Gérer le patrimoine naturel ensemble
Un projet financé par le Fonds pour l’environnement mondial à hauteur de 4,2 millions de dollars a permis d’expérimenter des méthodes innovantes qui améliorent à la fois l’environnement et les conditions de vie des cultivateurs. Mis en œuvre par le ministère burundais de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage, le projet d’aménagement durable des zones de caféiculture a bénéficié de la collaboration de différents organismes pour mener à bien tout l’éventail des activités concernées : certification du café, gestion des réserves naturelles, soutien à la production sous couvert forestier, réglementation du secteur, recherche et formation. Ensemble, ces organismes ont donné des moyens d’action aux communautés, qui peuvent à présent influer sur les modes de gestion du patrimoine naturel du pays.
« Les communautés locales ont été pleinement impliquées dans la gestion et la préservation de leur environnement naturel et savent désormais qu’elles en sont les premiers bénéficiaires », explique Leonidas Nzigiyimpa, responsable des aires protégées à l’Office burundais pour la protection de l’environnement et lauréat du prix National Geographic/Buffett 2018 du « Leadership pour la protection de l’environnement ». « L’avenir du Burundi dépendra de la préservation de ses richesses naturelles. »
Depuis 2013, le projet a concerné plus de 18 700 personnes et permis de gérer durablement plus de 4 000 hectares de terres. Plus de 9 600 ménages, dont la moitié sont dirigés par des femmes, cultivent désormais leurs caféiers à l’ombre d’autres arbres. Ce mode de polyculture offre de multiples bienfaits en termes d’environnement mais il contribue aussi à améliorer la fertilité des sols, diversifier la production agricole et renforcer les revenus et la sécurité alimentaire.
Le projet a également lancé à titre pilote un programme d’agrotourisme communautaire axé sur la caféiculture durable et soutenu l’écotourisme, encore peu développé. La réserve naturelle de Bururi, dans le sud du pays, a recruté des membres de la communauté Batwa vivant à proximité pour protéger les chimpanzés et travailler comme guides touristiques, tout en leur accordant le droit de récolter des aliments et des plantes médicinales dans la forêt. Grâce à l’argent gagné, la communauté a pu épargner suffisamment pour acheter des terres, ce qui constitue un degré d’autonomie financière sans précédent pour les Batwas du Burundi.
« Avant, nous étions des ennemis de la réserve forestière de Bururi. Aujourd’hui, nous sommes ses meilleurs protecteurs », se réjouit Odette Nkurikiye, membre de la communauté Batwa. « Grâce à nos emplois, nous avons même pu acheter des terres. Nous voulons profiter des débouchés que nous offrent ces paysages restaurés pour sortir durablement de la pauvreté. »
Continuer de renforcer la résilience
Le Burundi et la Banque mondiale entendent bien prolonger les réussites de ce projet, qui s’achève en 2018. Le projet de régénération des paysages et de renforcement de la résilience, auquel est alloué un financement de 30 millions de dollars au titre d’IDA-18, permettra d’étendre les efforts de restauration et de soutenir la gestion durable de la réserve forestière de Bururi et des parcs nationaux de Kibira et de Ruvubu. Cette nouvelle opération contribuera à la restauration de 90 000 hectares de terres et bénéficiera à 80 000 ménages avec, à la clé, des gains de productivité des terres de 20 % dans les zones concernées.