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ARTICLE 22 janvier 2019

Mieux soigner les générations futures en Haïti

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Une femme enceinte en consultation à l l’Hôpital communautaire de référence de la ville de Trou du Nord.


L’ambiance est conviviale dans la salle d’attente de la maternité de l’Hôpital communautaire de référence de la ville de Trou du Nord, au nord-est d’Haïti.  Une vingtaine de femmes sont là pour leur suivi de grossesse. Parmi elles, Choumane Hilaire, vingt ans, est à 4 semaines de son terme.

« Quand j’ai appelé ma tante pour lui annoncer ma grossesse, elle m’a tout de suite conseillée de venir dans cet hôpital pour mon suivi. Au début, je n’étais pas convaincue parce que je craignais de ne pas pouvoir payer les frais médicaux. Quand je suis arrivée ici, j’ai été étonnée de voir que les coûts étaient abordables. J’ai aussi beaucoup apprécié l’accueil et la qualité du service » raconte-t-elle.

Pour améliorer l’accès au service de santé primaire, le gouvernement haïtien, soutenu par la Banque Mondiale, a décidé en 2013, de mettre en place le Projet d’Amélioration De La Santé Maternelle Et Infantile Au Travers Des Services Sociaux Intégrés (Pasmissi). Ce projet vise à fournir des services de qualité, à un coût abordable, aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans dans les départements appelés Nord-est, Nord-ouest, Centre et Sud. Aujourd’hui c’est grâce à cela que Choumane peut bénéficier d’un suivi de grossesse de meilleure qualité dans sa ville de Trou du Nord.

Malgré des progrès pour certains indicateurs de santé comme l’augmentation de l’espérance de vie et la diminution de moitié de la mortalité infantile et maternelle entre 1990 et 2015, Haïti fait face à de nombreux défis en matière de santé. La mortalité infantile et maternelle reste quatre à cinq fois plus élevée que pour l’ensemble de la région Amérique latine et Caraïbes.

Investir dans la santé pour renforcer le capital humain

L’amélioration de l’accès aux soins de santé de qualité, constitue un investissement direct dans le capital humain. Haïti figure au 112e rang au niveau mondial dans l’indice du capital humain. Cet indice mesure le niveau de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui est susceptible d’atteindre d’ici ses 18 ans, compte tenu des services de santé et d'éducation dans son pays. Il mesure la distance qui sépare un pays d’une situation optimale de scolarisation et de santé.

Dans le cas d’Haïti, la difficulté à accéder à des  soins et à une éducation de qualité, en partie due au manque de financement des services sociaux de base, entrave le capital humain du pays. Les enfants qui naissent aujourd’hui ont un potentiel de génération de revenus à l’âge adulte évalué à 45% de ce qu’ils auraient pu obtenir s’ils avaient eu une éducation complète et jouissaient d’une bonne santé.

 


« Nous avons amélioré l’offre de soins, la couverture de santé, notamment dans les milieux ruraux, ainsi que la qualité de l’accueil dans les structures dont le financement est basé sur les résultats. »
Dr Jean-Denis Pierre
Directeur du Ministère de la Santé Publique en charge du département Nord-est

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Choumane Hilaire, enceinte de 8 mois, est suivie à l’Hôpital communautaire de référence de la ville de Trou du Nord.


Un financement basé sur les résultats

Dans l’hôpital communautaire de la ville de Trou du Nord et les autres structures de santé financées par le projet, l’appui financier reçu est indexé au nombre de personnes prises en charge au cours d’une période donnée. « C’est une révolution du système de santé » souligne le directeur du Ministère de la Santé Publique en charge du département Nord-est, Docteur Jean-Denis Pierre. « Nous avons amélioré l’offre de soins, la couverture de santé, notamment dans les milieux ruraux, ainsi que la qualité de l’accueil dans les structures dont le financement est basé sur les résultats », poursuit-il.

Le financement basé sur les résultats devient, petit à petit, la politique nationale de financement privilégiée par le secteur de la santé publique en Haïti. Depuis sa mise en place dans l’Hôpital Communautaire de Référence de Trou du Nord, une hausse de 22 % d’accouchements institutionnels a été enregistrée entre 2016 et 2018. Ces femmes bénéficient de l’assistance de professionnels de santé capables de diagnostiquer toute éventuelle complication qui pourrait survenir au moment de l’accouchement. Il s’agit de premiers résultats encourageants. Plus d’investissements dans les soins de santé primaires ainsi qu’une meilleure allocation des dépenses publiques restent nécessaires pour améliorer l’accès aux soins pour tous les Haïtiens.

Pour que l’enfant de Choumane et tous ceux de sa génération, aient de meilleures chances d’être en bonne santé à l’âge adulte et de voir leur niveau de productivité plus élevé que celui de leurs ainés, il est essentiel d’investir dans le capital humain du pays.


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