Le nouveau rapport Eliminating Deforestation from the Cocoa Supply Chain (a) détaille une première série de directives destinées à instaurer une production de cacao durable et respectueuse des forêts. L’ouvrage passe au crible les projets actuels et les meilleures pratiques destinés à pérenniser la filière du cacao. Il plaide également pour un basculement vers des modèles de production qui n’occasionnent pas de déboisement.
Si la production mondiale de cacao repose quasi exclusivement sur quelque 5 à 6 millions de petits exploitants, sa transformation, répartie entre une poignée de négociants, d’industriels spécialisés dans le concassage et de chocolatiers, est très concentrée au sein de la chaîne de valeur. Même si la déforestation se produit au niveau des exploitations, ce sont les entreprises, les pouvoirs publics et les ONG prestataires de services qui doivent faire en sorte de modifier les orientations et les pratiques. En effet, les moyens financiers et les capacités techniques limités des cultivateurs ne leur permettent pas de mettre en œuvre ces changements seuls.
Voici les principales conclusions du rapport, présenté par le Fonds biocarbone (a) et le Fonds de partenariat pour le carbone forestier ou FCPF (a) avec le concours de la fondation World Cocoa (a) et la société de conseil Climate Focus (a) :
- Protection des forêts primaires et secondaires naturelles : les entreprises peuvent refuser de s’approvisionner en cacao, là où sa production entraîne le déboisement de forêts naturelles.
- Légalité : L’élimination de pratiques illégales au sein de la chaîne de valeur doit être une priorité pour le producteur comme pour le consommateur.
- Transparence : Les entreprises, les responsables politiques et les groupes de défense d’intérêts doivent savoir qui provoque ces déforestations et où.
- Intégration des politiques dans des stratégies de long terme : Les pouvoirs publics doivent ancrer leurs politiques dans des stratégies de développement à long terme, en s’appuyant sur des cadres juridiques. Dans le privé, les initiatives soutenues par les directions d’entreprises et entrant dans leur processus d’exploitation seront les plus à même de réussir.
- Des opérations d’envergure : Des programmes de grande ampleur favorisent l’instauration de mesures incitatives à l’échelle d’un paysage et les économies d’échelle dans les services d’information et de vulgarisation.
L’expansion agricole est un facteur connu de déforestation. On a beaucoup disserté sur les coupables patentés (huile de palme, bétail et produits du bois), responsables à 40 % de la dégradation du couvert forestier, chaque année. Pourtant, dernièrement, c’est le rôle du cacao, ingrédient essentiel à la production de chocolat dans le monde, qui a été passé au crible, en raison de l’exploitation non viable des sols affectés à cette culture.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Le cacao pousse mieux dans des zones boisées ou anciennement boisées. Pendant de nombreuses années, l’expansion de la production a empiété sur le couvert forestier, au profit de la plantation de cacaoyers qui ont dégradé les forêts. C’est tout particulièrement vrai en Afrique de l’Ouest, où le cacao, reconnu comme l’un des principaux facteurs de déforestation, a conduit à une dégradation importante des sols et mis en péril la sécurité hydrique et les récoltes dans la région. Cette déforestation liée au cacao affecte également des espaces de biodiversité sensibles en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-est.
Plus de 90 % de la production de cacao est assurée par des petits exploitants qui dépendent de cette culture pour leur subsistance. Ces petits producteurs et leur famille doivent prendre part au mouvement de transition vers des méthodes plus durables, mais ils peinent souvent à adopter de meilleures pratiques de production : moindres rendements des cacaoyers âgés, parasites et maladies qui ciblent les plants de cacao, difficulté d’obtenir des intrants agricoles et accès limité au financement pour l’amélioration de leurs cultures.