Le Mono constitue une frontière naturelle entre le Bénin et le Togo. Dix fois moins long que le Nil et le Niger, le fleuve joue cependant un rôle clé dans l’économie de ces deux petits pays d’Afrique de l’Ouest, à travers la pêche lagunaire, les cultures irriguées ou la fourniture d’énergie hydroélectrique. Mais quand plusieurs États partagent un bassin fluvial, il y a souvent un risque important de développement unilatéral ou d’une surexploitation de la ressource commune (ladite « tragédie des biens communs »), au détriment de ses effets potentiellement positifs sur l’économie et l’environnement. Les désaccords sur la ressource partagée peuvent déboucher sur des conflits susceptibles d’assombrir encore davantage les perspectives économiques et environnementales.
« L’eau est un sujet sensible. L’Afrique de l’Ouest possède de nombreuses ressources hydriques partagées, qui sont souvent à l’origine de conflits », souligne Mahamane Toure, chargé de programme régional au sein du centre de coordination des ressources en eau de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En 1981, un différend frontalier opposant la Mauritanie et le Sénégal autour du bassin du fleuve Sénégal et des droits de pâturage a entraîné la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et plusieurs milliers de réfugiés fuyant les violences.
Une gestion concertée du bassin versant du fleuve Mono peut aider le Bénin et le Togo à maximiser les gains économiques et environnementaux tout en réduisant les risques de désaccord ou de conflit. Cette coopération peut contribuer à forger un consensus sur l’état du fleuve, offrir un espace pour un développement mutuellement bénéfique et garantir une gestion durable au service des futurs objectifs économiques et environnementaux des deux pays.
Même si les avantages d’une telle coopération sont évidents, sa bonne mise en œuvre peut parfois se heurter à de nombreux obstacles, notamment pour trouver des accords de gouvernance efficaces et convenant aux deux parties ou la pérennité (notamment financière) de l’entité chargée de gérer les ressources.