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Rwanda : un outil au service d’une gestion durable du territoire

06 juin 2017


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Photo: LMspencer/Shutterstock.com

LES POINTS MARQUANTS
  • Les données qui servaient auparavant à enregistrer les titres de propriété permettent désormais de suivre les changements d’utilisation des sols et de mieux planifier le développement.
  • Les campagnes de cartographie mettent en évidence la disparition de plus de la moitié de la forêt dense et le doublement de l’habitat humain en 20 ans.
  • En 2014 et 2015, environ 70 % des terres du Rwanda étaient vouées aux activités agricoles et sylvicoles.

KIGALI, le 6 juin 2017-Petit par sa géographie, le Rwanda est proportionnellement très peuplé et affiche une forte densité de population, ce qui explique le dilemme auquel il est confronté : avec la rapidité de l’urbanisation et de la croissance démographique, les terres agricoles, qui constituent son atout naturel le plus précieux et le moteur de son économie, sont de plus en plus mises sous pression.

S’il disposait, comme le Costa Rica ou la Colombie, d’un système permettant de d’inventorier les ressources naturelles et de surveiller leur évolution, le Rwanda pourrait mieux planifier son développement grâce à des indicateurs actualisés et une analyse des changements d’utilisations des sols.

Grace Nishimwe participe à la comptabilisation du patrimoine naturel du Rwanda au sein de l’autorité chargée de la gestion et de l’utilisation des terres. Lors de la conférence sur la terre et la pauvreté, organisée par la Banque mondiale en mars dernier à Washington, elle a expliqué comment il avait fallu pour cet exercice rassembler les données collectées par différentes agences gouvernementales avant de pouvoir les utiliser à d’autres fins.


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Photo: Sarine Arslanian/Shutterstock.com

Ce processus transversal permet de disposer de données cohérentes, continues et consolidées, ce qui ne serait pas le cas si elles étaient collectées séparément auprès de différents secteurs ou dans un but ponctuel bien précis.

Depuis lors, les données compilées auparavant par le système d’information de l’administration foncière pour enregistrer les droits de propriété, servent maintenant aussi à suivre les changements d’affectation des sols et à informer les responsables de l’aménagement du territoire. En mettant en lumière le rôle des terres et des autres ressources naturelles dans l’économie nationale, ces données peuvent aider le gouvernement à opérer des choix de développement.

Le recensement du patrimoine naturel du Rwanda donne également de précieux renseignements sur l’évolution des usages, la disponibilité et la productivité des sols ou encore la nature des freins à la croissance agricole. Quant aux informations sur les tendances de l’utilisation des terres, elles permettent de mieux anticiper les retombées pour les ressources en eau ou la culture de plantes vivrières.

Plus d’une cinquantaine de pays dans le monde utilisent désormais les normes de comptabilisation du patrimoine naturel approuvées par l’ONU en 2012, convaincus que ces informations permettent d’appréhender le développement économique de manière plus globale que des indicateurs traditionnels comme le PIB.

La Banque mondiale dirige le Partenariat pour la comptabilisation de la richesse naturelle et la valorisation des services écosystémiques (WAVES) (a), qui aide les pays à collecter des données sur la contribution de leurs ressources naturelles à l’économie, de manière à améliorer leurs politiques de développement durable. Le Rwanda fait partie des neuf pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine à bénéficier du soutien direct du partenariat WAVES. Cette initiative mondiale offre aux pays des données consolidées sur le patrimoine naturel, mais elle renforce également leurs capacités à analyser les tendances de l’utilisation des sols et des autres ressources.

Dans le cas du Rwanda, les premiers constats ont confirmé le recul des forêts et la hausse de l’habitat et des terres cultivées entre 1990 et 2010. Les campagnes de cartographie mettent en évidence la disparition de plus de la moitié de la forêt dense et d’une partie du couvert forestier plus épars sur fond de doublement des zones habitées en 20 ans. En 2014 et 2015, environ 70 % des terres du Rwanda étaient vouées aux activités agricoles et sylvicoles.

Lors de la conférence de Washington, Grace Nishimwe a souligné tout l’intérêt de ces informations pour la politique économique de son pays, extrêmement dépendant de l’agriculture, dans la mesure où l’accessibilité des sols et l’efficacité de leur utilisation peuvent constituer un frein à la croissance agricole. Le climat joue également un rôle important, l’escarpement fréquent du terrain et une tradition d’agriculture pluviale rendant le secteur agricole particulièrement exposé aux aléas de la température et des précipitations.

À terme, le Rwanda sera en mesure d’incorporer ces sources de données et les analyses qui vont avec dans son plan de développement. Le pays pourra dès lors améliorer l’allocation des terres et la coordination, avec, à la clé, des services publics plus efficaces et une productivité accrue.


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