À priori, on ne pense pas vraiment à la disparition des forêts lorsque l’on offre des chocolats pour les fêtes. Et pourtant, le cacao, l’ingrédient essentiel du chocolat et d’autres produits de consommation courante, est l’une des principales causes de déboisement dans les pays producteurs.
Malgré une forte croissance en Asie, en Amérique du Sud et en Amérique centrale, les deux tiers de la production mondiale de cacao proviennent de Côte d’Ivoire et du Ghana. Entre 1988 et 2007, 2,3 millions d’hectares de forêt ont disparu en Afrique de l’Ouest à cause de la culture du cacaoyer, provoquant une dégradation des sols, des pénuries d’eau et des mauvaises récoltes. En Côte d’Ivoire et au Ghana, près de 90 % du cacao est produit par de petits agriculteurs, qui doivent désormais faire face à plusieurs difficultés : une productivité en baisse, des sols qui se dégradent et des cacaoyers vieillissants et infestés par des ravageurs. Ces problèmes affaiblissent leurs moyens de subsistance, mais aussi leur capacité à adopter de nouvelles pratiques agricoles respectueuses de la forêt.
Ce constat alarmant a amené la Côte d’Ivoire et le Ghana, ainsi que 20 entreprises majeures de la filière, à se réunir le mois dernier à Bonn, lors de la Conférence de l’ONU sur le changement climatique, pour lancer un Cadre d’action inédit en faveur d’une production durable de cacao. Deux cadres spécifiques, signés par la Côte d’Ivoire et le Ghana, définissent les modalités d’une collaboration de ces pays avec le secteur privé et d’autres acteurs pour accélérer les investissements destinés à pérenniser la production de cacao. L’enjeu étant de produire « plus de cacao sur moins de terres ».
En collaboration avec la Fondation mondiale du cacao et Climate Focus, la Banque mondiale a publié un nouveau rapport pour aider ces pays et entreprises à mettre en œuvre les Cadres d’action au niveau des producteurs de cacao. Intitulé Forest- and Climate -Smart Cocoa in Côte d'Ivoire and Ghana: Aligning Stakeholders to Support Smallholders in Deforestation-Free Cocoa, ce rapport met en évidence huit mesures prioritaires que les acteurs publics et privés peuvent prendre afin d’orienter les pratiques agricoles vers une gestion plus durable de la production de cacao en Afrique de l’Ouest, et ainsi mettre fin à la déforestation.
« Si l’on veut accélérer la transition vers une production de cacao climato-intelligente en Côte d’Ivoire et au Ghana, il est impératif que les autorités publiques, les entreprises, les populations et les organisations de la société civile partagent une même vision » explique Charlotte Streck, directrice de Climate Focus. « Ce rapport, ajoute-t-elle, vise à indiquer aux autorités publiques, aux partenaires du développement, aux entreprises de la filière et aux investisseurs responsables les priorités pour que les producteurs de cacao pérennisent leurs moyens de subsistance, protègent et remettent en état les forêts, et prennent des mesures d’adaptation face au changement climatique »