BANGUI, le 21 octobre 2016 – Après une guerre civile sans précédent, le processus de reconstruction en République centrafricaine prendra du temps, du courage et de la persévérance et nécessitera une forte volonté politique. L’heure est toutefois à l’optimisme, les dernières élections présidentielles ayant débouché sur un processus de paix fragile après trois années de violences et de troubles.
Aujourd’hui, pour la première fois, les Centrafricains ont pu élire démocratiquement leur président et leurs députés. Une mission importante de maintien de la paix a déployé 12 000 soldats sur tout le territoire afin de protéger la population contre les milices armées. Malgré une pauvreté persistante et une situation économique et sociale précaire, l’État est parvenu à améliorer ses finances publiques après une grave crise. Au niveau régional, les premiers signes d’un regain de confiance sont perceptibles avec le rétablissement des vols internationaux vers le Kenya et la réouverture de l’axe routier vers Douala au Cameroun.
Les Centrafricains, leurs dirigeants et les partenaires au développement doivent saisir cette opportunité pour améliorer la vie de la population meurtrie par trois années d’affrontements.
Comme l’a dit récemment le président de la RCA, Faustin Archange Touadéra, le pays revient de loin. « Au cours des trois dernières années, il a traversé une crise profonde. Il y a eu des crimes odieux, des violences, le tissu économique est complétement délabré et la cohésion sociale mise à mal. Les fondamentaux de l’État ne sont plus en place et c’est donc une situation qu’il faut redresser. Et il y a aussi des groupes armés qui sont encore en possession d’armes. Notre défi est avant tout de rétablir la paix, l’unité nationale et la cohésion sociale », a-t-il confié dans un entretien lors de sa visite à Washington D.C. « Nous voulons montrer notre engagement, notre détermination, aidés par des réformes courageuses, à sortir de cette situation ; notre plus grand soutien, aujourd’hui, c’est la volonté du peuple centrafricain de tourner la page. »
L’aide de la communauté internationale a permis de stabiliser la situation, de rétablir la sécurité et de fournir des services humanitaires essentiels. Cela a également réduit le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays, même si l’on en recense encore 900 000 à ce jour. La Centrafrique n’en demeure pas moins un pays fragile et il faudra s’attendre à des périodes de rechute comme l’ont démontré les récents déchaînements de violence de ces deux derniers mois à Bangui et plus récemment à Kaga Bandoro, à 300 km à l’est de la capitale.