Depuis la semaine dernière, au Burkina Faso, pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, plusieurs dizaines de milliers de ménages respirent mieux : un programme de soutien aux agriculteurs pour l’installation de biodigesteurs domestiques vient d’émettre son premier crédit carbone certifié par l’ONU, confirmant ainsi l’essor du mouvement en faveur d’appareils de cuisson propres en milieu rural.
Plus de 3 milliards d’individus dans le monde cuisinent encore au charbon ou au bois, provoquant ainsi des émanations toxiques responsables de millions de décès prématurés par an. Cuisiner avec du biogaz produit par un digesteur permet de diminuer cette pollution et les émissions de gaz à effets de serre, de combattre la déforestation et d’améliorer le quotidien des agriculteurs. Au Burkina Faso, ces machines ont été installées par des entreprises privées grâce aux financements de l’Initiative carbone pour le développement (Ci-Dev) (a) de la Banque mondiale.
Qu’est-ce qu’un biodigesteur ? C’est une structure hermétique permettant de recueillir le gaz (essentiellement du méthane) produit par des bactéries digérant les matières organiques des animaux des exploitations agricoles (fumier ou déchets alimentaires) dans des conditions anaérobies. Une fois remonté à la surface, le gaz est aspiré pour alimenter les réchauds. Quant aux boues riches en éléments nutritifs qui s’entassent dans le biodigesteur, elles sont utilisées comme engrais.
Améliorer les pratiques agricoles au Burkina Faso
Seydou Diarra n’est pas un agriculteur comme les autres. Il cultive du maïs sur deux hectares de terre et utilise quatre animaux de trait. Mais ce qui le rend différent, c’est le digesteur domestique qu’il utilise pour produire un engrais biologique et du biogaz pour cuisiner et s’éclairer.
Cet investissement dans un biodigesteur est une décision économique sensée : avant de s’équiper, Seydou devait épandre chaque année des engrais chimiques. Aujourd’hui, il produit son propre compost pour fertiliser ses champs de maïs et les rendements ont progressé de 25 %. Il peut même vendre son surplus à des voisins.
D’autant que cette solution offre d’autres avantages : en plus d’améliorer les rendements, ce bio-épandage a renforcé les capacités du sol à retenir l’eau — un atout incomparable en période de sécheresse ou juste après la germination, lorsque les plants sont les plus fragiles. Il suffit de 30 minutes par jour pour récupérer le fumier et le mélanger à l’eau. Et le compostage ne prend guère plus d’une heure par semaine. En outre, le digesteur fournit un combustible qui permet de cuisiner pour toute la famille. L’épouse de Seydou et ses enfants ne sont donc plus intoxiqués par les fumées et ne perdent plus de longues heures à la corvée de bois.