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ARTICLE

Plaidoyer pour une utilisation plus efficace de l’eau

18 août 2016


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Vue du Pamir oriental, au Tadjikistan. Les volumes annuels de ressources renouvelables d’eau douce disponibles par habitant devraient tomber à 1 700 m3 d’ici 2030 — atteignant ainsi le niveau de stress hydrique défini par la communauté internationale. 

Damon Lynch/shutterstock

LES POINTS MARQUANTS
  • Pratiquement 1,6 milliard d’individus vivent dans des pays en proie à des pénuries d’eau — un chiffre qui pourrait doubler d’ici 20 ans.
  • Les possibilités d’exploiter de nouvelles sources d’eau se réduisant, il faut prôner une utilisation plus efficace de cette ressource faute de quoi, la demande future ne pourra pas être satisfaite.
  • La Banque mondiale travaille avec plusieurs pays dans le monde pour sécuriser les ressources hydriques à travers des mesures d’efficacité et, notamment, une optimisation des pratiques agricoles.

On estime à 1,6 milliard le nombre d’individus dans le monde actuellement confrontés à des pénuries d’eau — un chiffre qui pourrait doubler d’ici 20 ans.

Avec la croissance économique et la pression démographique, la demande d’eau ne cesse d’augmenter. En plus d’être indispensable pour la vie humaine, l’eau est un facteur de production essentiel, de sorte que toute diminution des réserves peut ralentir l’activité économique. Selon une analyse récente du Pôle mondial d’expertise en eau de la Banque mondiale, intitulé “High and Dry: Climate Change, Water and the Economy”, certaines régions pourraient perdre jusqu’à 6 % de leur PIB d’ici 2050, plusieurs secteurs étant pénalisés par des pertes liées au manque d’eau.

Le changement climatique devrait également aggraver l’ampleur des pénuries d’eau, surtout dans les régions qui sont déjà en déficit hydrique.

Le manque d’eau est l’un des thèmes prioritaires du Groupe de haut niveau sur l’eau (HLPW), dont les membres ont été nommés par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. Ce Groupe a pour mandat de prôner l’adoption de mesures concrètes visant à accélérer la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 6 (ODD 6), censé garantir la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous.


Le gouvernement du Tadjikistan, dont le président est l’un des dix chefs d’État et de gouvernement siégeant dans ce panel, a accueilli un colloque de haut niveau sur la question (High Level Symposium on SDG 6 and Targets: Ensuring that No One is Left Behind in Access to Water and Sanitation), organisé à Douchanbé du 9 au 11 août dernier. Pour les représentants de la petite centaine de pays qui avaient fait le déplacement, ce colloque a permis de discuter, entre experts et praticiens, de l’impact de la raréfaction des ressources en eau dans le monde sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Pôle mondial d’expertise en eau de la Banque mondiale a animé à cette occasion une session thématique consacrée à une utilisation plus efficace de l’eau, mettant ainsi à disposition son expérience internationale de ces questions à la recherche de solutions locales, nationales et régionales. Les discussions ont porté sur les défis à relever et les options permettant de mettre concrètement en œuvre la cible 6.4 de l’objectif de développement durable qui vise à « augmenter considérablement l’utilisation rationnelle des ressources en eau dans tous les secteurs et garantir la viabilité des retraits et de l’approvisionnement en eau douce afin de tenir compte de la pénurie d’eau et de réduire nettement le nombre de personnes qui souffrent du manque d’eau ». Les débats ont mis en lumière l’évolution des pénuries d’eau dans le monde et les risques pour la croissance économique, identifiant également les défis particuliers pour les pays où, comme en Bolivie, la répartition géographique des ressources hydriques est inégale par rapport à la population. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’une détermination politique sans failles et d’un engagement durable aux plus hauts niveaux afin de faire évoluer des comportements qui, à long terme, amélioreront l’efficacité et la pérennité de l’utilisation de l’eau.

Plusieurs options sont envisageables pour parer ces risques de pénurie : développer l’alimentation en eau utilisable, y compris à travers la désalinisation, le stockage et la récupération ; améliorer les allocations sur la base de critères économiques, sociaux et environnementaux ; et optimiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau et la productivité des ressources, où les marges de progrès sont très importantes.

Les possibilités d’exploiter de nouvelles sources d’eau se réduisant, il faut prôner une utilisation plus efficace de cette ressource faute de quoi, la demande future ne pourra pas être satisfaite. À travers des mécanismes comme la tarification, les quotas et les marchés de l’eau, les politiques peuvent inciter les usagers à opter pour des technologies plus efficaces.

Avec de nombreux pays dans le monde, la Banque mondiale s’attèle aux défis liés à l’évolution de l’approvisionnement et de la demande d’eau. La session thématique a été l’occasion de discuter de cette expérience.

Dans les années 1990, avec la constitution d’associations des usagers de l’eau (WUA), l’institution a permis au Mexique d’améliorer, grâce à une réforme par phases, l’efficacité de l’utilisation de l’eau et l’autonomie financière des agriculteurs. En transférant progressivement les dispositifs d’irrigation et les responsabilités à ces associations, le secteur mexicain s’est transformé, entraînant une hausse de la productivité agricole sur fond de modernisation constante. Moins de dix ans après l’implantation de la première phase de ces réformes, plus de 80 % des associations d’usagers faisaient état d’améliorations dans l’approvisionnement en eau. La Banque mondiale a aussi soutenu le programme de transfert de la gestion de l’irrigation aux Philippines, qui a contribué à doper les rendements agricoles jusqu’à 6 % et à résorber les lacunes techniques. À Ho-Chi-Minh-Ville, au Viet Nam, elle a travaillé avec les autorités pour améliorer le réseau d’adduction d’eau et la qualité du service, ce qui a permis d’étendre considérablement la couverture et de réduire de plus de 30 % l’eau non facturée ainsi que la consommation énergétique globale, les émissions de gaz à effets de serre et la pollution chimique.

La session thématique a également abordé le cas des onze pays riverains du bassin du Nil qui, avec le soutien de l’Initiative du bassin du Nil, ont mené à bien ensemble une évaluation de l’évolution de leur utilisation de l’eau et identifié les interventions à engager pour éviter que la demande ne finisse par excéder les ressources disponibles. Selon des estimations, le déficit pourrait atteindre plus de la moitié des ressources disponibles d’ici 2050.

Forts de leurs interventions réussies, les experts de la Banque mondiale envisagent, en concertation avec d’autres partenaires au développement, de reproduire ces expériences ailleurs dans le monde, y compris en Asie centrale, où les ressources hydriques sont soumises à des pressions de plus en plus fortes.

L’évolution démographique, le changement climatique et le développement économique contribuent à accroître le stress dans cette région. Alors que la disponibilité annuelle en eau par habitant ressort à 2 500 m3 aujourd’hui, ce niveau devrait chuter à 1 700 m3 d’ici 2030 — un volume correspondant aux critères internationaux de stress hydrique.

La dérivation des eaux pour irriguer les immenses étendues agricoles de la région est à l’origine de graves problèmes écologiques et sanitaires dans le bassin de la mer d’Aral. Les méthodes d’irrigation comme le pompage sont largement inefficaces, souvent sous la barre des 30 %, et mettent à rude épreuve les économies locales.

L’irrigation par pompage coûtant cher, l’État est obligé de subventionner les ruraux pour soutenir leurs moyens de subsistance, ce qui obère les budgets nationaux et souligne la nécessité de trouver des solutions pour optimiser l’efficacité de l’irrigation et la productivité de l’eau dans toute la région.

Le programme de développement énergie-eau pour l’Asie centrale (CAEWDP), administré par la Banque mondiale, entend remédier à ces problèmes en s’appuyant sur une coopération renforcée dans la région dans le but de promouvoir la sécurité énergétique et hydrique. Ce programme a largement contribué à l’organisation du colloque de haut niveau sur l’ODD 6 et ses cibles et de la session thématique du Pôle mondial d’expertise en eau consacrée au renforcement de l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau.



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