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Moderniser, ouvrir et innover : Les enjeux des nouvelles technologies en Haïti

27 septembre 2016


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Plus de la moitié de la population a accès à un téléphone portable

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LES POINTS MARQUANTS
  • Plus de la moitié de la population a accès à un téléphone portable
  • Un million d’Haïtiens disposent d’un compte pour réaliser des paiements avec leur téléphone

Dans les rues de Port-au-Prince, à côté des commerces, un peu partout, il est facile de repérer les nombreux vendeurs de crédit téléphonique, avec leur gilet rouge ou bleu en fonction de la compagnie. « Pap Padap » !« La Pou la »! C’est ainsi que les interpellent les passants ou les chauffeurs depuis leurs véhicules. La téléphonie mobile est partout en Haïti  et les compagnies de télécommunications sont parmi les plus gros pourvoyeurs de revenus au gouvernement : 95% de la population a accès au réseau mobile, plus de la moitié de la population possède un téléphone portable et un peu plus d'un million  a un smartphone.

Un nouveau « Diagnostic sur les technologies de la communication et de l’information en Haïti », publié par la Banque mondiale montre cependant que la population ne tire pas de véritable profit de cette connectivité : les prix des abonnements sont élevés, jusqu’à 34% du revenu brut par habitant pour un abonnement haut débit. La concurrence est faible et les applications pour faciliter les transactions financières quotidiennes ne sont pas nombreuses.

Une régulation plus moderne pour un marché porteur

Selon Jean Marie Altéma, le directeur général de l’autorité de régulation du secteur des télécommunications, le Conseil National des Télécommunications (CONATEL), « le renforcement du cadre légal » est l’un des plus grands défis des Technologies de l’Information et la Communication (TICs)  ainsi que « le développement d’infrastructures et l’accès aux services ». « Le rapport est un excellent travail qui doit servir de guide au Conatel afin de développer un plan d’action pouvant aborder ces questions », affirme-t-il.

Moderniser la législation, notamment en termes de fréquences et d’infrastructure,  permettrait d’ouvrir la voie à un troisième opérateur de téléphonie mobile, il n’y en a que deux actuellement,  ce qui aurait  un impact potentiellement considérable sur les couts et la qualité des services pour les consommateurs.

En ce qui concerne la cybercriminalité, Haïti est l’un des rares pays de la caraïbe à ne pas être doté de cadre légal alors que les cyberattaques ont nettement augmenté au cours des dernières années : elles visent notamment des comptes de messagerie du gouvernement, les réseaux sociaux, l’identité et les informations sur les utilisateurs de transactions par téléphonie mobile et les paiements électroniques.



Le paiement mobile, ça marche et on peut faire beaucoup mieux

Les paiements mobiles et les banques de réseau en Haïti ont décollé après le tremblement de terre de 2010, sous l’impulsion d’acteurs internationaux, pour transférer des fonds destinés aux efforts de reconstruction. Aujourd’hui pourtant sur un million d’inscrits auprès de quatre fournisseurs de services, seuls 100 à 200 000 font des transactions régulières.

Ce mode de paiement faciliterait l’accès financier, en particulier dans les zones rurales où les banques sont rares. Ne pas se rendre à la banque ou ne pas transporter de liquide augmenterait la sécurité des utilisateurs et la rapidité des transactions. Encourager les utilisateurs est possible en augmentant : les agents disponibles à travers le pays, les plafonds, trop bas pour permettre le transfert de la plupart des salaires, et le nombre d’entreprises et de commerces acceptant ce type de paiement.

Aller plus loin : utiliser les Big Data, créer les compétences, innover 

L’importance de la collecte de données et leur traitement est primordial en Haïti ou les statistiques pour informer les politiques publiques sont rares. Dans cette perspective, Haïti est un des rares pays au monde à avoir utilisé la technologie de pointe LIDAR, avec l’appui de la Banque mondiale, pour réaliser des prises de vues numériques à 25 cm sur l’ensemble du territoire et à 10cm sur les 14 villes principales du pays : ces Big Data seront bientôt mises à la disposition du grand public et du secteur privé.  Les applications sont très nombreuses en termes de cadastre, gestion des risques, aménagement urbain, gestion des ressources agricoles, recensement de la population et environnement.

Au niveau des entrepreneurs, quelques innovations : l'Ecole Supérieure d'Infotronique d'Haïti (ESIH) lance en novembre une licence informatique en ligne sur une tablette avec un accès internet inclus dans le forfait, divisant ainsi par trois le coût de l’année universitaire. D’autres entrepreneurs cherchent à exploiter les TICs pour créer de la valeur ajoutée, mais il n’existe pas assez de professionnels spécialisés.

L’importance de former les étudiants à la recherche est fondamentale selon le directeur d’ESIH, Patrick Attié : «  L’innovation est le résultat de gens bien préparés » déclare-t-il, « et Haïti n’échappe pas à la règle ».

Le rapport sur les TICs sera présenté lors du salon de l’économie numérique en Haïti le 28 septembre 2016

www.economienumerique2016.ht. Cet évènement est organisé par la CONATEL  pour mieux saisir les opportunités offertes par les technologies de l'information et faciliter l’avènement d’initiatives pour renforcer l'écosystème numérique. Suivre la discussion sur @conatelHT #SEN2016


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