Marta Tshilumba est résolue à faire évoluer les conditions de vie des femmes de la République démocratique du Congo qui, comme elle, travaillent dans le secteur minier — pilier de l’activité économique de ce pays riche en ressources naturelles — au prix d’un très grand nombre de difficultés.
Aujourd’hui vice-présidente de Kaza Moyo (la « persévérance » en swahili), une association de défense des femmes travaillant dans les mines, Martha s’est lancée dans le militantisme communautaire en 2014, après la mort de deux femmes dans l’effondrement d’une galerie souterraine. Cet accident va la pousser à mobiliser les autres femmes pour réclamer plus de protection et améliorer leurs conditions de travail dans les mines.
Les accidents et les mauvais traitements sont la norme dans le secteur minier en RDC. Les mineurs sont exposés aux dangers et aux maladies lorsqu’ils travaillent dans une mine illégale et non contrôlée et sont obligés d’emprunter des installations de fortune pour s’enfoncer sous terre ou de patauger à longueur de journée dans des alluvions. Pour Martha et les autres membres de l’association, les conditions de l’accident de 2014 sont devenues tout simplement inacceptables : les deux victimes travaillaient en effet dans des tunnels pour des hommes qui empochaient l’essentiel de leur paie et ne leur laissaient que des miettes pour survivre.
En RDC, ce sont les mines artisanales qui soutiennent l’activité économique locale. Plus de 2 millions de personnes travailleraient de manière informelle dans ce secteur, dont au moins 40 % de femmes. Si tous ces mineurs connaissent de multiples difficultés d’ordre professionnel et social, ce sont les hommes qui profitent de manière disproportionnée des retombées économiques de cette activité. Une recherche de la Banque mondiale a montré que les femmes, pourtant chargées des tâches les plus pénibles (charrier de lourds sacs de terre ou broyer les cailloux à la main par exemple), sont les moins bien payées.
En 2010, la Banque mondiale a approuvé un don de 50 millions de dollars en appui au projet Promines, dont l’objectif est d’aider les autorités de la RDC à :
- renforcer les capacités des institutions clés afin d’assurer une gestion efficace, transparente et durable du secteur minier ;
- améliorer les conditions d’investissement dans les mines et augmenter ainsi les recettes extractives ;
- multiplier les retombées socioéconomiques provenant des mines artisanales et à petite échelle du pays.
« L’un des axes centraux de notre intervention en RDC consiste à veiller à ce que les ressources minières du pays soient gérées de manière plus transparente et durable et qu’elles puissent ainsi profiter à l’ensemble de la communauté nationale », souligne Christopher Sheldon, chef de service au pôle mondial d’expertise en Énergie et industries extractives de la Banque mondiale. « Les mineurs artisanaux extrayant près de 90 % des minerais du pays, nous devons impérativement écouter ce qu’ils ont à dire pour obtenir des résultats efficaces sur le plan du développement. »
L’histoire de Martha fait écho aux nombreux témoignages recensés dans le cadre du projet Promines, véritable espace de dialogue, d’innovation et de concertation pour tous les intervenants ayant à cœur la défense des droits des femmes dans le secteur minier de la RDC et la lutte contre les violences à leur encontre. Plus de 300 associations de femmes ont ainsi été interrogées dans tout le pays pour tenter de combler le fossé entre les sexes. Les conclusions de ces concertations serviront de base à l’élaboration d’un plan d’action national destiné à donner à cette main-d’œuvre féminine les moyens d’agir et de gagner son autonomie.