Le Groupe de la Banque mondiale a élaboré une nouvelle stratégie visant à s’attaquer, d’une part, aux conséquences dévastatrices des conflits dans la région MENA (acronyme anglais utilisé pour désigner la région Moyen-Orient et Afrique du Nord) et, d’autre part, à leurs causes profondes. Au lieu d’attendre la fin des combats, il s’agit, parallèlement aux actions humanitaires de grande envergure, de renforcer la capacité des personnes et des communautés à surmonter le choc des conflits et des désordres, et de poser les fondements de la paix et de la stabilité. Cela suppose d’unir les forces en formant de larges alliances car les objectifs de la nouvelle stratégie et les ressources nécessaires pour les atteindre dépassent de loin la capacité d’une seule organisation.
Le Groupe de la Banque mondiale s’est ainsi associé aux Nations Unies et au Groupe de la Banque islamique de développement afin de bâtir une alliance mondiale capable d’agir en soutien à la région MENA en ce moment critique. Ensemble, ces trois organisations ont imaginé la « Nouvelle initiative de financement en faveur de la région MENA », qui propose une solution inédite en mobilisant la communauté internationale en vue d’apporter d’urgence l’aide au développement dont ont besoin les pays de la région MENA touchés par la crise des réfugiés syriens, les conflits et l’instabilité économique.
Plus précisément, la finalité de cette initiative est de :
- octroyer à la Jordanie et au Liban des financements concessionnels destinés à aider les réfugiés et les communautés d’accueil grâce à une combinaison de dons de bailleurs de fonds et de prêts de banques multilatérales de développement ;
- amplifier les moyens disponibles pour financer la reconstruction et la reprise économique dans l’ensemble de la région MENA en utilisant comme levier des garanties des pays donateurs, les financements supplémentaires dégagés venant s’ajouter aux portefeuilles de prêt actuels des banques multilatérales de développement.
Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le président du Groupe de la Banque islamique de développement, Mohammed Ali Al-Madani, se sont rendus ensemble au Liban, témoignant ainsi de l’attention qu’ils portent à la région. Jim Yong Kim et Ban Ki-moon poursuivront ensemble leur déplacement en Jordanie et en Tunisie. Cette visite sera l’occasion pour les trois dirigeants de s’entretenir avec des hauts responsables gouvernementaux, des réfugiés et des communautés d’accueil, ainsi qu’avec des jeunes et des représentants de la société civile et du secteur privé. Ils pourront ainsi entendre différents points de vue s’exprimer sur les difficultés auxquelles la région est confrontée, et faire part de la détermination de la communauté internationale à prendre des mesures fortes pour les surmonter et construire un avenir meilleur.
Les trois dirigeants auront pour mission importante de rallier la communauté internationale à une initiative envisagée comme un moyen d’accroître les ressources disponibles pour aider la région en cette période cruciale. Il s’agit d’une plateforme unique rassemblant les pays donateurs, les États bénéficiaires de la région MENA, les banques multilatérales de développement et les Nations Unies afin de mieux coordonner leurs activités d’aide humanitaire et d’aide au développement et d’apporter une réponse globale aux redoutables défis auxquels la région fait face.
L’une des manifestations les plus aiguës de ces défis est la crise des réfugiés syriens qui a des répercussions colossales dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et des effets qui se ressentent dans le monde entier. Même si des millions de réfugiés syriens ont fui vers l’Europe, c’est dans les pays frontaliers de la Syrie que la crise est la plus concentrée. À eux seuls, le Liban et la Jordanie abritent 2 à 3 millions de réfugiés syriens ; or, étant classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ils n’ont pas accès aux financements concessionnels réservés aux pays les plus pauvres. Le coût de la crise des réfugiés est pourtant estimé à 2,7 milliards de dollars par an pour la Jordanie, et à 1,6 milliard de dollars pour le Liban. De même, le poids de la dette s’est considérablement alourdi dans les deux pays, avec un ratio dette/PIB qui atteint aujourd’hui 91 % en Jordanie et 138 % au Liban.
Lors de la conférence sur l’aide à la Syrie et à la région qui a eu lieu récemment à Londres, Jim Yong Kim a souligné la responsabilité collective qui incombe à la communauté internationale d’aider la Jordanie et le Liban : « Ces deux pays ont rendu un immense service au monde en accueillant généreusement les Syriens, malgré le grand sacrifice que cela a représenté pour leurs populations et leurs économies ».
Durant cette conférence, le président du Groupe de la Banque mondiale a annoncé avoir pour objectif de collecter auprès des bailleurs de fonds un milliard de dollars de dons qui serviront de levier pour accorder à la Jordanie et au Liban entre trois et quatre milliards de dollars de prêts assortis de conditions préférentielles. Les fonds iront à différents types de projets mais ils seront surtout ciblés sur les communautés en première ligne dans la crise des réfugiés en Jordanie et au Liban. Dans cette optique, la Nouvelle initiative de financement en faveur de la région MENA s’emploiera à appuyer des projets innovants et porteurs de changement, permettant d’étendre les services publics accessibles aussi bien aux communautés d’accueil qu’aux réfugiés, de développer le secteur privé, de créer des emplois, et plus généralement d’apporter l’aide indispensable à moyen et long terme pour renforcer la résilience de la Jordanie et du Liban.
Pour des pays comme la Tunisie, aux prises avec une croissance atone, l’initiative amènera des financements supplémentaires à l’appui de programmes clés de redressement économique. Il est impératif de faire décoller la croissance et de donner des opportunités aux nombreux jeunes sans emploi si l’on veut assurer la stabilité en Tunisie et dans d’autres pays de la région. L’initiative a également pour vocation de lever les fonds nécessaires pour reconstruire les pays de la région dévastés par les conflits et favoriser la paix et la stabilité sur le long terme.
Le mois prochain, le président du Groupe de la Banque mondiale, le secrétaire général des Nations Unies et le président la Banque islamique de développement réuniront les ministres du G7, du Conseil de coopération du Golfe et d’autres pays européens, ainsi que les dirigeants de diverses organisations internationales et régionales, au siège du Groupe de la Banque mondiale pour une conférence internationale sur la Nouvelle initiative de financement en faveur de la région MENA. Les États pourront y annoncer le montant des contributions financières constitutives qui permettront de lancer l’initiative et prendre ensemble les mesures fermes indispensables pour faire renaître l’espoir dans toute la région MENA.