Candide Leguede est à la tête de la société ARCANDIA Immobilier et Services, qu’elle a fondée voici pratiquement 20 ans. La société est l'intermédiaire clé sur le marché de l’immobilier au Togo. Soucieuse de partager son expérience avec d’autres femmes, et en particulier d’aider les jeunes entrepreneuses, la chef d’entreprise a créé INNOV’UP, le « centre entrepreneurial des femmes d’affaires du Togo ». Cette structure, dotée d’un incubateur dédié aux start-up féminines, est la première du genre en Afrique de l’Ouest.
« La contribution des femmes à l’économie n’est plus à démontrer », témoigne Candide Leguede. « Le Togo dépend fortement de son secteur informel, où 48 % des activités sont menées par les femmes. Et même si de plus en plus de PME sont dirigées par des femmes, celles-ci se heurtent toujours à des obstacles spécifiques quand elles se lancent dans la création d’une entreprise. » Avec un financement du PNUD, Candide Leguede a monté INNOV’UP dans le but d’encourager l’entrepreneuriat féminin mais aussi de faciliter la transition des femmes vers l’économie formelle.
Pour Candide Leguede, l’entreprise joue un rôle clé dans la création de richesse et d’emplois. C’est pourquoi elle plaide pour un soutien au plus près du terrain au service d’un développement sans exclus. Insistant sur l’importance du secteur informel dans l’économie togolaise, elle préconise d’identifier les synergies entre les différents acteurs de l’écosystème, pour que tout le monde puisse en profiter. « L’appui aux infrastructures est essentiel. L’État devrait envisager de soutenir les initiatives entrepreneuriales par des subventions et des dotations annuelles ou bien créer un fonds d’investissement qui réponde aux véritables besoins des femmes chefs d’entreprise. Autrement dit, un fonds dédié à l’entrepreneuriat féminin. »
Candide Leguede sait que l’éducation est un autre frein à l’émancipation des femmes. Tout comme la vision traditionnelle de leur place dans la société. « Cela s’ajoute aux problèmes d’accès au financement. Sans compter que cela conduit les femmes à craindre la prise de risques et à manquer d’estime de soi, deux facteurs qui sont autant de blocages à l’essor d’entreprises concurrentielles dirigées par des femmes. »
Il faut faire entendre un discours plus valorisant pour les femmes entrepreneures et l’accompagner de politiques adaptées. Candide Leguede souligne l’importance de la confiance en soi, en observant que les femmes togolaises tardent à s’affirmer comme des acteurs économiques à part entière : « Alors qu’elles jouent un rôle clé dans l’économie et qu’elles possèdent un potentiel incroyable, elles sont encore trop timorées. » C’est précisément parce qu’elle avait conscience de ces limites que la chef d’entreprise a voulu créer une pépinière destinée aux femmes et répondant à leurs difficultés spécifiques.
« Nous avons entre autres objectifs de faire évoluer les mentalités des femmes », ajoute-t-elle. « INNOV’UP propose désormais des programmes gratuits d’accompagnement et de sensibilisation des femmes, jeunes et moins jeunes. »
Candide Leguede estime personnellement que les qualités féminines ont fait de son sexe et de son âge des atouts dans sa carrière : « Leur intelligence émotionnelle et leur compréhension sociale sont des ressources précieuses pour les femmes qui créent une entreprise. Regardez les chiffres : les entreprises féminines font en général moins faillite que celles dirigées par un homme, avec un rapport de 21 à 48 %. »
Fondamentalement, Candide Leguede se bat parce qu’elle a confiance dans les capacités des femmes de son pays : « Le nombre de femmes entrepreneures ne cesse d’augmenter, et de plus en plus de femmes sont au cœur de nouvelles branches d’activité au Togo. Quels que soient les obstacles à relever, les femmes sont d’excellentes gestionnaires. »