Le 21 décembre 2016, le Liban s'est débarrassé de 91 tonnes de déchets à haut risque et des appareils qui en renfermaient, car ils présentaient un risque pour l'environnement et pour la santé publique. Ces déchets contenaient des polychlorobiphényles (PCB), un groupe de composés organiques utilisés comme lubrifiants dans la fabrication des plastiques, mais aussi comme fluides dans les transformateurs de puissance ou pour la protection du bois.
Ces composés chimiques sont classés parmi les substances cancérigènes : il a été démontré qu'ils provoquaient des cancers chez les êtres humains et les animaux. C’est la raison pour laquelle la production de PCB a été interdite dans le monde entier. Les PCB sont toutefois encore utilisés comme fluides diélectriques, en particulier dans les transformateurs anciens.
« La pollution induite par ces transformateurs a un fort impact », a déclaré Mohammed el-Machnouk, l’ancien ministre libanais de l'Environnement lors d'un déplacement en novembre à la centrale de Zouk pour marquer la première étape d’un projet d’élimination des PCB. « En supprimant ces transformateurs et ces condensateurs, et en les envoyant en France où ils seront éliminés en toute sécurité, nous nous conformons aux normes et directives internationales. »
L’élimination sans risque des PCB requiert une technologie hautement spécialisée, qui n'est pas disponible au Liban et qui nécessiterait des investissements trop lourds pour ce pays. On a par conséquent estimé que la meilleure solution consistait à exporter les déchets contenant des PCB. Cette opération est coûteuse, mais le Liban bénéficie de l’aide du Fonds pour l'environnement mondial (FEM ou Global Environment Facility).
Un financement pour éliminer les polluants organiques persistants
Le FEM propose un financement aux pays qui mettent en œuvre la Convention de Stockholm, un traité mondial destiné à protéger la santé et l’environnement contre les substances chimiques dont les effets sont de longue durée et géographiquement très étendus, et qui s’accumulent dans les tissus adipeux des êtres humains et des espèces sauvages. La Convention de Stockholm, adoptée en 2001 et entrée en vigueur en 2004, exige des pays qui en sont Parties de prendre des mesures pour éliminer ou limiter le rejet de polluants organiques persistants dans l'environnement.
Les PCB appartiennent à cette classe de polluants et doivent être détruits de toute urgence en raison de leur potentiel de mobilité et du danger qu’ils présentent. Depuis mai 2015, le ministère libanais de l’Environnement met en œuvre un projet de gestion des PCB dans le secteur de l’électricité, avec l’appui du FEM et du Groupe de la Banque mondiale, et en partenariat avec Électricité du Liban (EDL).
Le directeur général d'EDL, Kamal el-Hayek, indique que l’exportation en France d’environ 91 tonnes de transformateurs, de condensateurs et d’huiles minérales contaminés par des PCB constitue une première pour le Liban.
Une cellule de gestion du projet a été constituée à cet effet au sein du ministère de l’Environnement. Elle a confié à une entreprise spécialisée la première étape de l’élimination des appareils obsolètes contaminés. Sous la supervision de cette cellule, cette entreprise a collecté, en moins d’un mois, des équipements sur neuf sites d’EDL : la centrale de Jieh, la centrale de Zouk, le poste et site de stockage de Bauchrieh, ainsi que les postes de Hazmieh, de Jamhour, d’Adma, de Ras Beirut, de Deir Nbouh et de Gaz.
L’étroite coopération entre cette entreprise, le ministère de l’Environnement et EDL a été décisive. Les déchets et les appareils contaminés collectés ont été expédiés en France le 21 décembre, où ils seront éliminés en toute sécurité dans une usine de traitement spécialisée. Les déchets contenant des PCB font l’objet d’un suivi pendant leur transport et, une fois qu’ils ont été détruits, la preuve de leur destruction est communiquée.
Inventaire national des appareils contenant des PCB, y compris dans les camps de réfugiés palestiniens
L’élimination de ces 91 tonnes de PCB à haut risque constitue une avancée importante, mais on ne sait pas combien il reste encore d’appareils contenant des PCB au Liban. L’étape suivante est un inventaire national, qui permettra de vérifier un par un tous les transformateurs et condensateurs, de recenser tous les PCB et d’étiqueter les appareils.
Cet inventaire doit impérativement être complet, sinon il faudra tout recommencer à zéro dans quelques années. Ce projet est réalisé en collaboration avec l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui vient en aide à environ cinq millions de réfugiés palestiniens enregistrés dans cette région, afin de repérer les transformateurs contenant des PCB situés à l’intérieur des camps de réfugiés. Le personnel qui travaille dans ces camps sera formé à l’utilisation des outils permettant de vérifier tous les transformateurs.
Avec un inventaire complet, les contaminations croisées pourront être évitées et le Liban sera à même d’élaborer un plan à plus long terme pour l’élimination des PCB dans le respect de l'environnement. En fonction des résultats de l’inventaire, la seconde phase de l’élimination des PCB sera menée vers la fin du projet.