WASHINGTON, 28 novembre 2016 – Le Mali, et plus exactement le sud du pays, figure parmi les principaux producteurs de mangues d’Afrique de l’Ouest. En 2015, la production malienne de mangues a atteint 600 000 tonnes et permis de récolter 30 millions de dollars de recettes d’exportations. Mais si le Mali est l’un des pays du monde où les exportations de mangues progressent au rythme le plus rapide, 6 % seulement de sa production est actuellement destinée à l’export.
En 2015, le CEDIAM a acheté 11 000 tonnes de mangues aux producteurs maliens et produit 5 000 tonnes de purée et de jus concentré. Or, compte tenu de ses capacités, la première entreprise de transformation de fruits et légumes du Mali aurait pu atteindre une production de 25 000 tonnes. Un manque à gagner imputable à des problèmes d’approvisionnement.
« Les entreprises de transformation de fruits du Mali fonctionnent bien en deçà de leur potentiel en raison d’un accès insuffisant à une matière première de qualité, de l’état des infrastructures routières, du manque d’installations de stockage et plus généralement des lacunes qui parcourent l’ensemble de la filière de la mangue », explique Paul Noumba Um, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali.
« Avec une meilleure offre de formation et des liaisons adéquates avec les autres maillons de la chaîne de valeur, les agriculteurs pourraient améliorer leur production en quantité et en qualité, tandis que des transformateurs comme le CEDIAM pourraient traiter plusieurs milliers de tonnes de mangues supplémentaires, ce qui contribuerait à accroître la compétitivité de la filière et du pays sur la scène internationale. »
Mieux soutenir les agriculteurs
Le 22 novembre dernier, le Groupe de la Banque mondiale a approuvé un crédit de 30 millions de dollars en faveur du Mali et destiné précisément à appuyer la compétitivité agro-industrielle.
Ce projet vise à développer la transformation des produits de l’agriculture dans la région de Sikasso-Bamako-Koulikoro. Le bassin de Sissako concentre environ 90 % des producteurs de mangues du Mali et représente la première zone de production de ce fruit dans le pays. Il accuse aussi le taux de pauvreté le plus élevé, avec une population qui pratique majoritairement une agriculture de subsistance.
Le nouveau projet a pour objectif de relier plus de 5 000 petits producteurs de mangues à des entreprises agroalimentaires, des négociants et des exportateurs, afin de leur permettre d’accroître les recettes tirées de leurs récoltes. Il les aidera à nouer des contrats avec les différents acteurs de la filière, avec la perspective à terme d’accroître les profits et de créer plus de possibilités d’emploi.
Moctar Fofana préside l’Interprofession de la filière mangue (IFM), une association qui regroupe l’ensemble des entreprises du Mali œuvrant dans ce secteur. Il salue l’approbation de ce nouveau projet : « Nous nous réjouissons de l’appui soutenu du Groupe de la Banque mondiale en faveur de la filière mangue, en particulier en ce qui concerne la promotion de la transformation et des exportations. S’il y a bien un potentiel de croissance des revenus pour tous les acteurs concernés (pépiniéristes, agriculteurs, intermédiaires, transformateurs et exportateurs), nous ne pourrons le concrétiser qu’en assurant une bonne coordination au sein même de la filière et en entretenant un dialogue constructif avec les pouvoirs publics. »
Le projet financera par ailleurs l’amélioration de 300 kilomètres de routes rurales. Le transport des mangues souffre en effet du mauvais état du réseau routier : temps de trajet trop longs, camions de livraison endommagés et, au final, fruits talés qui ne sont plus commercialisables.