« Pourquoi est-ce que je pleure quand tu cuisines à l’intérieur ? », demande la fillette à sa mère, Mamta, qui prépare du riz et des lentilles sur leur chula, le fourneau à bois.
La fumée qui s’échappe du bois remplit rapidement la petite pièce de leur maison dans le village de Siraj Nagar, aux alentours de Dhaka, au Bangladesh. La plupart des habitants préparent leurs repas sur des chula et exposent ainsi des familles entières à des émanations nocives.
Comme Mamta, . Le coût pour la santé, l’environnement et l’économie de ce recours continu aux combustibles fossiles est exorbitant, puisqu’il est estimé à 123 milliards de dollars par an. Les femmes et les enfants sont les premières victimes sur le plan de la santé, sachant que c’est également à eux qu’incombe le plus souvent les corvées de ramassage. À eux seuls, les combustibles ligneux non renouvelables émettent pratiquement une gigatonne de CO2 par an, soit entre 1,9 et 2,3 % des émissions de gaz à effets de serre (GES) dans le monde.
La conversion à des moyens de cuisson propres et efficients peut améliorer la santé publique, réduire la pollution de l’air par des substances toxiques, accroître la productivité et protéger l’environnement. Mais la conversion des pratiques des ménages du monde entier est plus complexe qu’il n’y paraît. Il faut certes faire évoluer les comportements et sensibiliser aux bienfaits des appareils de cuisson et des combustibles propres mais il faut également aider les entreprises à répondre à cette nouvelle demande avec des produits bon marché appréciés des clients.
Bien consciente du problème, la Banque mondiale renforce son soutien depuis quelques années. Aujourd’hui, elle gère un portefeuille de 130 millions de dollars dans 13 pays en appui aux appareils de cuisson et de chauffage propres — l’un des plus importants au monde. Avec ses partenaires et à travers son Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP), elle déploie une stratégie en plusieurs volets, conjuguant approches de marché, technologies de cuisson efficientes, prix plus abordables, création de chaînes logistiques et évolution des comportements des consommateurs.
Les programmes mis en place en Chine, en Éthiopie, en Indonésie, au Kenya, en Ouganda ou au Sénégal ont déjà bénéficié à 11 millions de personnes, qui ont désormais accès à des solutions plus propres et efficientes pour cuisiner et se chauffer.
Les effets sur la vie quotidienne des bénéficiaires sont innombrables : en Indonésie par exemple, Tami cuisine désormais principalement avec son Keren Super Stove, qu’elle a pu obtenir grâce à un programme soutenu par la Banque mondiale. Libérée des longues corvées de bois et de cuisine, la jeune femme de 24 ans, mère de deux enfants, peut ainsi passer plus de temps avec sa famille. Quant à Yeni, une autre Indonésienne qui utilisait jusque-là du kérosène, elle s’est équipée d’un réchaud propre et, grâce aux économies réalisées, peut envoyer ses enfants à l’école.