Skip to Main Navigation
ARTICLE 25 octobre 2017

En RDC, les témoignages de femmes travaillant dans le secteur minier inspirent un plan d’action national

Image

LES POINTS MARQUANTS

  • Dans les petites mines artisanales de la République démocratique du Congo (RDC), les accidents et les mauvais traitements font partie du quotidien.
  • En revendiquant leurs droits, les femmes du pays veulent changer la donne.
  • La Banque mondiale et le gouvernement de la RDC soutiennent plusieurs initiatives pour réduire le fossé entre les sexes dans le secteur minier.

Marta Tshilumba est résolue à faire évoluer les conditions de vie des femmes de la République démocratique du Congo qui, comme elle, travaillent dans le secteur minier — pilier de l’activité économique de ce pays riche en ressources naturelles — au prix d’un très grand nombre de difficultés.

Aujourd’hui vice-présidente de Kaza Moyo (la « persévérance » en swahili), une association de défense des femmes travaillant dans les mines, Martha s’est lancée dans le militantisme communautaire en 2014, après la mort de deux femmes dans l’effondrement d’une galerie souterraine. Cet accident va la pousser à mobiliser les autres femmes pour réclamer plus de protection et améliorer leurs conditions de travail dans les mines.

Les accidents et les mauvais traitements sont la norme dans le secteur minier en RDC. Les mineurs sont exposés aux dangers et aux maladies lorsqu’ils travaillent dans une mine illégale et non contrôlée et sont obligés d’emprunter des installations de fortune pour s’enfoncer sous terre ou de patauger à longueur de journée dans des alluvions. Pour Martha et les autres membres de l’association, les conditions de l’accident de 2014 sont devenues tout simplement inacceptables : les deux victimes travaillaient en effet dans des tunnels pour des hommes qui empochaient l’essentiel de leur paie et ne leur laissaient que des miettes pour survivre.

En RDC, ce sont les mines artisanales qui soutiennent l’activité économique locale. Plus de 2 millions de personnes travailleraient de manière informelle dans ce secteur, dont au moins 40 % de femmes. Si tous ces mineurs connaissent de multiples difficultés d’ordre professionnel et social, ce sont les hommes qui profitent de manière disproportionnée des retombées économiques de cette activité. Une recherche de la Banque mondiale a montré que les femmes, pourtant chargées des tâches les plus pénibles (charrier de lourds sacs de terre ou broyer les cailloux à la main par exemple), sont les moins bien payées.

En 2010, la Banque mondiale a approuvé un don de 50 millions de dollars en appui au projet Promines, dont l’objectif est d’aider les autorités de la RDC à :

  • renforcer les capacités des institutions clés afin d’assurer une gestion efficace, transparente et durable du secteur minier ;
  • améliorer les conditions d’investissement dans les mines et augmenter ainsi les recettes extractives ;
  • multiplier les retombées socioéconomiques provenant des mines artisanales et à petite échelle du pays.

« L’un des axes centraux de notre intervention en RDC consiste à veiller à ce que les ressources minières du pays soient gérées de manière plus transparente et durable et qu’elles puissent ainsi profiter à l’ensemble de la communauté nationale », souligne Christopher Sheldon, chef de service au pôle mondial d’expertise en Énergie et industries extractives de la Banque mondiale. « Les mineurs artisanaux extrayant près de 90 % des minerais du pays, nous devons impérativement écouter ce qu’ils ont à dire pour obtenir des résultats efficaces sur le plan du développement. »

L’histoire de Martha fait écho aux nombreux témoignages recensés dans le cadre du projet Promines, véritable espace de dialogue, d’innovation et de concertation pour tous les intervenants ayant à cœur la défense des droits des femmes dans le secteur minier de la RDC et la lutte contre les violences à leur encontre. Plus de 300 associations de femmes ont ainsi été interrogées dans tout le pays pour tenter de combler le fossé entre les sexes. Les conclusions de ces concertations serviront de base à l’élaboration d’un plan d’action national destiné à donner à cette main-d’œuvre féminine les moyens d’agir et de gagner son autonomie.

 



Le principe d’un tel plan d’action est né en 2015 à l’issue de la première conférence nationale sur les femmes dans le secteur minier organisée à Bukavu avec le soutien de la Banque mondiale et des autorités congolaises. Plus de 150 personnes, dont une majorité de femmes, s’étaient retrouvées à cette occasion, représentant tous les acteurs du secteur minier (depuis les exploitations artisanales à petite échelle aux sites industriels), mais également des militants de la société civile, des responsables gouvernementaux et des universitaires.

Depuis deux ans, les points de contact institués par la conférence ont lancé une enquête nationale pour documenter l’expérience des associations et des organisations féminines du secteur minier. Cette enquête devrait permettre de mieux comprendre les difficultés que rencontrent les femmes dans ce secteur et de réfléchir au rôle du Réseau national des femmes dans les mines (RENAFEM).

La deuxième conférence nationale se déroulera au 1er au 3 novembre 2017 à Lubumbashi. Ce sera l’occasion de présenter les résultats de l’enquête, de lancer le plan d’action national et de mettre en place la structure du RENAFEM.

Elle marquera également une nouvelle étape importante dans les efforts engagés pour réduire le fossé entre les hommes et les femmes dans le secteur minier de la RDC.


Api
Api