Washington, 10 novembre 2016 – Longtemps considérée comme une alternative lointaine, l’énergie solaire change la donne dans les pays en développement, de plus en plus nombreux à se tourner vers cette source d’énergie propre et renouvelable dans le but d’améliorer l’accès à l’électricité et de respecter leurs objectifs d’atténuation du changement climatique.
L’année 2015 illustre clairement cette évolution : pour la première fois, les sources d’énergie renouvelable ont supplanté le charbon en termes de puissance cumulée installée dans le monde. En effet, 153 gigawatts (GW) supplémentaires ont été produits — un record absolu — grâce aux énergies renouvelables, l’énergie solaire photovoltaïque (mini-réseaux et panneaux solaires de toiture) assurant pratiquement un tiers de ces capacités ajoutées (49 GW), selon l’Agence internationale de l’énergie.
Autrement dit, l’an dernier, près de 500 000 panneaux solaires (a) ont été installés chaque jour dans le monde. Et ce chiffre est voué à grossir : de fait, les capacités électriques mondiales produites à partir d’énergies renouvelables devraient augmenter de 42 % (soit 825 GW) d’ici 2021 et le solaire y contribuera largement.
Le Maroc, où se réunissent cette semaine pour la COP22 experts du climat et décideurs du monde entier, incarne parfaitement cette dynamique. En début d’année, le roi Mohammed VI a inauguré la première unité du plus gros complexe solaire à concentration jamais construit dans le monde, grâce au soutien de la Banque mondiale, des Fonds d’investissement climatiques (CIF) (a) et d’autres partenaires. Quand elle sera totalement opérationnelle, cette centrale produira suffisamment d’énergie pour alimenter plus d’un million de ménages marocains.
Ce pays d’Afrique du Nord n’est pas le seul à opérer la transition solaire, qui permet aux pays en développement de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles comme le charbon et le pétrole et de renforcer la part des ressources renouvelables dans leur bouquet énergétique.
L’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le changement climatique explique en partie la volonté des responsables politiques de prendre ce virage aujourd’hui.
Prenons le cas de l’Alliance solaire internationale (a) par exemple : en juin, le Groupe de la Banque mondiale a signé un accord (a) avec cette coalition de 121 pays qui, sous l’égide de l’Inde, se sont engagés à collaborer pour développer l’énergie solaire dans le monde et mobiliser mille milliards de dollars d’investissements dans ces technologies à l’horizon 2030.
Consciente du potentiel du solaire en Inde, la Banque mondiale a également engagé 1 milliard de dollars dans des initiatives planifiées pour fournir une électricité propre, durable et respectueuse de l’environnement à des millions de foyers indiens. L’opération couvre un programme, approuvé en juin, d’installation de panneaux solaires sur les toits dans tout le pays, valorisé à 625 millions de dollars (a) et qui bénéfice d’un prêt de cofinancement des CIF de 125 millions de dollars.
Au Bangladesh, voisin de l’Inde, 18 millions d’habitants ont désormais accès à l’électricité grâce aux systèmes solaires domestiques installés dans le cadre d’un projet de la Banque mondiale. Dans certaines îles isolées du pays, comme Monpura[MPS1] , où l’on ne peut envisager l’extension du réseau conventionnel, des mini-réseaux indépendants alimentent des communautés entières et des entreprises, à l’instar de l’atelier de soudure d’Abdulrahim Hawlader. Lui qui dépendait auparavant d’un groupe électrogène au diesel raconte comment l’énergie solaire a transformé son activité et augmenté ses gains : « Il n’y a plus qu’à tourner l’interrupteur et (la machine) démarre. Comme l’énergie nous revient moins cher, nos profits augmentent. »
En Bolivie, les familles vivant dans des zones isolées non raccordées au réseau optent pour des systèmes solaires domestiques afin de couvrir leurs besoins.
Grâce aux différents programmes du Groupe de la Banque mondiale pour éclairer le monde, l’Afrique, l’Asie et le Pacifique (Lighting Global, Lighting Africa, Lighting Asia and Lighting Pacific), à travers des produits et services hors réseau, plus de 26 millions d’individus ont désormais accès à une offre énergétique moderne.
Lorsque les investisseurs privés hésitent à s’aventurer dans certains pays, du fait des risques perçus, le programme Scaling Solar du Groupe de la Banque mondiale facilite l’organisation d’appels d’offres et met à disposition des documents standardisés, des garanties financières et des financements pré-approuvés afin de rassurer ces opérateurs et de rendre ces marchés plus attractifs.
Un récent appel d’offres organisé en Zambie par ce programme a permis d’obtenir un prix de 0,06 dollar le kilowattheure solaire, ce qui n’avait encore jamais été fait dans le monde ni, pour l’instant, en Afrique. Ce faisant, des milliers de Zambiens dont les besoins sont criants pourront accéder à l’électricité.
Les applications possibles de la technologie solaire semblent illimitées : récemment, un avion solaire (a) est entré dans l’histoire en accomplissant un tour du monde sans carburant, uniquement alimenté par des cellules photovoltaïques. À Cochin, en Inde, un aéroport (a) est devenu la première infrastructure de ce type à fonctionner à l’énergie solaire. Il a été depuis rejoint par un aéroport sud-africain. Partout dans le monde, des entreprises inventent (a) de nouveaux concepts séduisants de panneaux de toiture, de fenêtres et même de panneaux flottants capables d’exploiter l’énergie solaire.
La convergence de dynamiques commerciales favorables, la technologie n’ayant jamais été aussi bon marché, contribue à cette vogue du solaire chez les investisseurs privés comme au sein des gouvernements du monde entier. Le prix des panneaux solaires photovoltaïques a chuté de pratiquement 60 % (a) depuis 2010 ramenant, selon l’IRENA, le kilowattheure à un prix situé entre 0,06 et 0,08 dollar. Dans les dix prochaines années, son coût devrait à nouveau baisser de 60 %.
Avec le nouveau Plan d’action climatique du Groupe de la Banque mondiale, ce sont 25 milliards de dollars de financements privés qui seront mobilisés en faveur des énergies propres dans les pays en développement au cours des cinq prochaines années, sachant que 30 GW supplémentaires d’énergies renouvelables seront apportés à travers, soit des investissements directs étrangers, soit des investissements dans les infrastructures d’ici 2020.
Des projets sont à l’étude dans de nombreux pays où le soutien du Groupe de la Banque mondiale privilégie l’accès à un panachage judicieux de moyens financiers et techniques et de services de conseil pour les aider à tenir leurs objectifs en matière d’énergie solaire et à démanteler les obstacles existants — depuis la pénurie d’infrastructures adaptées de transport et de distribution jusqu’aux dépenses initiales d’immobilisation très élevées en passant par l’absence de solutions de stockage rentables et efficaces et l’indigence du cadre réglementaire (faute notamment de politiques et de réglementations propices).
Or, sans mobilisation des investisseurs privés dans le secteur, la généralisation de l’énergie solaire sera impossible. Aussi le Groupe de la Banque mondiale s’efforce-t-il de susciter un intérêt accru de ces acteurs pour des marchés dans lesquels, sinon, ils rechigneraient à s’aventurer. Pour cela, il déploie toute une panoplie de garanties et d’instruments financiers, ainsi que des services d’assistance sur le plan technique, politique et réglementaire, qui sont autant de conditions indispensables pour accroître la confiance et susciter durablement des investissements dans l’énergie solaire.