Construire une Caraïbes forte et résiliente demande une participation égale des femmes et des hommes. La région caribéenne a fait des progrès notables dans l’égalité des genres au cours de ces dernières années, particulièrement dans l’éducation des femmes et leur participation sur le marché du travail. Cependant, beaucoup d’efforts restent encore à faire pour pousser les frontières, donner les mêmes opportunités.
Rencontrez trois femmes qui brisent le plafond de verre à leur manière, promettant un meilleur avenir pour les Caraïbes.
« Je suis prête à aider à reconstruire Haiti »
Suite à l'ouragan Matthew, Marie Carine François, âgée de 32 ans, a perdu son commerce suite aux inondations qui ont dévasté le Sud d'Haïti, où elle vit avec sa fille de six ans et ses deux frères. Alors qu’elle aidait à enlever les débris dans son quartier, elle a attiré l'attention des autorités locales en mission d'évaluation post-catastrophe, qui l'ont recrutée pour une formation en construction pour aider à reconstruire des infrastructures résilientes après la catastrophe.
« A la fin de ce projet, je peux aller sur n'importe quel chantier et offrir mes compétences pour gagner ma vie », explique Marie. « Je me sens plus épanouie maintenant parce que je suis activement impliquée dans la réparation de ma maison, où un pan de mur a été détruit par l'ouragan. Je suis également fière d'être directement impliquée dans la reconstruction de notre communauté. »
Le chantier dans lequel Marie travaille s'inscrit dans le cadre d'un projet financé par la Banque mondiale pour soutenir la mobilité durable pour tous en Haïti en construisant des routes et des infrastructures résilientes au changement climatique.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, la participation des femmes à la population active a augmenté de 33% entre 1990 et 2014, ce qui contraste nettement avec la tendance mondiale, qui connait une légère baisse. Cette participation ascendante à la population active a contribué à réduire l'extrême pauvreté dans la région. En Haïti, 63% des femmes font partie de la population active, ce qui est supérieur à la moyenne régionale. Toutefois, en moyenne, les femmes gagnent 30% moins que les hommes.
« Nous sommes les histoires que nous nous racontons »
La Jamaïcaine Kenia Mattis a toujours eu une grande passion pour l'entrepreneuriat social et l'éducation. "Nous sommes les histoires que nous nous racontons", dit Kenia. L’entreprise de Kenia construit des plateformes en ligne qui aident les enfants à développer de solides compétences linguistiques, à trouver l'inspiration et à cultiver la créativité. En 2017, Kenya a lancé une société dérivée spécialisée dans les jeux d'apprentissage. "Nous sommes vraiment ravis de rendre l'apprentissage amusant et accessible à tous", déclare Kenia.
L'Amérique latine et les Caraïbes ont le deuxième taux d'entrepreneuriat féminin au monde : 40% des entreprises ont une participation féminine à la tête de l’entreprise. Les taux les plus élevés dans la région se trouvent dans les pays des Caraïbes, y compris St Vincent et les Grenadines, et la Grenade. En Jamaïque, 78% des femmes ont des comptes dans une institution financière formelle, le nombre le plus élevé dans la région. Cependant, les femmes entrepreneurs ont tendance à se concentrer dans les petites et moyennes entreprises, en partie à cause des inégalités de genre dans l’accès aux propriétés foncières et aux capitaux.
L'année dernière, Kenya a participé à un programme d'accélération pour les femmes entrepreneures à travers le programme WINC (Women Innovators Network in the Caribbean) financé par le gouvernement du Canada et mis en œuvre par le programme InfoDev du Groupe de la Banque mondiale. Conçu pour lancer des entreprises dirigées par des femmes dans toute la région, le programme a offert aux entrepreneures locales des possibilités de mentorat, de formation et de réseautage.
94% des filles vont à l'école dans les Caraïbes
Dans une école de l'ouest de Santo Domingo, en République Dominicaine, Mikeilis veut devenir dentiste comme son cousin quand elle sera grande. Poussée par l'histoire de sa mère, qui a dû abandonner l'école secondaire lorsqu'elle est tombée enceinte de Mikeilis, l'élève de 8 ans est déterminée à aller à l'université pour poursuivre son objectif de carrière.
Au cours des 30 dernières années, plus de femmes que d'hommes ont reçu une éducation dans de nombreux pays et la scolarisation des filles dans les Caraïbes s'est régulièrement améliorée pour atteindre 94%. Les filles ont également tendance à surpasser les garçons dans les tests standardisés. Cependant, le taux élevé de grossesse chez les adolescentes et la faible qualité de l'éducation sont devenus la cause principale du décrochage scolaire.
Le gouvernement de la République dominicaine a récemment adopté un Pacte National pour l'Education qui donne la priorité à l'apprentissage et à l'amélioration de la qualité de l'éducation. La Banque mondiale soutient cette réforme en aidant à recruter et à former des enseignants du primaire et du secondaire, à évaluer les services d'apprentissage et de développement de la petite enfance et à décentraliser la gestion des écoles publiques.
Les femmes des Caraïbes comme Marie Carine, Kenia et Mikeilis ont emergé comme une force de changement dans la région. Aucun pays ne peut atteindre ses aspirations tant que tous les citoyens ne sont pas en mesure de réaliser les leurs.