’Ebola et vont bénéficier d’un appui de la Banque mondiale pour finaliser leur projet.
Organisé en mars 2019 par le ministère de la santé, Kinshasa Digital et Internews à l’occasion du lancement de l’Agence nationale d’ingénierie clinique d’information et d’informatique de santé (ANICiiS), le hackathon visait à « identifier des talents parmi les générations futures ». Pour une raison très simple : « la création d’une agence de transformation digitale dans le secteur de la santé publique nécessite des ressources humaines qualifiées et professionnelles qui ont une réelle maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication », explique Jessica Ilunga, chargée de communication au ministère de la santé et co-organisatrice du hackathon.
Une cinquantaine d’étudiants en communication, journalisme, médecine et informatique regroupés en équipes multidisciplinaires de cinq à sept personnes chacune ont donc planché 24 heures durant sur le sujet suivant : « Comment les équipes de lutte contre Ebola peuvent-elles mieux utiliser les nouvelles technologies pour atteindre leurs objectifs de communication aux niveaux local, national et international ? ». Chaque équipe a ensuite présenté en cinq minutes sa solution devant un jury d’experts dans les domaines de la santé et du numérique. Les lauréats ont été primés lors de la clôture de Kinshasa Digital Week, le plus grand forum du numérique en RDC, dont la deuxième édition s’est tenue mi-avril 2019 à Kinshasa.
Emmanuel, Ursula, Aurore, Israël, David, Joel et Maria ont gagné avec leur projet de création de Lokole, une application mobile de données de service supplémentaires non structurées (USSD). L’objectif ? Envoyer et recevoir en temps réel des données et des informations entre la population et les équipes de lutte contre Ebola. « Nous avons donné ce nom à notre application parce que le lokole est un tambour traditionnel utilisé dans différentes provinces du Congo comme instrument de musique, mais aussi comme outil de transmission de messages », explique Aurore Beia, 23 ans, étudiante en médecine et membre de l’équipe.
L’application Lokole permet aux relais communautaires de reconnaître les symptômes d’Ebola que présenterait une personne, en répondant à un questionnaire. Ils peuvent ensuite alerter une équipe d'intervention si nécessaire. L’équipe de coordination de la riposte à Ebola reçoit simultanément toutes les alertes et peut les transférer, toujours via Lokole, aux équipes de terrain. Un rapport final est transmis au ministère de la santé. Ainsi, « Lokole fait le pont entre la population et les relais communautaires, entre les relais communautaires et les agents de la riposte, et entre les agents de la riposte et le ministère de la santé », résume Aurore.