L’Afrique possède le réseau d’observation météorologique, hydrologique et climatologique le moins sophistiqué du monde, avec seulement 1/8e de la densité requise et moins de 300 stations répondant aux normes d’observation de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Concrètement, 54 % des stations terrestres d’observation en surface et 71 % des stations aérologiques en Afrique fournissent des données inexactes. L’entretien des infrastructures clés coûte entre 100 et 150 millions de dollars par an tandis que les investissements requis pour moderniser les services hydrométéorologiques sont supérieurs à 1,5 milliard de dollars.
Ces coûts peuvent être allégés. La Banque mondiale estime qu’en investissant dans des services hydrométéorologiques, les pays pourraient économiser chaque année 13 milliards de dollars de pertes d’actifs et 22 milliards de dollars de pertes de bien-être, tout en engrangeant 30 milliards de dollars supplémentaires par an grâce à une hausse de la productivité. Globalement, chaque dollar investi rapporterait au moins trois dollars de bénéfices liés aux services hydrométéorologiques et climatiques. Sans compter qu’en améliorant les capacités des pouvoirs publics en matière de compréhension des phénomènes naturels, de prévision et d’alerte en cas de catastrophe, ces services permettraient de réduire les risques et de sauver des vies.
En plus d’atténuer les pertes, les services hydrométéorologiques favorisent tout simplement la croissance économique, en évitant par exemple à un agriculteur d’épandre des engrais juste avant un épisode pluvieux ou en permettant à un éleveur de déplacer ses troupeaux vers les hauteurs avant une inondation ; en incitant les pêcheurs à renoncer à sortir en mer au péril de leur vie mais aussi à profiter au mieux de conditions idéales. Ou encore, en avertissant suffisamment tôt les transporteurs de l’arrivée d’une violente tempête pour qu’ils reportent l’acheminement de biens ou de personnes.
La Banque mondiale est depuis longtemps convaincue de la nécessité d’une mobilisation régionale pour conforter les services hydrométéorologiques. Sous son impulsion et avec le soutien de partenaires et de gouvernements, le programme « Hydromet en Afrique » a vu le jour pour moderniser les services hydrométéorologiques nationaux et régionaux. Cette initiative conjointe a réuni 600 millions de dollars de financement pour la modernisation et l’acquisition de technologies de prévision qui rendront ces services plus efficaces, faciliteront l’accessibilité des données météorologiques et permettront aux responsables et aux décideurs de mieux protéger leurs concitoyens.
En République démocratique du Congo par exemple, l’optimisation des services hydrométéorologiques aide les communautés à faire face aux aléas naturels, en cas d’éruptions volcaniques ou de graves inondations. Le projet de renforcement des services hydrométéorologiques et climatiques, soutenu par la Banque mondiale, contribue à améliorer la qualité des services assurés par le gouvernement en la matière. Il s’agit de diffuser les prévisions météorologiques en faisant appel à différents canaux médiatiques, d’améliorer les services d’information agricole, de renforcer les dispositifs d’alerte en cas d’événement climatique extrême et d’optimiser les prévisions météorologiques aéronautiques.
Soucieuse de s’appuyer sur ces initiatives réussies, la Banque mondiale s’est rapprochée de la Commission de l’Union africaine, de l’OMM et d’autres partenaires pour organiser le tout premier Forum Hydromet en Afrique de la Conférence AMCOMET, qui se tiendra à Addis-Abeba (Éthiopie) du 12 au 15 septembre prochains, au siège de la Commission de l’Union africaine. Le Forum rassemble des responsables africains soucieux d’améliorer la résilience au changement climatique et aux catastrophes naturelles et d’aider ainsi leur pays à parvenir à un développement durable.
Ce faisant, les responsables africains s’engagent à mieux comprendre les phénomènes hydrométéorologiques et à mettre en place des systèmes de prévision fiables sur tout le continent.