MOGADISCIO, 7 septembre 2017 — Avec le plus long littoral de l’Afrique continentale, un secteur privé florissant, une main-d’œuvre jeune et un patrimoine naturel encore intact, la Somalie dispose indéniablement de puissants atouts économiques. D’autant que les membres de la diaspora reviennent au pays avec les capitaux indispensables pour étayer la croissance et le développement.
Le potentiel est là, mais encore faut-il le concrétiser. Car le développement économique repose notamment sur un développement urbain résilient. Les populations, les institutions, les entreprises et les systèmes urbains doivent pouvoir survivre, s’adapter et se développer en dépit des perturbations chroniques et des chocs brutaux (sécheresses, inondations, insécurité…). Qu’en est-il des villes éthiopiennes ?
Cette question a pris toute son acuité au premier semestre de cette année, lorsque le pays a connu sa pire sécheresse depuis des décennies. Environ 6,7 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont eu besoin d’aide humanitaire et de soutien pour rebondir. Dans le même temps, plus de 680 000 personnes ont été déplacées, obligées pour la plupart de fuir la campagne pour la ville. L’urbanisation, la concurrence autour de ressources rares et la faiblesse des structures de gouvernance ont intensifié la vulnérabilité des citadins pauvres.
Confrontées à ces défis, les autorités somaliennes ont réagi en déployant le Projet de planification d’investissements urbains (SUIPP) (a) avec le soutien de la Banque mondiale. Les collectivités locales ont pris les devants en identifiant un certain nombre d’investissements susceptibles de renforcer la résilience urbaine dans leurs territoires respectifs. Le projet évalue leur faisabilité et, une fois les opérations prioritaires sélectionnées, prépare les avant-projets. Il aide également les municipalités à superviser la phase de construction, en renforçant les capacités de gestion financière et de passation de marchés. Administré par la Banque mondiale par le biais du Fonds multipartenaires (MPF), le projet améliore l’aptitude des dirigeants locaux à concevoir et mettre en place des projets de développement urbain.
Il prépare le terrain pour une opération d’infrastructure à plus grande échelle, également soutenue par la Banque mondiale. Une fois sur les rails, le Projet pour la résilience urbaine fera des autorités locales les fers de lance de l’agenda urbain et, en finançant la réfection des infrastructures de base, créera des emplois.
L’administration régionale du Benadir (BRA), qui gère les capitaux et met en œuvre le projet en cours, a fait de l’agenda urbain sa priorité. Privilégiant la réfection des routes communautaires, elle a réalisé des études de faisabilité, conçu des avant-projets et conduit des études sur les garde-fous sociaux et environnementaux dans le but d’améliorer l’efficacité des transports et le temps de transit dans les 17 districts concernés, qui ont choisi eux-mêmes, à l’issue d’un processus consultatif, les axes à rénover. Ces chantiers vont offrir des emplois à court terme vitaux pour les habitants pauvres et marginalisés de Mogadiscio, dont un grand nombre sont des déplacés.
Développement urbain inclusif
Sous l’effet notamment de l’amélioration des conditions sécuritaires, des perspectives économiques et des déplacements de population, Mogadiscio connaît l’un des rythmes d’urbanisation les plus rapides du monde. Selon la dernière édition du bulletin économique de la Banque mondiale consacré à la Somalie (a), les villes sont à l’origine de 70 % du produit intérieur brut du pays. Le rapport note également que la résilience aux aléas naturels récurrents exige de lourds investissements de long terme pour améliorer les services et les infrastructures en milieu urbain ainsi que les conditions de vie des citadins. Parce qu’il peut renforcer la productivité de l’économie, atténuer la vulnérabilité des populations et améliorer les capacités des autorités locales, le secteur urbain joue un rôle clé dans le développement.
Les projets d’infrastructure ont un impact avéré et concret sur le plan social, humain et économique dans les communautés qui en bénéficient. En améliorant l’accès aux services et aux débouchés économiques, la répartition des ressources et la participation aux décisions de la communauté, ils peuvent également changer la donne pour les hommes et les femmes concernés. Une étude de l’impact socioéconomique des investissements d’infrastructure à plus grande échelle permet de veiller à ce que tous les membres de la communauté bénéficient de retombées équitables.
Omar Hussein, chef du projet au BRA, revient sur la nécessité de privilégier un développement urbain sans exclus : « Nous ne passons à la phase de mise en œuvre qu’à partir du moment où toutes les personnes concernées ont été associées aux décisions. Pour prendre la mesure des besoins de développement urbain à Mogadiscio, nous avons consulté les associations professionnelles, les femmes, les jeunes, les chefs religieux et tous les groupes touchés qui, ensemble, ont choisi les routes à rénover dans leur district. »
La ville, vers laquelle affluent les déplacés, doit également impérativement se préparer aux catastrophes naturelles récurrentes. L’amélioration des infrastructures, notamment d’adduction d’eau, et la réfection des grands axes reliant les districts renforceront les capacités de réaction et de redressement des populations.
Avec le projet SUIPP, le BRA a clairement mis l’accent sur les capacités de planification stratégique, les moyens techniques et opérationnels, les systèmes fiduciaires, les mécanismes de transparence et de responsabilité ainsi que la gestion sociale et environnementale. Grâce aux investissements ainsi balisés, les zones urbaines de Somalie se donnent les moyens de renforcer leur stabilité.
Appropriation par le pays
Depuis que la Banque mondiale a repris ses activités en Somalie en 2013, les autorités du pays mettent en place les projets qu’elle finance. Conscient que l’État doit jouer un rôle clé dans la réduction des risques de catastrophe, le gouvernement fait du développement urbain une priorité stratégique dans l’ensemble du pays. Le fait de passer par les systèmes nationaux renforce par ailleurs les capacités des autorités somaliennes à concevoir, mettre en œuvre et s’approprier des projets de développement urbain.
À travers le Fonds multipartenaires, le Groupe de la Banque mondiale appuie plusieurs initiatives de renforcement de l’État, dont la plupart sont mises en œuvre par le gouvernement fédéral de Somalie et les administrations régionales. C’est le cas notamment du Projet de réforme de la gestion des finances publiques (a), qui introduit une gestion informatisée pour améliorer la transparence des opérations, et de la Facilité de financement spéciale pour le développement local (a), qui soutient, par l’entremise du ministère des Finances, la construction d’infrastructures dans le pays.