Dans les rues de Port-au-Prince, à côté des commerces, un peu partout, il est facile de repérer les nombreux vendeurs de crédit téléphonique, avec leur gilet rouge ou bleu en fonction de la compagnie. « Pap Padap » !« La Pou la »! C’est ainsi que les interpellent les passants ou les chauffeurs depuis leurs véhicules. La téléphonie mobile est partout en Haïti et les compagnies de télécommunications sont parmi les plus gros pourvoyeurs de revenus au gouvernement : 95% de la population a accès au réseau mobile, plus de la moitié de la population possède un téléphone portable et un peu plus d'un million a un smartphone.
Un nouveau « Diagnostic sur les technologies de la communication et de l’information en Haïti », publié par la Banque mondiale montre cependant que la population ne tire pas de véritable profit de cette connectivité : les prix des abonnements sont élevés, jusqu’à 34% du revenu brut par habitant pour un abonnement haut débit. La concurrence est faible et les applications pour faciliter les transactions financières quotidiennes ne sont pas nombreuses.
Une régulation plus moderne pour un marché porteur
Selon Jean Marie Altéma, le directeur général de l’autorité de régulation du secteur des télécommunications, le Conseil National des Télécommunications (CONATEL), « le renforcement du cadre légal » est l’un des plus grands défis des Technologies de l’Information et la Communication (TICs) ainsi que « le développement d’infrastructures et l’accès aux services ». « Le rapport est un excellent travail qui doit servir de guide au Conatel afin de développer un plan d’action pouvant aborder ces questions », affirme-t-il.
Moderniser la législation, notamment en termes de fréquences et d’infrastructure, permettrait d’ouvrir la voie à un troisième opérateur de téléphonie mobile, il n’y en a que deux actuellement, ce qui aurait un impact potentiellement considérable sur les couts et la qualité des services pour les consommateurs.
En ce qui concerne la cybercriminalité, Haïti est l’un des rares pays de la caraïbe à ne pas être doté de cadre légal alors que les cyberattaques ont nettement augmenté au cours des dernières années : elles visent notamment des comptes de messagerie du gouvernement, les réseaux sociaux, l’identité et les informations sur les utilisateurs de transactions par téléphonie mobile et les paiements électroniques.