ANTANANARIVO, 26 mai 2016 – Réduire la fracture numérique à Madagascar et apporter aux populations vivant en milieu rural les bénéfices des nouvelles technologies. Tel était l’objectif du Projet d’infrastructure et de communication (PICOM), exécuté de novembre 2007 à décembre 2015, par le Gouvernement de la République de Madagascar. Ce projet a bénéficié du soutien de l‘Association Internationale de Développement (IDA) à travers un crédit de 13,95 millions USD. Le projet est intervenu dans trois grandes zones couvrant neuf régions, et dans lesquelles vivent près de deux millions de personnes, pour la plupart en milieu rural et dans des lieux difficiles d’accès. « Dans ces régions, ce projet a permis de développer l’accès de la population à des services qui ont transformé leur vie quotidienne, et donc de réduire la fracture numérique entre les différentes régions de Madagascar, mais également entre la population urbaine et rurale, et entre les couches défavorisées et les autres » explique Coralie Gevers, Country manager de la Banque mondiale à Madagascar. « Ce projet a donc contribué à démocratiser la téléphonie mobile et internet à Madagascar, avec des impacts indiscutables sur l’économie ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans les régions concernées, la pénétration des services TIC a augmenté de façon considérable : le taux de pénétration du service internet est ainsi passé d’une valeur négligeable au moment de l'approbation du projet en 2007 à 13,4% à la fin du projet en 2015, triplant l’objectif ciblé. Dans le même temps, le volume du trafic international a atteint 32 Gbit /s à la fin du projet, dépassant de près de 50% l’objectif visé. Cette croissance a inclus les populations éloignées de plus de 660 localités rurales, qui bénéficient aujourd’hui de cet accès aux TIC.
Concrètement, la population vivant dans les zones d’activités du PICOM peut aujourd’hui bénéficier au quotidien des nombreux avantages et facilités que procurent les TIC, qui paraissent banals pour la majorité des citadins (y compris dans les pays en voie de développement), mais peuvent s’avérer essentiels dans certaines zones isolées. Au-delà des chiffres statistiques, la population vivant dans les zones d’activités du PICOM peut constater au quotidien les impacts bénéfiques de ce projet. Les parents apprécient le fait de pouvoir entrer en contact avec les membres de leur famille qui vivent aux quatre coins du pays, y compris la possibilité de leur envoyer de l’argent en utilisant leur téléphone mobile.
Au-delà des impacts sociaux de l’expansion des services de téléphonie mobile, du paiement mobile et d’internet, le projet PICOM a aussi favorisé l’activité économique dans ces régions souvent difficiles d’accès, en fluidifiant les échanges commerciaux, en améliorant l’accès à l’information, et en créant de nouvelles opportunités. Par exemple, de petites entreprises ont vu le jour dans les villages pour proposer des services de chargement de téléphone portable, en utilisant l’énergie solaire. Plusieurs agriculteurs de ces régions ont saisi l’opportunité offerte par internet pour se mettre en rapport avec des clients potentiels éloignés. Parmi eux, une agricultrice de Farafangana utilise cet outil pour écouler sa production, que ce soit à Madagascar ou à l’étranger.
Au total, 68 pylônes de télécommunications ont été installés, grâce à une collaboration efficace entre les opérateurs du privé et le secteur public, dans le cadre d’un partenariat public-privé ambitieux. Sans ce partenariat et le partage des coûts de déploiement et de maintenance de ces pylônes, les zones concernées, affectées par une très grande pauvreté et une densité de population faible, n’auraient pas pu être couvertes. « Le succès du projet a lui-même été permis par la collaboration tripartite exceptionnelle entre le Ministre des Postes, des Télécommunications et du Développement numérique à Madagascar, les entreprises du secteur des télécommunications et la Banque mondiale. Cela a véritablement donné corps à la qualité du partenariat public-privé sur lequel s’est fondé ce projet » souligne Isabel Neto, Sr. Operations Officer de la Banque mondiale. Enfin, la forte implication de la population a favorisé l’appropriation des nouvelles infrastructures, gage de leur pérennisation, depuis la sélection des terrains jusqu’aux travaux de construction et d’installation des infrastructures.