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Faire passer le tourisme de 2,6 % à 10 % du PIB en dix ans : le nouveau pari du Bénin

27 avril 2017


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LES POINTS MARQUANTS
  • Avec seulement 197 millions de dollars en 2014, les recettes générées par le tourisme ne sont pas à la hauteur du potentiel du Bénin.
  • La Banque mondiale apporte un financement de 50 millions de dollars pour relancer le secteur dans la ville historique de Ouidah.
  • Le Projet de compétitivité et de tourisme transfrontalier (PCTT) entend surtout capter le marché touristique de la classe moyenne du Nigéria riche de plus de 200 millions de consommateurs.

COTONOU, le 24 avril 2017─ « Le Bénin ne vend pas du tout sa destination. Personne ne nous aide et accompagne notre développement. La filière manque de formation, il n’existe aucune politique de financement du secteur  », déplore Christiane Tossou, directrice générale de Cristal Tour, et membre du Conseil d’administration du projet gouvernemental « La Route des Pêches ».

Albin Fèliho, n’en pense pas moins. Pour ce directeur général d’une agence d’événementiel et président du Fonds de garantie du groupement d’agences de voyages de l’Afrique de l’Ouest et du Centre : « Nous sommes confrontés à des défis importants pour valoriser notre patrimoine touristique, rendre les sites plus accessibles, rénover et étendre nos infrastructures actuelles. Nos doléances sont les mêmes depuis plus de 20 ans ». Le réquisitoire des professionnels sur l’état du tourisme béninois est sévère. Et Dine Bouraïma, président du Consortium Tourisme, le confirme en pointant les nombreuses tracasseries et le peu de réformes qui empêchent de révéler tout le potentiel du secteur.

Avec 197 millions de dollars de recettes en 2014, le tourisme constitue pourtant la plus importante source de recettes en devises étrangères du Bénin, après le coton. Le tourisme génère 2,6% du PIB et fournit 5,6% de la totalité des emplois. Ces chiffres sont toutefois trop faibles pour ce pays, berceau du Vaudou et doté d’un patrimoine culturel exceptionnel.

Conscientes de ces lacunes et des richesses dont dispose le Bénin, les nouvelles autorités du pays ont placé le secteur du tourisme parmi leurs priorités. Ainsi, une bonne partie des 46 projets phares du Programme d’actions du gouvernement (PAG), est destinée à promouvoir le Bénin comme destination touristique. Ces projets devraient représenter un investissement de 685 milliards de francs CFA et créer plus de 150 000 emplois.

Le Projet de compétitivité et de tourisme transfrontalier (PCTT) est le premier grand chantier. Lancé en février 2017, ce programme, financé par la Banque mondiale à hauteur de 50 millions de dollars (environ 30 milliard de francs CFA), entend avant tout développer les capacités touristiques de la ville de Ouidah, en améliorant sa stratégie touristique, l’offre d’infrastructures et produits touristiques, et en soutenant l’expansion des micro, petites et moyennes entreprises opérant dans ce secteur.

« Le PCTT est le fruit d’un processus participatif et inclusif qui s’aligne pleinement sur les objectifs du Programme d’actions du gouvernement et cadre avec le double objectif de réduire la pauvreté et de mieux partager les richesses. Il permettra d’attirer davantage de touristes, d’investissements privés dans le secteur et de réinjecter les bénéfices induits dans d’autres secteurs tels que l’agrobusiness, l’artisanat et les autres services de l’industrie touristique », précise Katrina Sharkey, représentante résidente de la Banque mondiale au Bénin. « Ouidah est une ville créole de passage, très cosmopolite et qui reflète bien la culture béninoise. Ce projet nous donne l’opportunité de la promouvoir », commente José Pliya, directeur général de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et du développement du tourisme (ANPT). Mais au-delà de la revalorisation du patrimoine historique et touristique de Ouidah, ces investissements transformeront l’économie toute entière de la région.

« Le tourisme est un secteur très sensible pour le gouvernement, dont la transformation, la compétitivité et l’attractivité sont les objectifs prioritaires et les baromètres de l’efficacité de notre action », explique Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du Plan et du développement. Ces investissements seront accompagnés d’autres mesures, comme l’exemption de visa pour toute une catégorie de voyageurs provenant d’Afrique, et l’amélioration des services douaniers et de sécurité afin de réduire les coûts de transactions pour les touristes. 

Le projet espère capter le marché touristique de la classe moyenne nigériane. « Le potentiel de croissance offert par le tourisme nigérian vers d’autres pays est important : la classe moyenne au Nigéria représente environ 50 millions d’habitants. Nous voulons surtout jouer sur notre proximité avec la ville de Lagos », explique José Pliya. Un positionnement qui ne laisse pas le secteur privé indifférent. « Il y a une niche d’opportunités en provenance du Nigéria. Nous devons parvenir à collaborer avec les professionnels du tourisme au Nigéria. Les contacts existent, il faut que l’État les implique davantage », souligne  Francine Chantal Aïssi Houangni, présidente de la Commission Tourisme et hôtellerie du Conseil national du Patronat du Bénin. Pour Dine Bouraïma, la région de Lagos abrite plus de 4 millions de personnes avec un pouvoir d’achat supérieur à 5000 dollars : « Si nous levons les goulets d’étranglements, il n’y aucune raison de ne pouvoir pas attirer cette manne vers notre pays ».

En 2014, le Bénin a accueilli 194 113 visiteurs internationaux. Ses trois principaux marchés étrangers sont le Nigéria (12,2%), la France (7,5%) et le Togo (6,2%) pour des recettes estimées à 2,6 % du PIB. L’ambition du gouvernement est de porter la part du tourisme à 10% du PIB dans les cinq prochaines années. 


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