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Le Bangladesh : un vivier d’espoirs, d’ambitions et d’innovations pour mettre fin à la pauvreté

14 octobre 2016


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Les habitants du village de Kashadaha visitent l'école Kashadaha Ananda, au Bangladesh.

© Dominic Chavez/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • En deux décennies, 20 millions de Bangladais sont sortis de la pauvreté.
  • Le nombre de femmes qui travaillent a doublé et le taux de fécondité s’est effondré.
  • Le pays bénéficie de l’essor de son industrie textile, qui se classe aujourd’hui à la deuxième place mondiale, juste derrière la Chine.

Comment parviendra-t-on à mettre fin à la pauvreté ? Peut-être faudrait-il regarder du côté du Bangladesh pour trouver des réponses à cette question.

Hier considéré comme l’un des pays les plus pauvres du monde, le Bangladesh s’est hissé dans la catégorie des nations à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. La pauvreté y a considérablement reculé en une génération et l’innovation a joué un rôle de premier plan dans l’essor du pays.

Les signes de progrès sont visibles partout : des usines modernes aux systèmes d’irrigation alimentés par l’énergie solaire, en passant par l’espoir et l’ambition qui poussent les habitants des régions les plus déshéritées du pays à migrer vers Dacca pour travailler dans le secteur de l’habillement.


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Cliquer ici pour voir un diaporama en anglais.


« On peut vaincre la pauvreté à condition d’agir sur de multiples fronts et d’en avoir la volonté. La volonté d’éliminer la pauvreté, c’est le plus important. Et nous avions cette volonté.  »

Abul Maal Abdul Muhith

Ministre bangladais des Finances, Bangladesh

Le nombre de femmes qui travaillent a doublé, tandis que le taux de fécondité a chuté, passant en moyenne de 6,2 enfants par femme en 1990 à 2,2 enfants aujourd’hui. En 2015, on dénombrait environ 40 % de décès en couches de moins qu’en 2001, et le nombre d’enfants qui meurent avant l’âge de cinq ans s’est réduit des deux tiers entre 1990 et 2013.

Le pays bénéficie de l’essor du secteur de la confection, qui se classe aujourd’hui à la deuxième place mondiale, juste derrière la Chine. Le Bangladesh est parvenu à ce résultat alors même que sa densité de population et la surabondance de ses ressources en eau limitaient la superficie des terres disponibles pour l’industrie.

Quelles ont été les clés de ces réussites ?

Selon le ministre bangladais des Finances, Abul Maal Abdul Muhith, « on peut vaincre la pauvreté à condition d’agir sur de multiples fronts et d’en avoir la volonté. La volonté d’éliminer la pauvreté, c’est le plus important. Et nous avions cette volonté. »

Il y a près d’un demi-siècle, de telles avancées ne semblaient pas possibles. La guerre d’indépendance, qui s’est achevée en 1971, avait fait 3 millions de morts, détruit les deux tiers de l’économie et appauvri 70 % de la population du nouveau pays.

« Nous étions alors au bord du gouffre », se souvient Hossain Zillur Rahman, fondateur du think tank Power and Participation Research Centre (a), à Dhaka.

Mais l’aspiration à l’indépendance nous a permis de « changer d’état d’esprit et de devenir plus ambitieux », ajoute-t-il.

« À l’époque, au Bangladesh, les charrues étaient tirées par des bœufs. Aujourd’hui, on trouve des tracteurs même dans les villages les plus isolés. Les paysans analphabètes ont adopté la technologie parce qu’ils avaient de l’ambition. Ils sont nés pauvres, mais ils ont décidé que leurs enfants ne le seraient pas », explique Hossain Zillur Rahman.

D’après Abul Maal Abdul Muhith, c’est cet état d’esprit qui a contribué aux progrès accomplis par le pays. Et de souligner en particulier un certain sens de l’égalité sociale qui a favorisé l’émancipation des femmes.

Le ministre des Finances ajoute que les programmes d’éducation, de santé et de protection sociale ont, eux aussi, contribué au recul de la pauvreté dans son pays.

« Nous devons assurer l’accès de tous à l’éducation. Aujourd’hui, le taux de scolarisation est d’environ 99 % dans le primaire. Il n’est pas encore aussi élevé dans le secondaire, mais il dépasse tout de même les 60 %, contre 29 % auparavant. »

Le Bangladesh a aussi su faire preuve de pragmatisme en se fixant des objectifs intermédiaires et en procédant étape par étape. « Nous avons conduit toutes nos innovations en les ancrant dans les besoins de la population et en les axant sur le souci du service rendu », précise Abul Maal Abdul Muhith.

La construction de routes pour désenclaver les villages a été un autre grand facteur du développement du Bangladesh. Hossain Zillur Rahman décrit cette infrastructure comme l’un des « catalyseurs de la transformation » du pays : elle a en effet permis aux Bangladais de se déplacer et, pour certains, d’émigrer et d’envoyer de l’argent à leur famille. En 2015, ces envois de fonds ont représenté quelque 7,7 % du PIB du pays.

« L’isolement est un problème aussi grave que la pauvreté. Si nous n’y avions pas remédié, les filles ne pourraient toujours pas aller à l’école, et les femmes se rendre au marché pour y vendre leurs produits », indique Hossain Zillur Rahman.

Le Bangladesh a également amélioré sa résilience aux catastrophes naturelles. Ainsi, au cours des 40 dernières années, la construction d’abris et la mise en place de systèmes d’alerte avancée ont considérablement réduit le nombre de victimes des cyclones.

À ce jour, le Groupe de la Banque mondiale a consacré près de 24 milliards de dollars à des initiatives de lutte contre la pauvreté au Bangladesh, afin d’accompagner la croissance et le développement du pays. Par ailleurs, la Banque a soutenu des programmes essentiels, axés sur la santé, l’éducation, la réduction des risques de catastrophes, l’agriculture et la résilience climatique.

« Le Bangladesh a déployé des efforts remarquables pour faire reculer la pauvreté, qu’il s’agisse du recours à des transferts monétaires conditionnels pour encourager la scolarisation des filles, de la promotion des microcrédits, de l’adoption d’une politique de planification familiale efficace ou encore de la mise en place de mesures qui permettent aux femmes de travailler et, ainsi, de contribuer à la croissance de leur pays », a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.

Les problèmes restent cependant nombreux. Le Bangladesh doit en particulier maîtriser son urbanisation rapide, réduire le retard de croissance chez les enfants et raccorder tous les foyers à l’électricité.

Cependant, le ministre des Finances est convaincu que le Bangladesh pourra mettre fin à la pauvreté d’ici à 2030.

« Je suis certain que notre pays en aura fini avec la pauvreté en 2024 », affirme-t-il en souriant.


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